XXI

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01 Novembre, 1857.
Demeure du Compte Styles.

Mon cher Lloyd, 

J'ai conscience que vous serez le premier à trouver et lire cette lettre, c'est ainsi pourquoi je la dédie à votre nom seulement. Mais rassurez mes bons frères je vous prie, mes nouvelles leurs sont aussi transmises. 
Après une courte escapade je suis finalement de retour au château du Comte Styles, mais vous le saviez déjà en ouvrant cette lettre je le sais. Je me porte à merveille et ne voudrais me trouver ailleurs soyez certains.

Je suis fort bien traité, je mange à ma faim peut-être trop, je dors dans des conditions fabuleuses, je lis à outrance et mes amis m'occupent énormément. En somme Lloyd, soyez sûr que votre sœur est bien traité et qui plus est en sécurité. 
Je ne sais quand je pourrais rentrer à la maison, ni même si Père m'y autorisera un jour ... 
Anna se porte-t-elle bien ? La date de son mariage approchant vivement existe-t-il une femme plus heureuse qu'elle ? Par pitié dites-moi que non. 

Il me faut cesser cette expérience épistolaire mon cher frère, je vous embrasse avec énormément d'amour et s'il vous plait, transmettez tout mes bons sentiments à mes frères et sœur. Naturellement, à Père aussi si toute fois il les acceptes. 

Votre dévouée sœur, 
Belle. 

La vie devrait être radieuse, semblable à aucune et remplit d'une infime joie. Non comparable. Mais comment était-il possible d'aspirer à de telles vies alors qu'elles même étaient emplit d'embûches et de douleur perpétuelles. 
Pour se protéger de ces destins ils nous faut tous, êtres humains que nous sommes, répondre à notre devoir et étouffer nos désirs. 

Malgré tout, les fleurs continuent de pousser où bon leur semble et ne cesse de s'embellir avec le temps. Il n'existe point de douleur plus injuste pour une femme que de s'asseoir parmi ces parterres de beautés et de se contenir à son sort.  

Je n'ai jamais été une femme qui avais le choix, enfant lorsque mes parents prospéraient j'étais réduite à la docilité et à l'enseignement que l'on me destinais. J'avais appris les langues, le latin, la musique et le dessin. Puis sont venus les cours de conduite et de tenue, qu'une femme se devait de savoir. 
Le seul choix que l'on m'avais laissé était celui d'un époux, dans la mesure où celui-ci serait fort convenable, de la haute société appartenant à une illustre famille de préférence et qui saurait offrir la fortune à ma progéniture et à ma famille. Or ce choix n'avait jamais eu à intervenir. Et il n'en serait certainement jamais le cas, c'est pourquoi -malgré son choix hideux- je me réjouissais du mariage futur d'Anna. Au moins alors, une des femmes de cette famille aura accompli son devoir. 

" Allez vous bien ma chère ?, me questionna Marthe lors de notre balade quotidienne. 
- Oui fort bien chère amie, je pensais seulement à ma sœur Anna. Avez-vous des sœurs Marthe ?
- Aucune Mademoiselle, je suis une enfant unique. Je crois que l'insuffisance fertile soit un trait de famille. 
- Je me sens odieuse Madame, de vous raconter combien je compte me priver de mes chances d'avoir un jour des enfants alors que c'était votre unique rêve, lui confessais-je. 
- Vous vous excusez trop Mademoiselle Belle, combien de fois devrais-je vous rappeler combien ma vie a été heureuse ici ? Et la votre le sera tout autant je vous le promet, même si je vous souhaite vraiment de donner la vie. Rien qu'une seule fois peut-être. "

Je ne voulais guère donner la vie à un être humain qui devrais se confronter un jour à la vie qui sera la sienne. Car assurément je ne pourrais lui éviter la peine et la douleur. 
Avec quelques chances peut-être et neuf mois de prières, il aurait été un garçon. Car assurément les garçons ne sont pas livrés avec la souffrance.

" Comment les auriez-vous appelés ? Si vous aviez eux des enfants. 
- Jeremy si cela avait été un garçon, puis que c'était le prénom de mon défunt Père et il était un homme d'un grand sens de l'honneur. Et je n'ai jamais pensé à un prénom de fille Mademoiselle. 
- Harriette Madame. 
- Pourquoi cela Mademoiselle Belle ? 
- Parce que vous avez offert votre vie à l'éducation et la protection du Comte Madame, et une mère ne l'aurait pas mieux fait que vous. Si vous aviez eu une fille, alors je l'imagine avec son prénom féminisé. 
- Oh Belle ... cessez je sens les larmes me venir. "

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant