XV

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En général reprendre mes habitudes n'avait pas été compliquées à retrouver. Pour la plupart du moins. J'avais vite troqué mes jolies robes par des guenilles qui avait précieusement été gardées dans un placard, en un sens elles étaient bien plus pratique pour travailler, j'accompagnais Anna et Edward dans les jardins, le potager surtout, nous récoltons les jeunes pousses et en faisons des soupes, ensuite nous travaillons la terre pour qu'elle reste féconde pour les saisons à venir et nous passons le plus clair de notre temps en cuisine.

Anna et moi surtout, les garçons sont très souvent en ville pour œuvrer dans quelques petites affaires et entretenir quelques relations sociales. Tous trois parviennent à ramener quelques pièces à la maison, et parfois ils reviennent avec un morceau de viande luisant en racontant que la boucher nous en a fait cadeau.

Mère en reste ravis, de son côté Père sait qu'il ne s'agit là que de vol mais ne dit rien dans la mesure où les officiers ne sont toujours pas venus frapper à notre porte.

Anna passe peu de temps avec Mère, elle n'en parle guère mais je pense qu'elle éprouve grand peine à la voir périr dans son pauvre lit. Dans mes plus loin souvenir d'ailleurs, Mère et Anna n'ont jamais été bien proche, seulement Anna a connu Mère souffrante la plus grande partie de sa vie et n'était que rarement autorisé à la consulter.

Père craignait que la vivacité et l'énergie d'une petite fille épuise notre Mère.

J'ai encore la chose de posséder de jolies souvenir de notre Mère, lorsque j'étais petite fille elle organisait de merveilleux repas, nous assistions à de somptueux bals et elle m'autorisait toujours à grignoter des bonbons quand bien même les nourrices me le refusaient à chaque coup. Elle était une femme élégante et distinguée, c'est pour cela qu'elle avait accordé beaucoup de soin à me constituer une garde robes importante lors de mon entrée dans le monde. Je savais que son plus grand souhait était de me voir trouver un bon parti et donner de nombreux petits héritiers, maintenant mon plus grand malheur était de penser qu'elle ne serais peut-être plus ici lorsque cela adviendra.

En somme, à présent que j'étais de retour auprès des miens, mes journées se constituais de cuisine avec ma jeune sœur et de conversation avec Mère. Aujourd'hui était un bonjour, peut-être parce que Père avait décidé qu'il avait besoin de sortir profiter de l'air frais de la campagne et que les garçons étaient en visite en ville.

La maison était calme et le temps encourageant.

« Je suis peiné de vous voir dans votre chambre Mère, lui dis-je en entrant dans la pièce ouverte.

- Mon corps ne veut plus, mais mon esprit est ailleurs Belle. Lorsque je ferme les yeux, je valse sous un lustre en cristal, je cours dans l'herbe humide et je nage dans le lac voisin.

- Si vous pouvez vous contenter de cela Mère, je ne le puis. Je sais que vous êtes capable et qu'au contraire voire le jour vous ferait grand bien, lui recommandais-je alors en m'asseyant à ses côtés sur le bord du lit.

- Peut-être, mais pas aujourd'hui. La conversation me scier d'avantage, raconter moi encore à propos de cette histoire que nous avons interrompu hier.

- Parlions-nous du jour où j'ai sciemment pris la place du Maître dans la bibliothèque ? demandais-je.

- Non il me semble que nous en étions à votre fuite, la première. »

Mère s'était elle-même assise dans le lit et avait tassé ses coussins pour être confortablement installée, il ne lui avait fallu que quelques secondes, c'est pourquoi j'étais bien consciente qu'elle pouvait encore se mouvoir et envisager de se balader autour de chez nous, elle ne voulait simplement pas.

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant