La Belle et La Bête /En Réécriture/

Chapitre 17

Cela fait trois jours que je suis parti de chez Beast. Trois jours que j'erre sans avoir de toit au-dessus de la tête. Je n'avais plus de portable, Beast me l'avait pris et jamais rendu. De toutes manières, je n'avais personne à appeler, en effet à qui pourrai-je demander de l'aide ? Je dormais à l'ombre des arbres, craignant de ne pas me réveiller tellement le froid était vif. Je préférai rester loin du monde urbain, mais les quelques gâteaux qui étaient restés au fond de mon sac depuis mon arrivée furent rapidement terminés. Ainsi, le quatrième jour, je décidai de retourner vers la ville pour me réapprovisionner. Je n'avais certes pas d'argent sur moi, mais voler ne devait pas être si compliqué. Arrivée sur les trottoirs les plus bondés, je me fondai rapidement dans la foule. Rien ne pouvait me trahir, mis à part peut-être mon odeur, car n'ayant pas de douche, je ne m'étais pas laver depuis mon départ. La foule avançait rapidement, et lorsque je m'arrêtai net , plusieurs personnes me bousculèrent en m'injuriant. Mais je ne pouvais pas faire autrement, j'étais tomber nez à nez avec mon propre visage affiché sur un poteau. Le mot "Disparue" était inscrit sous ma photographie, ainsi qu'un numéro de téléphone et la récompense pour qui aurait des informations. Quelqu'un se souciait donc de moi, mais qui ? Mon père ? Beast ? Je n'en savais rien et je ne voulais pas le savoir. C'était trop tard et s'inquiéter maintenant serait trop facile. J'arrachai donc cette affiche et rabattais ma capuche sur ma tête pour me cacher aux yeux des passants. Il ne fallait pas qu'ils me reconnaissent.

A la première épicerie que je croisai, j'y entrai, essayai de chaparder ce qui me passait sous les doigts avant qu'une main se pose sur mon épaule et me stoppe dans mes actions.

"- Je ne ferais pas cela à votre place."

Je me retournai pour pouvoir détailler la personne qui m'avait interrompu. C'était un homme assez vieux dont une couronne de cheveux blancs parsemait son crâne. C'était sûrement le gérant de l'épicerie.

"- Je sais..."

Je reposai tous les articles que j'avais pris soin de cacher dans mes poches avant de sortir du magasin. Aujourd'hui, ça sera journée sans nourriture. Mais encore une fois, cette même main m'arrêta alors que j'étais dans l'embrasure de la porte de sortie.

"- Vous en avez vraiment besoin ?"

J'hochai timidement la tête en signe de réponse. Il lâcha un soupire et me fit signe d'attendre. Lorsque tous les autres clients furent sortis de la boutique, il abaissa le rideau métallique et m'emmena dans l'arrière boutique. Il attrapa un vieux sac de couchage qui reposait contre un mur, me le tendit et me montra l'espace autour de nous pour que je m'y installe.

"- Car je suppose qu'en plus de manquer de nourriture, vous manquez aussi d'un toit, n'est-ce pas ?"

Encore une fois, j'hochai de la tête. Il m'emmena ensuite à l'étage où il logeait et me servit un repas chaud. On ne se disait rien, mais au bout d'un moment, il prit l'initiative d'entamer une discussion.

"- C'est vous la jeune fille sur les affiches ?"

Il m'avait reconnu en si peu de temps ?

"- Comment savez-vous que c'est moi ? Cela ne doit pas faire si longtemps qu'elles sont affichées, non ?

- En effet, mais la personne qui l'est à accrocher à tellement harceler les commerçants du quartier en nous mettant ses affiches sous le nez que votre photo, on la connaît par cœur. C'est une chance pour vous que je vous ai reconnu car d'autres appeler immédiatement la police pour vol.

- Désolée pour cela...

- Je ne vous en tiens pas rigueur... Je suppose que si vous avez disparu, ce n 'est pas pour que l'on vous retrouve et que cela serait inutile d'appeler le numéro indiqué ?

- Oui, j'ai besoin de rester loin des personnes qui faisaient partis de mon entourage avant...

- Toutes ou que certaines ?"

Immédiatement les visages d'Églantine et de Winsley apparurent devant mes yeux. Ils ne méritaient certainement pas que je les inquiète de la sorte mais je n'avais aucun moyen de leur donner des nouvelles.

"- Non, pas toutes...

- Leur avez-vous donné des nouvelles à ces personnes qui vous sont encore importantes ?

- Je n'ai aucun moyen de le faire...

- J'ai un téléphone que je peux mettre à votre disposition si vous le voulez.

- Je n'ai pas leurs numéros... Cela serait donc inutile...

- Une adresse peut-être alors ? Je pourrai vous y emmener ?

- Oui, je sais où le domaine se trouve mais y aller impliquerait le fait de croiser d'autres personnes que elles je ne souhaite pas croiser... 

- Vous les détestez à ce point ?

- Ce n'est pas que je les déteste, ou plutôt que je le déteste en l'occurrence, j'ai été profondément blessée...

- Peut-être qu'une mise au point réglerai les choses ?

- Je n'ai plus la force de faire des efforts, j'en ai déjà trop fait...

- Tenez-vous à cette personne ?"

Sa question me prit de court. Tenais-je à Beast, ou plutôt Matthéo ? Sûrement, sinon mon cœur ne se serait pas serrer lorsqu'il m'a proposé de partir, alors que c'est moi qui souhaitais cela depuis mon arrivée chez lui. Alors oui, je tiens à Matthéo, et je pense que c'est pour cela que ses mots m'ont fait si mal. Bien que je connaisse la réponse à la question qu'il venait de poser, je décidai de passer du coq à l'âne en lui posant à mon tour une question.

"- Vous m'avez parler d'un homme qui avait fait le tour de votre quartier en étant à ma recherche, à quoi ressemblait-il ?"

Il parut hésiter quelques instants.

"- Je ne me souviens plus très clairement, la seule chose que je peux affirmer est que cétait un homme et qu'il n'était pas très âgé."

Cela ne pouvait être définitivement pas mon père, mais en même temps, il avait coupé les ponts avec moi et pris aucune de mes nouvelles donc comment aurait-il être au courant de ma "disparition" ? Mes frères peut-être ? Mais eux non plus ne se souciaient guère de moi et ne pouvait être au courant de mon statut actuel. Winsley était définitivement trop vieux. La seule personne qui restait était Beast, mais pourtant c'est lui qui m'avait autoriser à partir, pourquoi vouloir me retrouver ensuite ? Je revins sur terre au moment où l'épicier me posa une nouvelle question :

"- En échange de vous héberger, j'aimerai quand même que vous alliez parler aux personnes auxquelles vous tenez. Demain c'est mon jour de congé donc je vous y emmènerai en voiture. Si vous ne voulez vraiment pas rester avec elles, je continuerai à vous héberger, je m'y engage. Mais en contre-partie, vous travaillerez pour moi. Cela vous semble-t-il honnête ?"

Pour souligner ses paroles, il me tendit sa main que je m'empressai de serrer. C'était peut-être l'occasion de tout remettre à zéro.