Comme une coquille vide

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Une bulle vola doucement près de son visage, qui semblait, pour la première fois depuis longtemps, serein et apaisé.
La bulle éclata et des gouttelettes fines d'eau se dispersèrent sur son visage baissé.

Elle ouvrit les yeux et la première chose qu'elle vit fut des pieds, nus et écorchés, qui marchaient dans une flaque de sang.
Talia releva la tête, doucement car son dos lui faisait atrocement mal. Elle vit des mollets, fins et musclés dont la peau était rose et fraiche. Les cuisses étaient bien en chair et l'os de ses hanches dépassaient quoi qu'un peut trop à son goût. Elle lui ressemblait étrangement quand elle était encore seule, avant d'avoir rencontrer Zaku.
Une soudaine migraine lui fit soudain mal à la tête mais ce nouveau personnage étrange la força à la garder levée. Elle avait un ventre plat et les côtes apparentes, ainsi que de tout petits seins, cachés par une longue chevelure châtain clair, parsemé de mèches blanches, noires et d'un peut toutes les autres couleurs. Elle avait des yeux comme des saphirs, incroyablement bleus et clair, autant que celle enchâssé dans son arme. Elles avaient le même nez retroussé, la même bouche fine et rose, le même front large et le même air sur le visage que Talia. En revanche, cette copie était largement plus petite qu'elle et ressemblait encore à une enfant.

–Cinthia ? fut la première chose qui sortit de sa bouche lorsqu'elle réussit à émettre un son. Comment est-ce possible ? demanda-t-elle, aussitôt épuisée, la douleur lui lançant de partout et le sang remontant dans sa gorge comme la bile.

–Demande-toi plutôt comment toi, tu as fait ! répondit la même voix qui résonnait si rarement dans sa tête.

Talia resta bouche bée, incapable de parler, grimaçant à la place, en proie à des spasmes nerveux.

–Cinthia ?!? s'écria-t-elle quand elle le pu, surmontant ses spasmes et regrettant aussitôt son geste car son ventre tirait atrocement.

–Oui ?

–Où sommes-nous ? souffla-t-elle en tentant de bouger le moins possible.

–Toujours au même endroit.

–Et le Mal...

Elle n'eut pas la force de finir sa phrase, son ventre la tenaillant atrocement.

–Je l'ai tué ne t'inquiète pas.

–Comment ? demanda-t-elle encore après avoir repris sa respiration.

Elle tendit une main, qui s'allongea soudainement et se transforma en lame qui semblait très tranchante, et  dont la forme ressemblait en tous points à la vrai. Enfin, la Cinthia non-enfant.

–Je suis une arme. Ce n'était pas bien difficile. Il était faible par rapport à toute la puissance que tu me donnais chaque jours.

–Chaque jours ?

–Je draine ton énergie depuis que tu as versé ton sang sur moi et prononcé le serment.

–Oh...

–Maintenant, dis-moi comment as-tu fait pour te retrouver comme ça ?

–Comment comme ça ?

–Regarde par toi-même.

Talia fit un effort pour tourner la tête malgré la douleur lancinante et regarder le reste de ton corps paralyser. Les stalactites de roche  étaient encore là, la traversant et déchirant sa peau et ses vêtements. Ils étaient imbibés de sang, qui coulait encore de son corps, s'échappant comme le cours de la rivière incessant. En y repensant, elle entendait aussi les gouttes tomber une à une pour s'échapper de son corps.

–Il faut que tu reste en vie Talia, lui dit Cinthia avant que son corps se contracte et ne redevienne une lame tachée de sang.

La pierre blanche centrale scintilla d'une douce lueur qui lui donna un peut de courage. Elle fit le seul geste possible, se cambra légèrement et quelque chose craqua en elle comme une table en bois qu'on aurait détruit, suivit d'une atroce douleur qui la fit crier à plusieurs reprises. Elle serra les dents et dégagea ses bras et ses jambes, avec force de patience, de coups sec et de souffrance contenue. Elle bougea ses bras, qui semblaient engourdit, les pliants et dépliants à maintes reprises et posa ses pieds à terre afin de pouvoir se redresser. Elle retira aussi très lentement la pointe de roche et de calcaire qui passait à travers sa poitrine et le trou béant sembla se rétracter comme par magie, hurlant en même temps pour ne pas entendre sa douleur. Une fois fait, elle fit une pause le temps de reprendre son souffle et se demander pourquoi elle n'était pas morte. Elle aurait du l'être depuis longtemps.

Un Ange De VoeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant