La Belle et La Bête

XXX

EPILOGUE

Octobre 1858.

C'est trop tôt, beaucoup trop tôt ! Cela ne devait pas se passer ainsi, ça n'aurait jamais dû se passer ainsi. Tout se déroulait vraiment bien, nous avions tout prévu. Ca ne pouvait pas se passer ainsi. 

" Maître, assoyez-vous et détendez-vous. Vous êtes bien trop nerveux et ça n'aidera pas la Comtesse, aboya un valet qui me tendit une chaise pour la énième fois. " 

Il était idiot. Et si je n'étais pas déjà suffisamment occupé je passerai mes nerfs sur cet individu. 
Mais heureusement le bruit des petites bottines de Madame Lansbury claquait déjà dans le couloir, elle avait les joues rosies par sa petite foulée et les cheveux en bataille. 

Depuis que Belle était ma Comtesse, énormément de choses avaient changés au sein du château. Les domestiques avaient des jours de repos et ils étaient même autorisés à sortir du domaine ces jours-ci, je n'avais pas eu mon mot à dire, comme pour la plupart de ces décisions. Ce jour était, malheureusement, le jour de Marthe et très tôt dans la matinée j'avais du faire envoyer un valet à sa recherche. Je savais que Belle la désirerait à son chevet.

Et j'avais besoin d'elle.

"Dieu soit loué vous êtes là, dis-je en l'étreignant contre moi. 
- Que s'est-il passé je pensais que nous avions encore six semaines devant nous ? Demanda Marthe à bout de souffle.
- Je ne sais pas moi-même Marthe, j'ai... tout allait parfaitement bien, j'ai pris grand soin d'elle je vous en donne ma parole, balbutiais-je.
- Je le sais fort bien mon petit, me coupa-t-elle en posant ses mains sur mes joues et baisant mon front. Elle me réconfortait comme une mère, et je me cachais comme un garçon apeuré. 
-Cela fait des heures, ils refusent de me faire entrer et ne me donne pas de nouvelles, confessais-je aux bords des larmes. " 

Mon ancienne nourrice m'etreignis de nouveau et frotta mon dos de ces mains amicales, elle chuchotant des paroles réconfortantes dans mon oreille et me baisais les mains.

" Je suis désolé de vous avoir dérangé lors de votre journée de congé, mais je ne savais vers qui me tourner et... bégayais-je.
- Ne vous en faites donc pas, j'aurai été fort chagrinée si la Comtesse c'était passé de moi pendant cette épreuve. Je vais demander à vous faire monter du thé et des biscuits et vous allez vous détendre pendant que j'accompagnerai la Comtesse. Tenta t-elle de me rassurer mon amie.
- Non je veux la voir ! Elle est ici depuis le petit matin, les infirmières vont et viennent avec des linges souillés mais on ne me dit rien. 
- Calmez-vous enfin, vous ne serez utile pour personne dans cet état et encore moins pour la Comtesse. N'est-ce pas déjà suffisamment difficile pour elle que de donner la vie à votre enfant, faut-il vraiment qu'en plus de tout cela ses infirmières soient sans cesses gênées par son époux ? Vociféra Marthe qui me réduit au silence. Elle soupira longuement et posa une main froid sur ma joue. Un homme n'est guère utile lors d'un accouchement, alors s'il vous plait allez vous dégourdir les jambes et laissez-moi m'occuper de la Comtesse. "

J'hochais la tête. Il n'y eu rien que j'aurai pu dire pour les faires changer d'avis, personnes ne m'autorisais à voir ma femme. Marthe posa ses affaires dans un coin du couloir, retroussa ses manches et pénétra dans la chambre, je me tordis le cou pour ne voir finalement qu'une cuvette d'eau souillée par le sang de mon épouse et de deux infirmières qui allaient et venaient dans la pièce. 
Quelques secondes après, la porte était close. 

Les minutes passèrent avec une lenteur extrême, une heure suivit puis deux, et j'étais toujours réduit à attendre lamentablement sur ma chaise. J'avais proposé mon aide mais on me l'avait refusé, j'avais aidé à porter des linges, rapporter des litres d'eaux. Mais à chaque fois on me laissais sur le couloir. 
Big Ben était venu me tenir compagnie à un moment, j'étais assis sur ma chaise et il s'était seulement assis sur celle juste à côté. Il était resté peut-être une demi heure à entendre des gémissements plus horribles les uns que les autres, et il était parti simplement en me disant d'être patient.