III

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Quand les couleurs du petit matin pénétrèrentdansla chambre et me réveillèrent,les tristes événements dela veille me revinrentenmémoire. Ce n'est qu'à ce moment que je me rendis réellementcompte de la situation lamentable dans laquelle je me trouvais et del'ignominie avec laquelle m'avait traité le maître de ces lieux.

Jerepoussais es couvertures du lit immense, enfonçais encore plus matête dans les oreillers moelleux et me frottais le crâne engémissant. J'avais affreusement mal dormi.Unenuit constituée de cauchemars, d'une cheville douloureuse et debruits terrifiants provenantdu château dans son entièreté, beaucoup d'inquiétude aussi.


Je me redressaisaussitôt. Ma famille. J'étais officiellement prisonnière de cemaître monstrueux depuis deux jours, et il m'était toujoursimpossible de savoir ce qu'était advenue de ma très chère sœur ...ni même si elle avait retrouvé Charles, et pire encore, s'ilsavaient réussi à retourner dans le Sud vivant.

Mes yeux me brûlèrentencore, ma gorge se fit horriblement douloureuse et ma gorge seserra. J'avais, à vrai dire, passer la plus grosse partie de la nuità pleurer et mes yeux encore rouge et boursouflé ne tardèrent pasà retrouver la douceur de mes larmes.


Les aiguilles del'horloge murale faisaient un bruit horrible, les portes quiclaquaient derrière ces murs et quelques chuchotements passèrentsous ma porte. Une large partie de la matinée venait de s'écouler,et je m'étais simplement déplacé auprès de la fenêtre à l'aided'un châle qui enveloppait ma taille osseuse. Le front appuyécontre la vitre de la fenêtre, je regardais avec peine les jardinsqui s'offraient à ma vue. Des roses à perte de vue..


J'en devenais malade.


« MademoiselleBelle, il vous faut sortir enfin ! Vous êtes si pâle.., gémitla vieille femme qui entra une nouvelle fois dans ma chambre, votrecheville vous joue-t-elle toujours de sales tours ? » Jevirevoltais en serrant davantage le tissu doux et chaud contre moi.La vieille femme grisonnante se tenait devant moi, un sourire tendupeint sur le visage. Elle lissait de la main des draps blanc,parfaitement raffinés qu'elle devait avoir travaillée toute lamatinée, depuis l'aurore.

« Je... n'ai pas laforce de sortir, avouais-je en soutenant son regard. »


Et je n'avais sincèrementpas la force de sortir, j'étais épuisé, éreinté, absolumentexténué. Ma cheville n'était plus réellement le sujet dediscorde, bien qu'il me soit toujours difficile de l'utiliser commeje l'aimerais et aussi longtemps que possible. J'étais simplementfatiguée de toutes ces réflexions, de ces cauchemars et de ceshorreurs qui me hantais depuis deux jours.


« Vous devezmanger, vous n'êtes pas sans le savoir n'est ce pas ? Dit elleamicalement en me souriant, elle posant ensuite sa main sur mon brasreplier contre ma taille, vous êtes affreusement maigre vous devriezdescendre vous rassasier. Vous aurez bien plus chaud de plus.

- Vraiment,j'apprécie le confort de cette chambre et la vue qu'elle m'offre.J'aimerais me reposer, murmurais-je la voix tremblante.

- Bien, puisque j'ailamentablement échouée pour vous faire descendre, je passerai plustard pour vous donner votre repas au lit. Il faut manger ! »


La femme grisonnante nepouvait que m'arracher un sourire. Son obstination et sa protection medonnait l'impression d'être sous le toit d'une mère. Elle s'avançavers moi et posa sa main osseuse sur ma joue, sa caresse me fitfermer les yeux et reposer la tête contre elle.

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant