Les yeux rivés sur le plafond que je ne pouvais pas voir, je comptai le nombre de mes battements, un oreiller serré contre ma poitrine.
Boum, boum, boum.
Un battement, deux battements, trois battements...
- Kira ? -me dit ma mère en entrant dans ma chambre. Ma chérie, il y a quelqu'un pour toi.
Je me redressai, sourcils arqués.
- Qui donc ?
Lucie ?
- Ne le fais pas attendre.
"Le" pas "la".
Brian.
Je me levai et allai ouvrir, me demandant la raison de sa venue.
- Salut. -me dit-il, son odeur réconfortant mes sens.
- Salut... Qu'est-ce que tu fais ici ?
- C'est une surprise. Tu permets ? -me demanda t-il en prenant mon bras.
- Euh... oui, j'imagine.
- Parfait ! En route !
Nous roulâmes pendant plus d'une heure et Brian refusait de me dire où.
Je trépignais d'impatience.La voiture s'arrêta et nous sortîmes en parfaite synchronisation.
Brian se plaça derrière moi, me guidant gentiment.- Attention, il y a cinq marches devant toi.
Je m'appliquai à ne pas tomber mais je savais, j'en avais l'intime conviction : Brian me rattraperait.
Nous entrâmes dans un endroit calme, où aucun bruit, mis à part nos pas, ne se faisait entendre.
Il me fit promettre d'y aller doucement.
Interloquée par sa demande, je le laissai m'emmener où il voulait, cherchant un indice afin de reconnaître l'endroit.
- Où sommes-nous ?
- Encore un peu de patience, tu y es presque.
Nous avançâmes encore et je reconnus le bruit caractéristique d'un ascenseur.
Je fus perdue.
Où suis-je.
Les portes métalliques s'ouvrirent et Brian, encore une fois, me guida, silencieux.
- Tends-moi ta main.
Fronçant mes sourcils, je m'exécutai lentement : je le sentis alors s'emparer de mon poignet avant de poser ma paume sur une surface lisse que je reconnus instinctivement.
Du marbre.
- Nous sommes dans un musée ! -M'exclamai-je en souriant -mon premier sourire depuis l'accident-, aussi excitée qu'une puce.
Son rire grave et mélodieux s'insinua dans mes oreilles.
- Je n'arrive pas à y croire... -soufflai-je, ravie, caressant la sculpture. Je dois sûrement rêver.
- Rêve autant que tu le souhaites, nous avons encore deux bonnes heures devant nous.
Je tournai ma tête en sa direction.
- Comment...?
- Disons que je sais me montrer persuasif : le directeur de ce musée est un ami proche de ma mère.
- Merci... merci infiniment.
Brian était exceptionnel : ses connaissances en art étaient évidentes et sa gentillesse à toute épreuve. Il prit le temps de m'expliquer l'histoire de chaque chose que je touchais et me guidait pour en connaître d'autres.
À aucun moment je n'eus l'impression de le gêner ou d'être un poids.
Je revivais enfin.
Au bout d'un moment, je me mordis la lèvre, indécise.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Je peux te demander quelque chose ?
Je détestai la vulnérabilité dans ma voix.
- Tout ce que tu veux.
Brian n'avait pas hésité, ne serait-ce qu'une seconde.
Soufflant ma demande du bout des lèvres, j'attendis anxieusement sa réponse.
- Pardon, je n'ai pas bien entendu.
- Est-ce que je peux toucher ton visage ? J'ai besoin de te voir.
Il ne répondit pas, entremêlant nos mains.
- Viens. -me dit-il en nous faisant nous abaisser sur le sol. Là... assieds-toi.
Je lui obéis, me retrouvant en face de lui.
Il me fit lever la main, embrassa le creux de ma main et la posa sur sa joue légèrement râpeuse.
Concentrée, je fis voyager mes doigts le long de son visage, caressant sa joue creuse, son menton, glissant sur ses lèvres douces et boudeuses qui s'entrouvrirent lors de mon passage, touchant l'arrête de son nez, fourrageant ma main dans ses cheveux ébouriffés tandis qu'une image se dessinait enfin dans mon esprit.
- De quelle couleur sont tes cheveux ? -Demandai-je en appréciant leur texture soyeuse.
- Brun. Brun foncé.
Mes mains descendirent vers son cou, ses fortes épaules.
Il a le physique d'un guerrier.
- Et tes yeux ?
- Mes yeux sont bleus clairs.
- Je suis sûre qu'ils sont magnifiques.
- Ils n'ont rien de comparable aux tiens. Je ne me lasserais jamais de les contempler : c'est comme si leur lueur brune m'hypnotisait. Ils sont tachetés de noir, recouverts d'une brillante couche qui les fait étinceler.
- Ils ne me servent à rien.
- Si, au contraire : ils montrent tes sentiments. C'est une des plus belles choses que je n'ai vue. Sublimes. Exceptionnels.
Je sentis mes joues s'enflammer.
- Tu ne me vois pas vraiment.
- Tu veux que je te vois ?
- Oui...
Je sentis alors une main chaude se poser sur ma pommette, glissant vers le bas de mon visage.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je te vois, Kira. Je te vois.
Il continua son exploration, avec douceur et tendresse, faisant tambourinant mon cœur.
- Je te vois. – Répéta-t-il en caressant mes cheveux.
Presque contre ma volonté, mes barrières s'effondrèrent : des larmes de joies coulèrent le long de mes joues tandis qu'un sanglot secouait tout mon corps.
Brian me serra contre lui, me berçant tout en me répétant qu'il me voyait.
Pour la première fois depuis l'accident, je me sentis bien.
Oui, rien ne sera pluscomme avant.
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Me revoiciiiii !
Je voulais un moment mignon, réussit ?
En regardant mes statistiques, je me suis rendue compte qu'il y avait un homme parmi nous ! Très cher lecteur, merci à toi ! (Je suis fière d'avoir un gars dans la team ^^)
Comment avez vous trouvé(e)s ce chap ?À vos commentaires ! ♥
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La Face Cachée de la Lune
RomanceKira à perdue le goût de vivre : cette dernière lui semble terne et vide de sens, inutile. Harcelée, ignorée, méprisée, prise en pitié, Kira se renferme sur elle-même. Ses yeux émeraudes ne brillent plus, son sourire n'a jamais exister. Comment con...