IX

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« Mon Dieu ! Mademoiselle Belle ! Le Maître ! Vite venez-nous aider ! Criais Madame Lansbury dans tout le château. »

J'avais ramené, tant bien que mal, le magnifique cheval jusqu'à l'entrée principal. Le Maître, que j'avais hissé sur le dos du magnifique cheval, respirait douloureusement. Il poussait des gémissements et des plaintes horribles à chaque pas de l'animal.

Le jeune écuyer et quelques braves hommes vinrent nous venir en aide et transportèrent leur Maître dans le grand salon que je fréquentais peu mais qui disposait d'un grand sofa qui suffisait bien largement à la carrure du pauvre homme.

« Mais vous êtes blessée Mademoiselle Belle, il faut aussi vous soigner, intervint Marthe.

– Ça ira, vraiment. Apportez une bassine d'eau, un linge humide et surtout l'alcool le plus fort que vous ayez ici ! Ordonnais-je. »

Les bons hommes retiraient les vêtements en lambeaux de Monsieur Styles, le laissèrent torse nu sur le sofa et partir à la recherche de couverture chaude pour rétablir une température décente sur le corps endoloris par le froid glacial.

Nous avions allumé un feu et rapproché le divan de l'antre brûlant.

« Je me suis fait attaqué par une meute de loups, le Maître est arrivé et m'est venu en aide. Mais je ne crains qu'il ait été le plus attaqué, racontais-je à Marthe.

– Il est parti aussitôt qu'il vous à vue prendre la fuite.

– Je serais morte, dévoré, s'il n'était pas intervenu. Pensez-vous qu'il se remettra ?

– Je l'espère Mademoiselle ... »

Nous étions toutes les deux assises au chevet du Maître, Marthe lui avait posé un linge chaud sur le front et l'avait couvert de couvertures chaudes et moelleuses. Tous les domestiques attendaient à la porte de chaque sortie de la pièce, à la fois inquiet mais réjouis du mal du Tyran. Les plus respectueux nous apportaient de nouveaux linges propres et les quelques médicaments qui restaient encore dans les vieux placards.

En pleins milieux de la nuit il ré-ouvris les yeux et gémis affreusement. Marthe se réveilla en sursaut d'un profond sommeil et se redressa aussitôt sur ses deux jambes pour chercher de quoi apaiser les douleurs de son Maître.

Je lui avais pris la main.

Elle était horriblement chaude et calleuse, je la gardais fermement entre les miennes qui paraissaient tout d'un coup très inutiles et singulières. Ses grands yeux verts me détaillaient.

« Vous saignez, gémit-il.

- Ça va. Ce n'est qu'un peu de sang sécher, la plus grosse partie est à vous. Vous êtes dans un bien sale état.

- Vous auriez pu vous faire tuer.

- Je sais. »

Aucun médecin ne pourrait se déplacer jusqu'ici à cause de la tempête, et j'ignorais d'ailleurs s'il y avait un médecin dans les environs. Mais les méthodes de la gouvernante portaient leurs fruits. Au cours de la nuit nous avions fait baisser la fièvre et ramener le corps à bonne température. Nous avions apporté de la soupe et de l'eau en grande quantité mais il ne parvenait pas à ingurgiter quoi que ce soit. Il parlait beaucoup, pour un homme que je n'avais que très peu entendu ces quatre derniers moi, mais pour la plupart il s'agissait de conversation incohérente.

« Lisez pour moi, me commanda-t-il.

- Maintenant ? demandais-je.

- Oui, j'aimerais vous entendre lire.

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant