Chapitre IV

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Ulrick

Il arriva au village sous la pluie. Il descendit de son cheval et l'attacha à un poteau en bois. Il était trempé jusqu'aux os et ses vêtements lui collaient à la peau et ses cheveux dégoulinaient. Il demanda à quelques passants où il pourrait trouver une auberge. Il n'y en avait qu'une dans ce village ce qui lui faciliterait la tâche.

Arrivé devant la petite auberge, il ouvrit la porte, pressé de pouvoir sécher ses vêtements et de se reposer un peu après la journée qu'il avait passé, et se dirigea vers le comptoir où un homme comptait son argent. L'intérieur était vieillot, principalement meublé de bois. Des poutres soutenaient le plafond et les vitres étaient en fait des vitraux colorés. Quelques hommes qui buvaient le regardaient passer pour ensuite reprendre leurs occupations, qui était de boire, rire et sympathiser avec les serveuses qui finiraient certainement dans leur lit à la fin de leur service. Arrivé devant le large comptoir en bois massif, Ulrick se racla la gorge.

-Puis-je t'aider jeune homme ? Lui demanda l'homme au comptoir.

-Oui, je cherche un ami d'une de mes connaissances.

-Et comment s'appelle vot' connaissance ?

-Metto.

L'homme se pencha et attrapa Ulrick par le col.

-Qui t'as parlé de lui ? Demande l'homme à dix centimètres du visage du plus jeune.

-C'est lui monsieur. Il m'a dit que je pourrais trouver refuge dans votre auberge.

L'homme le lâcha, s'écarta et se mit à rire. Ulrick ne comprenait pas trop pourquoi.

-Alors c'bon vieux Metto ne m'a pas oublié après toutes ces années. Tu veux qu'j'te dise mon garçon ? Metto était un hors la loi avant d'tenir un bar et d'oublier son acolyte.

-Metto était un hors la loi ?

L'homme se mit à rire encore plus fort, ce qui mit très mal à l'aise Ulrick étant donné que tout le monde les regardait à présent.

-Si tu savais combien de fois il a enfreint la loi, c'doit être le triple de ton âge, même plus. Et le pire, c'est qu'il a été plus chanceux qu'une catin ! Il n's'est jamais fait attrapé par les soldats d'la reine !

Un hors la loi devenait le gérant d'un bar et l'aidait à fuir la Reine Noire. Il ne manquerai plus qu'un dragon débarque ici et il croirait être fou !

-Bon allez mon garçon, j'te donne une chambre. J'te la fait gratuite pour cette nuit mais ça reste entre nous, lui dit-il en chuchotant.

Ulrick le remercia d'un signe de tête et d'un sourire.

-Au fait, moi c'est Gauvin.

-Ulrick.

Gauvin hocha la tête et lui fit signe de le suivre. Ils empruntèrent un couloir, dont les quelques portes étaient fermée et éclairée par quelques torches, et montèrent un escalier en bois situé au bout de ce couloir.

-Alors, qu'est c'qui t'emmène par ici mon garçon ?

La question qu'il redoutait. Ulrick se rappela ce que lui a dit Metto, ne jamais parler de ce qui s'est passé au village de son oncle et encore moins de la Reine Noire.

-Oh, heu... Je ne peux rien dire, dit-il gêné.

-Ne t'inquiète dont pas ! Si tu veux pas m'le dire, j'vais pas chipoter, hein !

Gauvin s'arrêta devant une porte et l'ouvrit. C'était une petite chambre munie d'un lit simple collé au mur de gauche avec une petite table de chevet en bois et d'une commode de l'autre côté en bois également. En face de la porte, il y avait une fenêtre qui donnait sur la rue. Le tout donnait une impression un peu rustique. Modeste mais ça fera l'affaire, pensait-il.

Ulrick remercia Gauvin qui repartit en bas. Il ferma la porte de la chambre et regarda par la fenêtre. Il pleuvait toujours et son cheval était attaché dehors avec deux autres de ses semblables. Il repensait à son oncle et au village maintenant détruit qu'il avait habité. Comment peut-on brûler tout un village et tuer ses habitants. Il revoit les deux gardes qui jetaient les corps inertes dans cet immense feu de camp. Le crâne sur lequel il a marché était peut-être celui de son oncle ou même de sa tante. Il essayait d'effacer cette horrible image de sa tête mais une autre lui vint à l'esprit. L'image de la main dessinée avec du sang sur le seul mur qu'il restait, comme un sorte de signature.

D'après Metto, c'est celle de la Reine Noire. Cette femme est-elle aussi cruelle que lui a décrit son ami, enfin, s'il peut l'appeler comme tel. Comment peut-on vouloir la mort de pauvres paysans innocents ?

Ulrick cessa de regarder par la fenêtre et s'allongea sur son lit pour regarder le plafond et continuer à se poser des questions. Pourquoi tout le monde avait peur de cette femme ? Qu'avait-elle fait ? Et comment avait-elle réussi à obtenir ses pouvoirs ? Des gens comme elle n'existait que dans les contes que lui racontait sa mère avant qu'il s'endorme. Peut-être que tout ceci n'était qu'un rêve et quand il se réveillerait, il serait chez son oncle. Ou peut-être pas. Sait-elle qu'il a vu ce que ses soldats ont fait au village de son oncle ? Et qu'allait-elle lui faire ?

Il repensa à ce que lui avait dit Metto. Sa beauté était telle, qu'elle ensorcellait les hommes d'un simple regard. À quoi pouvait-elle ressembler ? Tout ce qu'il savait d'elle, c'était qu'elle avait des yeux bleus qui deviennent rouges quand elle ressentait une émotion négative. Ils sont rouges, comme le sang que toutes ses victimes ont versées. Metto à également dit qu'elle avait tué son père lors d'une réception qui était en son honneur en plus. Quelle genre de personne peut faire cela ?

Puis, des sabots de chevaux, qui le sortirent de ses réflexions, retentirent dehors puis un homme dit à un autre.

-Cherchez le partout, je le veux vivant c'est clair ?

-Oui mon général.

Puis plus aucun bruit. Ulrick en profita pour fermer les yeux et tenter de s'endormir. La porte de l'auberge claqua en bas et des cris se firent entendre. Que se passe-t-il ? Sûrement une bagarre entre deux hommes bourrés. C'était fréquent dans ce genre d'endroit.

Le bruit du fer résonna, comme si des épées s'entrechoquaient, les femmes hurlaient à la mort, des choses tombaient. Il se demandait ce qu'il se passait en bas et se disait qu'il ne s'agissait pas d'une bagarre entre deux ivrognes qui se battait pour une prostituée, c'était plus que ça.

Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Quelqu'un ouvrait des portes et visiblement, cherchait quelque chose. Une femme se mit à pleurer, sûrement que la personne lui a prit un de ses bijoux qui venaient de sa famille. Puis, quelqu'un ouvrit à la volée la porte de sa chambre ce qui le fit sursauter. Trois gardes étaient sur le pas de la porte.

-C'est lui ! Emmenez-le à la reine !

Les deux autres s'approchèrent de lui et le saisissèrent.


La Reine Noire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant