Chapitre III

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Léréna

-Miroir, mon beau Miroir, la femme la plus cruelle je veux voir.

Une tête apparu dans le Miroir, une tête d'homme qui n'avait ni corps, ni yeux dont les orbites n'étaient que deux grands trous noirs. Cette tête, qui était d'un blanc pâle, aussi blanc qu'un cadavre, contrastait avec la fumée noire qui se trouvait derrière elle. Ce miroir se situait dans une pièce pratiquement vide, seulement remplie d'autres miroirs accrochés aux murs, sans doute pas aussi merveilleux que celui qui se trouvait au centre de la pièce. Un d'entre eux était brisé, seuls quelques morceaux de verre étaient restés accrochés, le reste était au sol et reflétaient, pour certains, le plafond.

-Tu es la femme la plus cruelle ma reine, depuis bien longtemps, répondit le Miroir.

-Bien. As-tu des nouvelles de ce village, comment s'appelait-il déjà ? Mais bien sûr ! Karellis.

-Tout a été brûlé Madame, il ne reste que le mur avec votre signature, le feu où brûlent les cadavres et quelques restes qui gisent au sol. Il ne reste aucun survivant.

-Parfait, ont-ils soufferts au moins, ces paysans ? demanda la reine.

-Oui, ma reine, certain ont été brûlés vif, après votre départ, comme vous l'avez ordonné.

-Très bien. Merci pour ces renseignements, Miroir.

La Reine se retourna et se dirigea vers la porte avec son légendaire sourire espiègle dessiné sur le visage, contente de ce qu'elle avait fait.

-Léréna !

L'interpellée se retourna plus vite qu'il n'en faut pour le dire puis disparu et réapparu juste devant le Miroir. Ses yeux n'avaient plus leur belle couleur bleue mais avaient pris une teinte rouge sang, comme à chaque fois qu'elle était en colère.

-Ne m'appelles pas comme cela ! cria la reine.

-Pourtant, tel est votre nom, lui répondit le Miroir.

-Faux ! C'était le nom d'une jeune fille qui n'est plus ! Ce nom n'est pas le mien, c'était celui de la gamine qui est morte en voulant se venger de son père, c'est la sorcière qui lui a pris sa vie !

-Et vous regrettez d'avoir demandé à cette sorcière de prendre votre vie ?

La reine se mit à rire, d'un rire à vous glacer le sang.

-Bien sûr que non ! Si je ne serai pas allée voir cette sorcière, je serai au service d'un mari que je n'aimerai pas, que mon père aurait pris soin de choisir, et ce serai mon traître et lâche de frère qui serait sur le trône. Mon père aurai été fier de lui et moi j'aurai été aux premières loges pour assister à son heure de gloire et me faire humilier une fois de plus. Aller voir cette sorcière fut la meilleure décision que j'ai pu prendre, sans ça, je n'aurai pas développé ce « loisir » à tuer les pauvres innocents ! Il faut dire que leur visage est tellement drôle à regarder quand ils sont terrifiés !

-N'avez-vous donc aucun cœur et aucune pitié pour ces innocents ?

-Vois-tu, Miroir, mon cœur, c'est la sorcière qui me l'a pris, c'était le prix à payer pour être aussi puissante et pour s'amuser avec tous ces paysans. On pourrait dire que je suis le chat et qu'ils sont les souris. Je joue avec eux avant de les manger, je les torture un peu. Je trouve qu'une proie est meilleure quand elle en a vu de toutes les couleurs.

La reine s'était remise à rire de plus belle s'imaginant en chat en train de jouer avec ses petites souris. Jamais elle n'osera manger sa nourriture crue, pensa-t-elle, il faut la laisser mariner un peu avant pour que ce soit meilleur. Surtout quand c'est mariné dans la peur et la souffrance.

La Reine Noire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant