VI

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Marthe se donnait un mal fou pour me trouver une tenue qu'elle jugerait adéquat au dîner qui m'attendais ce soir. Alors que je ne voyais aucune satisfaction à m'étouffer dans de petite étoffe serrée, ma vieille amie quant à elle s'amusait assez pour nos deux personnes. Elle ne cessait de rabâcher que ces fabuleux essais lui rappelaient de vieux souvenirs de jeunesses.

« J'adorai danser dans de joli bal, mais cela vous le savez déjà ma chère Belle ! Mais plus beau encore, je revois notre petit Maître, tout petit dans ses costumes de soirées, danser avec toutes les belles femmes invitées. Quelques soit leurs âges.

– J'ai bien du mal à l'imaginer ainsi, dis-je en rentrant tant bien que mal dans une robe d'or serré jusqu'à l'os.

– Vous avez tort de le mépriser ainsi, vous savez ... malgré tout ce qu'il vous arrive mademoiselle Belle, le Maître fait énormément de chose pour vous.

– N'avez-vous toujours aucunes nouvelles de ma famille ?

– Non mademoiselle.

– Pensez-vous au moins qu'ils savent que je suis ici ?

– Je l'ignore Mademoiselle Belle. »

Elle me coiffa ensuite, et je ne dis plus rien. Elle s'amusait à démêler mes longues mèches brunes et les faire retomber sur mes épaules dénudées par la robe. Elle rabattit les manches de ma robe qui glissèrent de mes épaules.

Une robe qui me paraissait bien ancienne mais qui toute fois gardait un charme que je venais de découvrir.

« Il me semble que le Maître se fait une joie de dîner en ventre compagnie ce soir, alors je vous en prie soyez de bonne compagnie, me quémanda-t-elle dans l'oreille. »

J'hochais la tête. Elle attacha les deux premières mèches de mes cheveux derrière ma tête et laissa le reste de ma chevelure retomber dans mon dos et sur mes épaules. Ce serais certainement la première fois que l'on me verrait cheveux découverts dans les couloirs de se château, et je ne savais pas non plus si cela était une attitude convenable pour une jeune femme.

Mais toute bonne conduite semblait avoir quitté ce château il y a bien longtemps, de plus, je n'étais pas même une demoiselle pour ce Monstre.

Lorsque j'entrais dans la salle de repas je surpris le Maître à marcher rapidement devant l'immense cheminée que l'on venait d'allumer de flammes incandescentes. Il s'était lui aussi changer avant de passer à table en ma compagnie.

« Je vois que notre balade vous a presque totalement gelé n'est-ce pas ? le taquinais-je.

– Je crois simplement pouvoir affirmer qu'il faut avoir un peu de folie pour apprécier des balades de ces températures ! me répondit-il.

– Et je pense, Monsieur, qu'il faut forcément être fou pour pouvoir vivre ici !

– Je le pense aussi ! »

Il avait souris. Rien qu'un petit peu, même très rapidement. Mais il m'avait souri pour la première fois depuis les longues semaines passés ici.

Sans demander aucunes permissions j'avais moi-même tiré ma chaise et pris place à l'autre bout de la table. Il me suivit rapidement. Nous étions toujours l'un en face de l'autre, comme les précédents repas.

« Dîtes moi s'il-vous-plait, comment une jeune femme comme vous occupes ses journées dans le Sud ?

- Je lisais beaucoup lorsque l'entreprise de Père était encore glorieuse, à vrai dire c'était mon seul bonheur. Je lui faisais dépenser des fortunes dans des librairies et je sortais trop peu à cause de cela, lui racontais-je en dégustant l'entrée qu'un domestique venait de déposer devant moi.

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant