- Première étape de notre chemin vers la mémoire : soixante-sept mètres tout droit puis trois mètres à gauche.
Je hochai la tête et commençai à compter.
Un mètre, deux mètres, trois mètres...
Des rires, conversations et bruits divers se firent entendre autour de moi.
- Où m'emmènes-tu ? -lui demandai-je, curieuse.
- C'est une surprise.
Dix mètres, onze mètres, douze mètres...
Au fur et à mesure que nous nous rapprochâmes, les conversations heureuses et gloussements se firent plus présents, doublant d'intensité.
Je tentai vainement de deviner l'endroit, essayant de me focaliser sur quelque chose mais tout était trop dense.
Trente-six mètres, trente-sept mètres, trente-huit mètres...
La présence de Brian m'aidait grandement : je n'étais jamais à l'aise avec la foule.
Quarante-quatre mètre, quarante-cinq mètres, quarante-six mètres.
Je sentis un léger froissement à mes côtés et quelque chose glisser sur mes mains.
Des gants.
Docile, je laissai Brian les manier, me concentrant sur mes pas.
Où étions-nous ?
Soixante-et-un mètres, soixante-deux mètres, soixante-trois mètres...
Les bruits étaient à leur apogée.
....soixante-sept mètres.
- Attends-moi là. -murmura la voix de Brian près de mon oreille avant de s'éloigner.
Le sentir aussi loin, me sentir seule et vulnérable, fit accélérer les battements de mon cœur et je me forçai à déglutir.
Calme-toi... Il va revenir. Il ne partirait pas sans toi. Tu dois te calmer, ce n'est pas le moment de te provoquer une crise d'angoisse. Respire...
Les secondes passèrent, les minutes défilèrent... Brian n'était plus là. Parti. Envolé.
Les larmes me montèrent aux yeux et ma respiration se fit hachée. Autour de moi, les conversations refusèrent de me laisser réfléchir. Au contraire, elles augmentaient d'intensité, toujours plus fortes, toujours plus opaques et oppressantes.
Je n'arrivais plus à me situer dans cet environnement inconnu ; une larme s'écrasa sur ma joue, bien vite suivirent d'autres qui mouillèrent mes pommettes.
Parti.
Comment avait-il pu me faire une chose pareille ?
Soudain, des mains se posèrent sur mes épaules, provoquant un cri de ma part.
- Chut, chut, Pumpkin. Je suis là, chuuut... Calme-toi, respire. Respire Pumpkin, je ne t'ai pas abandonnée. Je ne suis pas comme eux, tu te rappelles ?
Brian.
Il est venu. Il est venu me chercher.
Deux bras robustes m'encerclèrent avec douceur, plaquant ma nuque contre un torse chaud.
- J'ai cru, j'ai cru... -hoquetai-je sans pouvoir m'en empêcher.
- Je sais... Je sais Pumpkin. Je suis là, je suis là chut... Respire profondément, d'accord ? Concentre-toi sur les battements de mon cœur. Tu les sens ? Imite- les.
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La Face Cachée de la Lune
RomansaKira à perdue le goût de vivre : cette dernière lui semble terne et vide de sens, inutile. Harcelée, ignorée, méprisée, prise en pitié, Kira se renferme sur elle-même. Ses yeux émeraudes ne brillent plus, son sourire n'a jamais exister. Comment con...