1ère partie réécriture

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Un soir d'été, dans un petit village tapis dans l'ombre des arbres rassemblés en une épaisse forêt, toutes les maisons se ressemble et se rassemblent autour de la grande place et ses bâtiments, parmi lesquels une petite école dont les enfants sortent et courent vers leurs parents qui les accueillent à bras ouvert.

Seule, une enfant très jeune vient de sortir du bâtiment. Depuis toute petite, cet enfant rêve de devenir un héraut, le héraut qui les sortirait de la misère où ils se trouvent, mais pour l'instant, elle doit se contenter d'être commune et sans aucune originalité particulière si ce n'est sa réputation d'« enfant sale » soit dit pauvre et sans l'éducation de propreté dont les parents devaient se charger. Aussi, on l'appelait donc l'Orpheline.

Étant un village très pauvre, tout le monde s'est rapprochés, se basant sur le simple système d'échange direct de produit comme la famille Pain, la famille Lait etc... et de nouvelles valeurs ensevelis depuis bien trop longtemps ont ressurgit et tout le monde semble mieux vivre sans la continuelle angoisse de savoir si ils vont manger le lendemain car le Chef a vite fait de débarrasser tout signe de richesse tel que les pièces d'or qu'ils utilisaient comme échange auparavant ou les bijoux, que les villageois doivent garder en tant succession familiale.

Le soleil est bas et un de ses rayons illumine son visage de milles couleurs et lui donne de l'espoir pour son rêve. Le cœur gonflé à bloc, elle traverse le petit village en courant, l'Orpheline en connait tous les recoins. Elle avance tout droit puis tourne à gauche et débouche dans une allée qui passe entre deux maisons avant de tourner encore une fois.

Ensuite, elle s'avance vers une petite maison reculée, de pierre et de bois recouverte de lierre qu'elle ne sait pas comment enlever. Enfin si, elle sait, mais elle ne peut le faire seule, et c'est tout ce qu'elle est. Elle n'a personne et ce lierre sur la façade de sa maison le lui rappelle sans cesse, ainsi que ces enfants à la sortie de l'école. Elle peut être amie avec eux, cependant ils ne l'intéressent pas et elle préfère rester seule plutôt que devoir les supporter.

Ses parents ? Ce qu'il lui reste d'eux, c'est cette maison, ce chat blanc et la relique de la famille, une vieille épée poussiéreuse accrochée au-dessus de la cheminée. Elle appui son épaule contre la porte et pousse la poignée vers le bas pour la décoincer. Elle a toujours du mal à l'ouvrir à cause de sa lourdeur, et elle soupçonne qu'elle n'est pas faite qu'en bois, même si il lui est incapable de vérifier.

Debout devant la cheminée, les poils du tapis de fourrure lui glissant entre les orteils, elle défait le cordon de cuir qui relie le fourreau à la garde de l'épée et force pour les séparés l'un à l'autre. Ce faisant, elle a l'impression de briser quelque chose de très intime entre la lame et le fourreau qui l'héberge et elle s'en veut un peu d'avoir interrompu cette intimité. La lame se découvre alors peu à peu comme la parcelle d'un corps animé à qui on enlèverait un vêtement et la lame est mise à nue dans un suintement d'acier qui la fait frissonner. L'Orpheline la trouve alors magnifique et se dit que ses parents peuvent bien disparaitre pour toujours afin qu'elle garde cet héritage époustouflant.

Le pommeau ainsi que la garde sont enchâssé de deux pierres, noire à la base et blanche à la garde, et le manche semble représenter des racines qui s'espacent, traduisant une évolution des profondeurs de la terre jusqu'à la lumière du ciel, où les lianes qui s'entrecroisent, s'évasent pour former deux branches protectrices sur les côtés. La lame d'acier pure et d'un aspect blanchâtre vient s'enfoncer dans cette nature et pointe au-devant comme pour menacer quiconque s'approcherait, mêlant la défense et la protection à l'attaque froide et transcendante. Le métal est froid, glacial même sous ses doigts frêles.

***

Elle est réveillée cette nuit-là par un hurlement déchirant, aiguë et terrifié. Sa maison se situant le plus loin de tous, un électrochoc lui parcourt les veines, lui informant immédiatement du danger urgent de la situation. Une bouffée d'adrénaline lui parcourt tout le corps et elle se lève d'un bond, descend les escaliers à la volée, saisissant le fourreau de l'épée posée sur ses crochets habituels, elle le met dans son dos et se précipite pour aller voir ce qu'il se passe, la curiosité piquée au vif. Elle court et voit une ombre bondir non loin d'elle, aussi, elle s'écarte d'un coup et manque trébucher. Elle arrive au centre de la place du village, le soleil teinte déjà le ciel de quelques lueurs orangés-bleues. Une très jeune femme se précipite vers elle, le visage pâle comme la mort et des yeux agrandit de terreur. Elle tend les bras en avant, perd équilibre et se croche ses propres pieds avant de tomber face contre terre. Presque aussitôt, un loup bondit derrière elle et l'aurait égorgée vive si l'Orpheline ne l'avait pas chargé, l'épaule s'enfonçant dans sa mâchoire béante. Le loup recule, surpris et la regarde de ses yeux argentés et elle croit y lire quelque chose d'humain une fraction de seconde avant qu'il ne se mette à grogner. Puis il hurle, appelant sans doute ses compagnons et l'Orpheline se dépêche de récupérer le corps de la femme alors que le loup lui tourne autour. Elle dépose le corps évanoui devant la maison la plus proche et se retourne, faisant face à une douzaine de créatures grises, brunes et noires. Ils grognent et elle grogne elle aussi, mêlant l'humain à la bête qu'elle est et ils s'élancent.

Elle écrase son poing dans le museau du premier loup qui ose l'affronter, tous les doigts craquent et ses jointures saignent déjà. Cependant le loup a perdu quelques dents et il couine en se reculant. Ils doivent toujours penser qu'ils peuvent gagner car ils attaquent à nouveau et cette fois-ci, l'Orpheline dégaine son épée majestueuse dans un suintement d'acier qui la fait frissonner et, dans un grand mouvement circulaire, en frappe plusieurs du plat de la lame.

– La prochaine fois je prends le tranchant, susurre-t-elle.

L'un saute sur elle tandis qu'un autre lui mord une jambe. Elle hurle de douleur avant d'enfoncer la lame dans le dos de ce dernier, entre les omoplates, le tuant immédiatement. Les loups ont réussi à l'encercler et elle reste sur ses gardes, tournant sans cesse pour tous les avoir à l'œil, guettant leur moindre mouvement, leur grattement de griffe sur le pavé, leurs crocs saillants et toutes autres démonstrations de force. Apparemment, ils la considèrent comme un adversaire de taille se dressant contre leur conquête de territoire.

Malheureusement, seule elle n'est pas à la hauteur ; elle a une épaule en miette, un mollet déchiqueté et en sang, une main douloureuse et les poignets endoloris. Elle serre les dents face à la douleur cuisante qui lui brûle la peau et s'élance sur le premier loup qui passe devant elle, lui enfonçant la lame dans la gorge, le deuxième perd ses oreilles et sa queue alors que le museau du troisième tombe au sol dans un bruit mat, le sang gicle de la plaie en trois fois avant que le corps ne tombe inerte. Sa tête commence à lui tourner alors que son sang coule toujours de ses plaies et ce moment de diversion permet à l'un d'entre eux de lui mordre l'avant-bras, l'entrainant au sol. Elle tombe et une fois au sol lui décoche un violent coup de pied dans le flanc de sa jambe valide et enfonce la garde déjà poisseuse de sang de son arme dans son œil. Il glapit et la lâche avant qu'un autre prenne la relève mais il n'a le temps de rien faire car une lame d'acier lui transperce le crane par en dessous. Il s'effondre sur elle, l'écrase et lui sert de bouclier lorsque le premier loup aux yeux de lune attaque à son tour, essayant de la prendre à la gorge. Ses mouvements entravés, elle ne peut rien faire pour se défendre que de lui entailler une partie de sa face, lui rasant les poils dans un filet de sang. Il grogne en reculant et semble rappeler sa meute car tous les autres loups s'enfuirent en courant vers la foret. Ils se regardent dans les yeux, se confrontant du regard et, même si la tête lui tourne, elle soutient son regard comme une promesse d'un combat nouveau, et d'un respect profond du loup aux yeux gris envers elle. Il part à son tour, la laissant seule à son propre sort.

Elle hurle de toute ses force, pleure et hurle encore de douleur et s'évanouit dans un dernier effort pour voir la très jeune femme qu'elle a laissé devant le pas de la porte. Celle-ci a disparu mais elle n'a pas le temps de se poser de question.

Un Ange De VoeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant