Chapitre 16

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"- On parle de moi ?"

Je levai les yeux au ciel.

"- Toujours égocentrique à ce que je vois... Il y a certaines personnes qui n'évolueront donc jamais ?"

Je l'avais dit si bas que seul Églantine put l'entendre. Celle-ci se mit d'ailleurs à ricaner bêtement, ce qui lui valu un autre regard interrogateur de la part de Matthéo. 

"- Un problème, peut-être ?"

La cuisinière secoua négativement la tête avant de nous chasser de sa cuisine, Beast et moi, car elle avait des choses à faire qui ne nous regardaient pas selon elle. Une fois dans le couloir, j'étais tellement abasourdie par la façon dont elle nous avait mis dehors que je me rendis même pas compte que Beast était resté à côté de moi. Je ne remarquai sa présence que lorsqu'il se mit à parler.

"- Je suis sûr que si elle nous à virer de sa cuisine, c'est parce qu'elle a rendez-vous avec son Winsley chérie. "

Je pouffai sans pouvoir me retenir, puis me tournai vers lui afin de le regarder dans les yeux et de lui poser ma question, toujours un sourire au coin des lèvres.

"- Tu te doutais de quelque chose ?

- Absolument pas. On dirait deux adolescents. J'ai l'impression d'être plus vieux qu'eux, alors que ce n'est absolument pas le cas !"

Une grimace était apparu sur son visage alors qu'il prononçait la dernière phrase.

"- Tu es sûr ? Parce qu'à première vue..."

Il se jeta sur le premier miroir qu'il trouva et inspecta le moindre recoin de son visage. Apercevant mon reflet dans le miroir, il se tourna vers moi et me lança un regard d'effroi.

"- Tu as raison, je commence à avoir mes premières rides ! C'est pas normal ! Je n'ai que vingt-trois ans ! Imagine si j'ai des rides à cet âge-là, qu'est ce que ce sera lorsque j'aurais soixante-dix ans ? Je ressemblerai à une vieille pomme fripée !"

Dans ces moments-là, où son narcissisme ressortait à son extrême, je le confondais presque avec mes frères et sœurs pour qui le physique était le plus important. Je perdis mon sourire ce que Matthéo remarqua immédiatement. J'avais tellement été déçue par ma famille...  

"- Quelque chose ne va pas ? Tu as encore remarqué quelque chose qui me vieillissait ?"

Sa remarque me redonna la sourire.

"- Quelques cheveux blancs peut-être ?

- Sérieusement ?

- Mais non t'inquiète, tu es beau comme une personne de quarante ans !

- Quarante ans ? Tu te moques de moi !

- Absolument ! Aller arrête de te préoccuper de ton physique, tu es parfait comme tu es, et je te rassure tu fais bien tes vingt-trois ans !"

Après que je dise ça, Matthéo me regarda étrangement.

"- Il y a quelque chose qui ne va pas ?

- Et bien tu as dit, mots pour mots, que j'étais beau et en plus que j'étais parfait comme j'étais.

- Et alors ?

- Tu m'as complimenter deux fois ! Est-ce que tu es dans ton état normal Bella ? "

Je levai encore une fois les yeux au ciel.

"- Et en quoi ça te choque ?

- Je... Euh... Bah je sais pas... Je n'ai peut-être juste pas l'habitude... Mais ça ne me dérangerais aucunement si tu recommençais !

- Ah oui ? Vraiment ?

- Vraiment."

Une idée me traversa l'esprit. Je me rapprochai de lui à pas chaloupé, l'obligeai à s'asseoir dans un sofa non loin de lui, tout en mettant mes mains sur ses épaules. Pour une fois, ce n'est pas à moi que le rouge monta aux joues. Je retins de justesse mon sourire en coin qui menaçait de révéler toute ma mise en scène. Je me penchai un petit peu plus encore vers lui, ma bouche étant au niveau de ses oreilles, qui elles aussi s'étaient muées dans une couleur carmin. Il déglutit difficilement et je chuchotai :

"- Ça va ?"

J'éclatai de rire devant sa mine déphasée et m'écartai de lui. Visiblement, cela ne lui faisait pas le même effet qu'à moi. Il allait partir mais je le retins. Ses yeux me transpercèrent et sa voix se fit tellement sèche que je ne la reconnaissais presque pas. 

"- Qu'est-ce qu'il y a encore ?"

Je me renfrognai à mon tour.

"- Ce n'était qu'une simple blague, pourquoi tu le prends aussi mal ?

- Je ne le prends absolument pas mal !

- Ah oui ? Vraiment ? Alors pourquoi que tu me parles comme à une moins que rien soudainement ?

- Peut-être parce que tu en es une !"

Touchée.

"- Moi au moins je ne suis pas une minable comparée à toi."

Son regard changea du tout au tout, passant de la colère au regret.

"- Je suis désolé...

- Pas moi, si on ne peut même plus faire de blagues...

- Ce n'est pas ça...

- Alors c'est quoi ? Parce que à part ça, je n'ai rien fait...

- On ne peut pas rigoler avec tout !

- Tu te fiches de moi ou quoi ?

- Comment ça ?

- Ce n'est pas comme si je t'avais fait croire que quelqu'un était mort ou encore qu'une troisième guerre mondiale venait de débuté, si ?

- Non, c'est vrai... Mais, tu n'imagines pas un seul instant que j'ai pu être blessé par ton attitude ?

- Blessé ? Mais blessé par quoi ? 

- Tu ne sentais à quel point je suis devenu nerveux lorsque tu t'es rapproché de moi ? Ou encore lorsque je t'ai montré mes cicatrices, l'appréhension qui se lisait sur mon visage ? Tu ne fais donc pas le lien entre tout ça ?"

Mes yeux faillirent sortir de leurs orbites. Serait-ce possible que... Non ! Je refuse d'y croire ! Je laissai un rire nerveux m'échapper.

"- Quel lien ?

- Ne m'oblige pas à le dire... ça me fera autant mal qu'à toi..."

Peut-être que finalement ce n'est pas lui le lâche, mais moi... Je préférai m'esquiver...

"- Je crois que je vais aller me coucher...

- Oui, c'est sûrement le mieux à faire..."

Je sentais la déception dans sa voix mais je ne pouvais plus retourner en arrière. Je montai les marches menant à ma chambre pensive, si bien que je faillis tomber plusieurs fois. Je me couchai rapidement, mais pourtant, trois heures plus tard je ne dormais pas. J'allumai ma lampe de chevet et regardai le plafond. Je décidai de me lever pour aller boire un verre d'eau à la cuisine, mais une feuille sur le parquet près de la porte attira mon attention. Je me baissai et la ramassai.

"Je n'ai jamais montré mes cicatrices à quelqu'un avant, mais pourtant lorsque tu m'as demandé de le faire, j'en avais envie et c'est pour ça que je l'ai fait. Et c'est à ce moment là que je me suis rendu compte que je commençais à m'attacher (trop) à toi. Mais c'était déjà trop tard. Il s sont là, bien présents et je ne peux plus les niés plus longtemps. Je te rend ta liberté, la dette de ton père est remboursée."

Alors ça se finit comme ça... Pas un adieu, ni un au revoir... Il me laisse partir sans même essayer de me retenir. Puisque c'est comme ça, je partirai... Je fis mon sac, attrapai un stylo et une feuille que je glissai ensuite sous sa porte à lui. Puis, je m'enfuis dans la nuit sans regarder derrière moi cette résidence privée qui m'a fait mûrir en si peu de temps.

La Belle et La Bête /En Réécriture/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant