VII

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L'hiver devenait rude. La nature se mourrait dehors, petit à petit. De ma fenêtre je voyais les arbres nus frissonner avec le vent, la fontaine qui c'était rempli de l'eau de pluie qui était beaucoup tomber ces derniers jours venait de geler et une petite poignée de rose vivait encore tandis que toutes les autres étaient recouvertes d'une pellicule de neige.

Je ne sortais plus depuis plusieurs semaines déjà. Cela m'attristait beaucoup mais après une petite fièvre j'avais fini par me faire une raison. Je restais donc enfermé dans le château et passais le plus gros de mon temps éveillé, dans la bibliothèque. J'avais poussé avec difficulté un gros fauteuil qui était resté dans un coin prenant la poussière, juste devant la cheminée que j'avais avec peine réussi à rallumer.

Alors je lisais du matin au soir, une panoplie de livres tous aussi somptueux et différents les uns des autres. Rouler en boule sous un long pull de laine que Marthe avait gentiment tricoté pour moi, de temps à autres elle m'apportait une tasse de chocolat chaud. Brûlant, qui me réchauffait de l'intérieur.

« Vous aimez jouer dans la neige ? Demandais-je à Harry qui était entré dans la bibliothèque pour me dire une fois de plus qu'il me défendait d'entrée dans les cuisines.

– Comment est-ce que l'on peut jouer dans de la neige ? C'est horriblement froid et désagréable. Avait-il répondu en croisant les bras devant la fenêtre.

– Eh bien, je trouve cela bon de pousser son corps hors des limites de temps à autre. Il vous suffit de vous allonger dans la neige, il faut choisir un coin avec une grosse épaisseur évidemment. Et à ce moment-là vous vous laissez enfoncer dans ce matelas gelé, vous sentez votre corps se couvrir de frisson et vous avez raison c'est absolument horrible sur le moment. Mais ensuite lorsque l'on ferme les yeux et que l'on bouge les bras c'est prodigieux ! et j'avais ri en lui répondant.

– C'est stupide.

– Et les batailles de boule de neige ? Vous n'aimez pas ça ? Cette puissance que vous sentez monté dans votre corps lorsque vous atteignez votre cible et la peur lorsque vous la voyez-vous suivre avec une montagne de boules congelées près à vous foudroyer ? il secoua la tête les sourcils froncés. Vous avez dû avoir une enfance lamentable.

– Oui en partie. »

Il se retournait vers moi, dos à la fenêtre. Et était toujours aussi grave, il semblait bien loin de tout en cet instant. Il remarqua ma tasse vide, le bout de ma langue brûlé qui léchait ma lèvre supérieure pour récupérer les dernières gouttes de liquide chocolaté.

« Voulez-vous que je vous en demande un nouveau ? Proposa-t-il.

– Ça ira je pense que j'ai assez fait tourner la cuisinière en rond pour aujourd'hui, répondis-je avec un nouveau sourire.

– C'était légitime vous étiez tombée malade, et vous tousser encore. Il serait peut-être plus judicieux de vous couvrir davantage ? Je devrais de suite demander que l'on vous remette une bûche dans la cheminée avant que le feu s'éteigne.

– Vraiment, je me sens très bien merci ! Il n'est pas nécessaire de s'inquiéter Harry je me sens bien mieux.

– Bien. »

Et il reprit ses allers-retours près du feu, ou de la fenêtre. Il avait parfois l'air de lire la tranche des livres, mais il s'avérait qu'il avait seulement le regard vague.

« En fait il y a quelque chose qui pourrait me faire plaisir. Suggérais-je.

– Qu'elle est -elle ?

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