Chapitre 1

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Deux ans plus tard...

- Tu es magnifique, ma chérie.

Je haussai mes épaules en réponse, désinvolte.

Ma mère avait insisté pour que je porte aujourd'hui mon unique robe : noire, avec une collerette dorée, elle m'arrivait à mi- cuisse.

Je savais qu'elle m'avait également maquillé les yeux - avec un joli fard à paupières beige, avait-elle dit - et que le soleil scintillait plus qu'à son habitude - je pouvais sentir sa chaleur sur ma peau.

Je ne faisais pas autant d'effort, généralement : après tout, pourquoi arranger mon allure si je ne pouvais pas voir le résultat ?

- Souris, Kira. Tu verras, cette journée sera exceptionnelle.

Ce même refrain chaque jour...

Je n'y croyais plus : les miracles n'existaient pas et chaque journée à la Purdue University me le rappelait froidement.

Comme tous les matins, lorsque les portes se fermaient, je me pressais pour retrouver ma place en espérant que mes gentils camarades de classe m'oublient...

Sauf que ce ne sera pas le cas, bien sûr.

L'enfer était éternel et mon supplice, inévitable.

- Le soleil est au rendez-vous, aujourd'hui. -Commenta ma mère d'un ton léger.

Je savais que derrière cette simple phrase se trouvait une souffrance bien réelle, quelque chose que personne ne pouvait comprendre : voir son enfant perdre sa joie de vivre faisait cet effet.

- Tu es à environ dix mètres des portes, droit devant toi.

Lorsque ma main effleura la portière, je fus prise d'un élan de remord.

- Maman... -Commençais-je d'un ton hésitant.

- Je sais. Bonne journée, chérie.

- A plus tard. -Chuchotais-je avant de sortir du véhicule.

Presque aussitôt, une vague de froid me fit frissonner.

Que me réservait cette journée.

Ma main droite fermement accrochée à la sangle de mon sac, je passai dans les couloirs en baissant instinctivement la tête, feignant de ne pas entendre les chuchotements qui me persécutaient chaque jour.

Un mètre, deux mètres, trois mètres...

Les murmures s'éloignaient.

...sept mètres.

Je stoppai ma marche et tendis mes mains devant moi, cherchant la poignée.

Une fois la porte ouverte, le soulagement me foudroya : je n'entendais personne.

Seule.

Un bruissement de page se tournant me fit sursauter.

- Bonjour, Monsieur Weaver. -Lançai-je avant de marcher vers ce que je supposais être le fond de la classe.

- Bonjour, Kira ! Comment vas-tu ? -Me demanda-t-il gentiment tandis que je prenais place sur une chaise.

- Bien, je vous remercie.

Comme avec la plupart des personnes que je rencontrais dans la vie courante, je ne pouvais pas mettre de visage sur son nom. Je me fiais alors à la description parfois poussée des autres élèves pour me faire une idée.

La Face Cachée de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant