Chapitre VI

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Ulrick

Il était assis au pied de son lit, à jouer avec un petit caillou qu'il avait ramassé. Il s'amusait à la lancer en l'air et le rattraper. Ce la lui permettait d'occuper son esprit au moins pendant un petit laps de temps.

Il essayait de le faire toucher le plafond humide de la cellule et, une fois cela fait, le petit caillou atterrit sur le lit. Il se leva pour aller le chercher et remarquait que quelqu'un le regardait. Il s'agissait d'une femme enfermée dans la cellule d'en face. Elle avait les cheveux en bataille, ses vêtements déchirés et la lèvre fendue.

Il essayait de ne pas prêter attention à elle et prit son caillou pour revenir s'assoir au pied du lit et recommencer son activité. Mais il sentait le regard insistant de la femme et cela le gênait. Il leva alors les yeux vers elle et la regardait droit dans les yeux.

-Pourquoi vous me regarder ? Demanda-t-il finalement.

-J'ai l'impression de vous connaître, répondit-elle d'une faible voix.

-Impossible, je ne viens pas de Somara, répliqua-t-il.

-Moi non plus.

Elle lui lança un dernier regard avant de s'enfoncer dans l'ombre de sa cellule, si bien qu'il ne la voyait plus. Il trouvait étrange que cette femme le regarde ainsi. Il n'avait aucun souvenir de l'avoir rencontré mais elle lui disait quelque chose. Sans doute avait-il rencontré quelqu'un qui lui ressemblait.

Soudain, un garde se planta devant lui, le sortant de ses pensées. 

-Sa majesté est prête à te recevoir.

Sur ce, il attrapa les clés et ouvrit la cellule. Deux autres gardes s'emparèrent de lui l'emmenèrent dans un endroit qui lui était inconnu. Ils traversèrent quelques couloir sombres et croisèrent des gardes qui faisaient leur ronde.

Il arriva dans une grande pièce extrêmement sombre. Un tapis partait de la grande porte pour finir devant un trône majestueux. Celui-ci était surélevé par des marches et était noir et des sortes d'immenses épines ressortaient de partout. Il y avait des gardes partout, tous avec une armure noire et le blason du dragon. Autour de chaque colonne, qui soutenait le plafond, crépitaient d'immenses feux. 

Sur le trône était assise une femme habillée d'une longue robe noire. Il comprit de qui il s'agissait, la fameuse Reine Noire. Ses cheveux, noirs également, étaient relevés dans un chignon, composé de toutes sortes de tresses et torsades, dont on se demandait comment il tenait tellement il était improbable. Ses yeux, d'un bleu magnifique, le fixait. Elle avait un visage d'ange, si magnifique. Metto n'avait pas mentit, elle était extrêmement belle.

Ses longs ongles tapaient d'une manière stressante sur un des accoudoirs du trône. On n'entendait que ça et le bruit des pas. Une fois qu'ils furent arrivés en bas des marches, les soldat jetèrent Ulrick au sol. La reine se leva et ordonna d'un geste aux soldats de se retirer. Ceux-ci obéisèrent et partirent en s'inclinant. Ils restèrent longtemps ainsi, en silence, le reine à le regarder et lui à fixer le sol.

-Alors c'est toi, dit la reine en descendant les marches, qu'un de mes soldats à vu.

-Oui votre...

-Silence !! C'est moi qui parle.

Le reine, une fois arrivée à la hauteur d'Ulrick, qui était toujours par terre, se baissa et lui prit le visage avec une main.

-Tu sais que je devrais te tuer pour avoir la certitude d'avoir ton silence, Ulrick, dit-elle sereinement.

Comment savait-elle son prénom ? Il se rappela alors se que lui avait dit Metto, elle lisait dans les pensées. Elle fit passer l'ongle de son index de sa main droite tout le long du visage du jeune homme.

-Que fesais-tu dans ce village ?

-Je devais aller rendre visite à mon oncle, votre altesse.

Elle lâcha son visage et se redressa. Ses ongles avait fait des traces sur le visage d'Ulrick.

-D'où viens-tu ? Lui demanda la reine

-Du royaume au nord d'ici, Licana, Votre Grâce.

-Es-tu un espion envoyé par le roi ?

-Non, votre majesté, je venais juste rendre une visite à mon oncle.

-Bien, j'espère que tu as fait tes adieux à tes proches, que tu ne verra plus.

-Pourquoi ?

Elle s'approcha dangereusement du jeune homme.

-Parce que tu restes ici. Tu vas me rendre un petit service. Ce service contre ta vie, c'est un marché qu'on ne peut pas refuser. Sinon, je serais obligée de te tuer, se serait dommage de gâcher un si joli minois. Alors, marché conclus ?

Elle se retourna et le regarda du coin de l'oeil avec un sourire machiavélique dessiné sur le visage.

-Marché conclus. Que dois-je faire ?

-Me donner des renseignements sur ton royaume.

-Pourquoi ferais-je cela ?

-Parce que j'en ai envie ! Cria-t-elle avant de reprendre plus doucement, et que nous avons un marché. Ta mémoire te ferait-elle défaut ?

Il fit non de la tête. Elle se tourna vers un des soldats.

-Donnez lui une chambre.

Le soldat hocha la tête, signe d'approbation puis elle se tourna vers Ulrick.

-Si jamais j'apprends que tu t'es enfuis, ou que tu as essayé, j'arrache ton petit cœur de ta poitrine. Est-ce clair ?!

-Oui votre altesse.

Elle fit signe aux gardes de l'emmener et monta les marches pour se rassoir sur le trône. Les gardes l'emmenèrent dans une autre partie du château où ils ouvrirent une porte. Ils jetèrent Ulrick dans cette pièce et s'en allèrent.

La chambre était spacieuse, dans les tons de vert et de gris. Il y avait une fenêtre d'où on voyait une partie du jardin royal. Dans cette chambre, trônait un immense lit à baldaquin, deux tables de chevet de chaque côté et une grande commode. Au dessus de celle-ci, il y avait un grand miroir et à côté, un paravent replié. Il y avait également deux sièges qui avaient l'air confortables et une petite table juste devant une bibliothèque.

Il était certes prisonnier mais dans de meilleures conditions que dans les cachots.

Il s'avança vers la fenêtre pour regarder le royaume. Il n'y avait que de la terre brûlé et des arbres calciné. Des petit villages étaient implantés par-ci par-là. Du côté gauche du palais, trônait une immense forêt encore verte et pleine de vie. Ulrick se demandait pourquoi est-ce que la Reine n'avait pas encore détruit cette forêt comme elle l'avait fait avec le reste du royaume. Peut-être était-ce un endroit sentimental pour elle ou quelque chose comme cela. La Reine aurait-elle une cœur ?

Il secoua la tête pour chasser cette idée. Ce n'était pas possible d'avoir un cœur et de tuer autant de personnes pour son propre plaisir. Il se retourna et alla se coucher, jugeant qu'il avait vu assez de choses pour aujourd'hui.

Ce soir là, il s'endormit avec la peur au ventre, la peur de ne pas pouvoir se réveiller.



La Reine Noire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant