Ulrick
Cela faisait deux jours qu'il était dans cette prison, seul. Il était sale et avait faim. Là-bas, on ne donnait que de faibles rations aux prisonniers et seulement deux fois par jours au lieu de trois. Sans arrêt, un garde passa devant sa cellule pour vérifier s'il était toujours là.
Ulrick ne savait pas combien de temps il allait devoir rester là, peut-être jusqu'à sa mort. Et pourquoi l'avait-on mis en prison ? Juste parce qu'il avait vu des soldats mettre des cadavres au feu ?
Soudain, un cri se fit entendre dans une des cellules. Ulrick s'avança jusqu'au barreaux pour voir ce qu'il se passe. Un homme était en train de se faire fouetter. C'est ce qui arrivait quand on essayait de s'échapper. C'était arrivé à Ulrick lors de son premier jour ici, il a gardé les marques du fouet dans son dos et parfois, il ressent encore la douleur.
-R'garde pas, où ils t'arracheront un oeil rien qu'pour avoir r'gardé.
Il se tourna vers le fond de la cellule. Il cohabitait avec un homme d'une quarantaine d'années qui devait être là depuis longtemps. Ses vêtements étaient des loques, sa barbe et ses cheveux grisonnants était longs, il était si maigre et son visage était si creusé qu'il se demandait comment il arrivait encore à vivre. À côté de lui, il paraissait grassouillet.
Il ne parlait pas beaucoup, ne réagissait pas quand un homme se faisait torturer, ne mangeait pratiquement rien et était sans cesse tapi dans l'ombre. Des fois, Ulrick oubliait qu'il n'était pas seul dans cette cellule.
Il s'écarta des barreaux et vint s'assoir sur le bord de son lit qui était si dur qu'il avait l'impression de dormir sur de la pierre. Il se pencha en avant et posa ses avant-bras sur ses cuisses.
-Ils fouettent tous ceux qui essaient de s'échapper ? Demanda-t-il.
-Oh, c'lui là, il essayait pas d's'échapper, ça fait longtemps qu'plus personne n'essaie d'partir d'ici, t'étais l'seul d'puis longtemps. Non, lui ils le fouettent parce qu'ils veulent l'faire parler, répondit le vieil homme.
-Et toi, pourquoi t'es là ?
-Moi ? J'sais plus vraiment, ça fait tell'ment longtemps qu'j'ai oublié.
-Et elle ne t'as jamais relâché ?
-J'sais pas si elle se souvient d'moi. Et puis, j'ai plus aucune raison d'partir d'cet endroit.
-Pourquoi ?
-Elle a tué ma femme, mes enfants et mes parents. L'seul frère qu'j'ai il est sur un autre continent à s'la couler douce.
Un garde arriva et tapa dans les barreaux.
-Et, vous deux là, vous allez vous taire ! S'exclama-t-il. Ou vous avez pas de dîner ce soir !
Il reparti en leur lançant un regard noir, les laissant tous les deux dans le silence. Ulrick se perdit alors dans ses pensées. Elle avait fait emprisonner cet homme et avait tué toute sa famille. Se souvient-elle de cela où cela ne fait seulement parti des nombreuses victimes dont elle a oublié l'existence ?
Il n'arrivait pas à croire qu'une personne puisse être comme ça. Tuer des gens de sang froid et arriver à s'endormir la nuit, comment cela était-ce possible ? Il n'arrivait tout simplement pas à concevoir qu'on puisse être aussi cruelle, pour lui ce n'était pas possible, avoir toutes ces morts, ces victimes sur la conscience, ça doit détruire une personne. Mais peut-être était-ce le cas ? Il l'espérait au fond de lui.
Mais une petite voix dans sa tête lui disait de ne pas trop rêver et que si tout le monde la craignait et que les gens disaient qu'elle était cruelle, c'était pour une bonne raison. Parce que c'était vrai.
Il repensa aux paroles de Metto. Ses soldats n'étaient pas humains. Pourtant, ceux qu'il avait vu l'étaient bien, ou du moins le paraissait.
Puis une image lui vint en tête. Quand les gardes étaient venus le chercher à l'auberge, ils avaient tué tout le monde, même Gauvin. Il se souvient de son corps gisant sur le sol, aux côtés d'autres cadavres d'hommes et de femmes, le trou de la lame de l'épée qui l'avait transpercé au niveau du cœur. Il se souvient du sang sur les murs, les meubles, les tableurs et le sol. Il secoua légèrement la tête pour effacer cette image mais il savait pertinemment qu'elle resterait à jamais gravée dans sa mémoire. Tout cela à cause de lui.
Le cri d'un homme résonna dans les prison. Un des gardes venait de lui trancher la main car il avait essayé de voler celui-ci. Le soldat lui promit de lui couper la deuxième s'il essayait de nouveau. Ulrick savait pertinemment que le prisonnier n'allait recevoir aucun soins et que son bras allait s'infecter et qu'il allait mourir de sa blessure. Il ferma les yeux et pria les dieux de pardonner cet homme, peu importe ce qu'il avait fait car c'était toujours mieux que ce que la reine infligeait aux gens.
Pour s'occuper, il s'imaginait la façon dont son oncle et sa tante étaient morts. Ce n'était pas très gai comme occupation mais ça occupait son esprit qui ne pensait qu'à la faim qui le tiraillait.
Étaient-ils morts brûlés vifs ? Ou une épée plantée dans le cœurs ? Ou encore égorgés. Avaient-ils eu une mort lente et douloureuse ou une mort rapide ? Il espérait que ce soit le dernier cela, une mort rapide et pratiquement indolore. Il pria alors les dieux pour leur âme, même s'ils avaient déjà dû les juger. Il espérait que la Mère eu été clémente et les ai amené vers un monde meilleur.
-À quoi tu penses, garçon ? Demanda son camarade de cellule.
-À la mort de mon oncle et ma tante, répondit-il sans aucune émotion, comme si cela ne l'affectait pas.
-Paix à leur âme.
-Oui, paix à leur âme.
Après un court silence, le vieil homme prit la parole.
-T'es pas d'ici hein ?
-Non, je viens de Licana, le royaume au nord.
-J'sais où se situe Licana, garçon.
-Je venais leur rendre visite, raconta Ulrick. Et quand je suis arrivé, tout ce que j'ai trouvé c'était des ruines, du sang, des cadavre et un feu. Et c'est pour ça qu'on m'a arrêté, parce que j'ai vu tout ça.
-La reine va sûrement vouloir s'débarrasser d'toi. Puisse-t-elle être clémente et d'accorder une mort rapide.
-Je l'espère aussi.
-Paix à ton âme, garçon, paix à ton âme.
Il tourna la tête vers son ami qui regardait dans le vide, sans aucune émotion. Il avait sortit cette phrase comme s'il la disait chaque jour et qu'il était lassé. Puis il regarda le sol et se rendit compte de la vérité dans ces paroles. Il allait mourir, il en était sûr.
-Oui, paix à mon âme.
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La Reine Noire - Tome 1
FantasyIl était une fois, un monde complètement différent du notre, séparé en neuf continents, et où, il fut un temps, la magie avait sa place. Géants, dragons, phœnix, griffons et autres créatures existaient jusqu'à ce que les hommes mirent un terme à leu...