XI : Impossible Dialogue (Ezio)

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Près de deux semaines avaient passé depuis cette fameuse nuit. Ezio avait beaucoup récupéré pendant ce temps, et il pouvait maintenant se lever et marcher un peu pour reprendre des forces.
Il essayait en vain de croiser la jeune fille, mais, à chaque fois, elle disparaissait lorsqu'il entrait dans une pièce ou montait aux façades lorsqu'il sortait, faisant semblant de ne pas l'avoir vu.

Cela désolait un peu l'homme mais il n'avait pas le choix, il fallait qu'il rejoigne sa Confrérie le plus vite possible, pour réorganiser les siens devant la montée en puissance des Borgia. Il ne pouvait s'attarder plus.

Un jour, s'éveillant en fin d'après-midi, il s'habilla prestement et sortit de sa chambre, espérant surprendre l'insaisissable jeune fille. Il jeta d'abord un coup d'œil dans la rue avant de demander à Loris où elle était, celui lui répondant : dans l'écurie, à l'arrière-cour.

Pénétrant dans l'arrière-cour, Ezio aperçut immédiatement Adria, de dos, occupée à panser un cheval bai - qui pendant ce temps-là broutait tranquillement l'herbe - ses longs cheveux châtains épandus dans son dos en une cascade.

Il s'approcha silencieusement d'elle, s'arrêtant à une distance respectable. Il se racla la gorge, signalant ainsi sa présence pour éviter de surprendre la jeune fille, qui arrêta d'ailleurs son geste sans se retourner.

"C'est très aimable à toi de t'occuper de ma jument, commença-t-il. Je ne pensait pas la revoir un jour depuis qu'elle s'était enfuie ..."

Adria, un peu surprise, se baissa, recommençant à panser le cheval et surtout ses pattes. Elle en profita surtout pour mettre à jour sa cheville droite, supportant son poignard. C'était en quelque sorte un signe de menace claire : l'homme n'avait pas intérêt à approcher ou alors elle serait prête à se défendre.

"Je ne suis pas armé, répondit- il calmement à cette provocation ouverte. J'ai laissé mes armes dans ma chambre, et, de toute façon, je ne ferais pas le poids contre toi."

"Si vous ne faites pas le poids contre moi, alors expliquez moi comment vous avez réussi à massacrer une vingtaine de soldat Borgia armé jusqu'aux dents et, qui plus est, organisés et entraînés à combattre !"

Ezio ne perdit pas son sang-froid contre cette pique glaçante. En effet, il avait réussi à se démettre de plusieurs patrouilles de soldats, mais à ce moment-là, il était en pleine forme, en possession de toutes ses capacités et surtout armé et protégé.

"Là n'est pas la question, plaida-t-il, mais ..."

"Alors comment ? le coupa-t-elle sèchement en se retournant, ses yeux verts d'eau transperçant ceux d'Ezio. Comment avez vous pu décimer autant de soldats Borgia, non que je les porte dans mon coeur d'ailleurs, mais peu importe. Je vous le demande, les yeux dans les yeux, comment et pourquoi les avez-vous tué ? Et surtout, pourquoi voulait-il vous tuer sans procès, comme pour cacher votre mort alors que les criminels sont habituellement pendus en place publique ?"

Ezio recula devant la violence de cette réplique et l'attitude menaçante de la jeune fille. D'elle émanait une espèce d'aura menaçante, défiant quiconque de s'approcher. Pour autant, il ne se démonta pas.

"Eh bien, répondit- il calmement. J'ai moi-même été entraîné au maniement des armes, comme tu as pu le constater. En effet, je fais partie d'un espèce de ... groupe si je puis dire ... qui ... entraine les jeunes gens aux armes. Mais c'est un peu compliqué à expliquer, et pas très important accessoirement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous n'aimons pas les Borgia‚ nous non plus."

Sa réponse fut suivie d'un blanc, pendant lequel la jeune fille finit de panser la jument avant de la ramener dans son box. Ezio la suivit des yeux, étonné de la maturité qui suintait du moindre de ses gestes. Même son visage trahissait un sérieux qui ne collait pas avec son âge. À peine dix-neuf ans ...

Elle semblait beaucoup plus détendue à présent, la tension semblait s'être quelque peu dissipée. Alors, l'homme tenta :

"Pourquoi être aussi agressive avec moi ? Et être autant distante alors que je ne te veux aucun mal ?"

La jeune fille soupira, réajusta le gant en cuir qu'elle portait à sa main gauche, qui devait sûrement camoufler sa blessure, et répondit finalement :

"C'est dans ma nature, je suis solitaire depuis très jeune. J'ai appris à mes dépends à ne faire confiance à personne. Je n'aime pas être dépendante de quelqu'un. Tout comme je n'apprécie pas que des hommes tuent sans prétexte apparent. C'est un peu mon credo de vie."

À la dernière phrase, Ezio tiqua. Ses yeux s'allumèrent momentanément d'une étrange lueur avant qu'il ne se reprenne. Les paroles de la jeune fille l'avaient touché, tout autant que sa sincérité apparente.

"Je comprends, lui répondit- il sincèrement. Et tu as raison de faire attention à toi ..."

Sur ces mots, elle quitta l'arrière-cour, visiblement nerveuse, se réfugiant il ne savait trop où. Il quitta lui aussi le jardin, caressant sa jument au passage.

Dans la maison, il croisa Loris qui, vérifiant sa blessure, lui précisa qu'il pourrait bientôt quitter le cabinet. Cela tombait bien, de toute façon il n'avait pas l'intention de s'attarder trop ici, il avait déjà passé trop de temps dans cette maison, il était temps qu'il rejoigne les siens.

Ezio le remercia chaleureusement, et s'enquit sommairement de l'avancement de leur mission, avant de se retirer.

Mais avant de partir définitivement, il lui restait une chose à faire.

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant