La Reine Noire - Tome 1

Chapitre XVI

Ulrick

Il regarda son interlocuteur bouche bée. Cet homme, qui venait de le sauver, était le frère de la reine ? Il le détailla attentivement. Il était assez grand, quelques centimètres de plus qu'Ulrick, les cheveux de jais, les yeux magnifiquement bleus, le visage assez carré et une musculature impressionnante. Il semblait gentil, aimable et sage.

Les seules ressemblances avec sa soeur était la couleur des yeux et des cheveux. Il ne comprenait pas comment deux personnes du même sang pouvaient être aussi différentes. Ils avaient vécu les même événements tragiques et ils ont réagis différemment. Leurs réactions étaient complètement opposées. La reine avait sombré dans les ténèbres alors que Calleb semblait avoir pris un chemin disons... plus raisonnable. Celui-ci se mit à rire.

-Ne me regarde pas comme cela, dit-il, je ne vais pas t'arracher le cœur ou quelque chose du genre.

Ulrick tourna la tête et regarda les flammes de leur feu de camp crépiter. Les flammes semblaient insignifiantes pourtant, elle était destructrices. Le village de son oncle, et bien d'autres, en avait fait un bon exemple. Et c'est sûrement ce qui attendait les villages des royaumes de Tyria et Licana. Ulrick pensa à sa mère qui devait attendre avec impatience son retour. La pauvre ne savait pas qu'elle ne le reverrait plus.

-Tu sais Ulrick, lança Calleb, ma sœur n'a pas toujours été comme cela. Autrefois, elle était une jeune fille pleine de vie et d'espoir pour l'avenir. Jusqu'à ce que notre mère décède et que notre père ne veuille plus la voir. D'un côté, je comprends ce qu'elle a fait pour tout ce qui lui a fait subir. Mais ce que je ne supporte pas c'est qu'elle fasse souffrir les habitants de Somara.

Ulrick fronça les sourcils. Comment a-t-elle ou changer radicalement ?

-Pourquoi est-ce qu'elle fait cela alors ? Demanda-t-il.

-Elle veut détruire tout ce qu'avait forgé notre père pour ne plus laisser de traces de lui. Elle a détruit son royaume, ses alliances avec les rois des autres royaumes et compte bien faire oublier l'homme qui a été son père.

-Et comment a-t-elle pu changer aussi vite ? Puisque vous dites qu'elle était joyeuse et que maintenant, tuer est un hobby pour elle.

-Certain racontent que c'est l'œuvre d'une puissante sorcière vouée aux ténèbres. En fait, c'est arrivé le jour de nos treize ans. Elle était arrivée dans la salle où était la fête en notre honneur mais j'ai vu mon père lui faire comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle est alors partit en courant. Puis elle est revenue quelques heures plus tard habillée tout de noir et les yeux rouges comme le sang. Elle a déboulé dans la salle et s'est dirigée vers notre père et lui a arraché le cœur sous les regards de tous les invités. Tout le monde s'est enfuit en voyant le corps du roi tomber au sol, y compris moi. Je me suis réfugié dans le royaume de Tyria et ai changé d'identité pour passer inaperçu. Depuis ce jour, je ne fais qu'entendre toutes les atrocités que fait subir ma chère sœur à notre royaume.

Ulrick eu, pendant quelques secondes, pitié pour la reine. Mais ce qu'il se demanda c'est comment une jeune fille de treize ans pouvait faire ceci. Il se demanda également ce qu'avait pu faire cette sorcière pour la rendre aussi... inhumaine.

-Et comment comptez vous l'arrêter ? Demanda Ulrick.

-La sorcière avait créée deux objets quand elle a transformé Léréna, un miroir magique et une épée. Cette arme est la seule capable de la tuer. Il faut la planter en plein dans son cœur et attendre qu'elle prenne feu, brûlant le corps de ma sœur avec. Je me suis donc introduit, difficilement certes, dans son château il y a quelques années et ai volé l'épée.

Alors il y avait bien quelque chose qui pouvait la tuer, pensa Ulrick. Il fallait seulement pouvoir l'atteindre, ce qui était la partie la plus dure étant donné qu'elle était la personne la plus puissante de ce monde et qu'elle ne les laissera pas s'approcher d'elle sans les tuer avant.

-Mais on dit que la reine n'a pas de cœur, remarqua Ulrick.

-Et j'ignore si cela est vrai, répond le prince. J'imagine qu'il faudra viser là où elle est censée en avoir un.

Il fallait donc avoir un bon timing et bien viser. Mais Ulrick était-il capable de la tuer ? Où se comporterai-t-il en lâche devant elle ? Calleb se leva et ajouta quelques morceaux de bois dans le feu de camp.

-Quoi qu'il en soit, ajouta-t-il, nous partirons demain à l'aube pour atteindre au plus vite le royaume de Tyria. Maintenant, reposons nous pour nous réveiller le plus tôt possible.

Calleb se rassit par terre, s'arrangea un lit et s'allongea. Ulrick fit de même, mit ses mains derrière sa tête et regarda les étoiles. Au fond de lui, il espérait pouvoir tuer la reine pour pouvoir retrouver sa mère, mais il savait qu'elle était beaucoup trop puissante et qu'il n'y arriverait pas seul.

Le problème était que Léréna n'attendrait pas pour attaquer. Et si elle commençait par le royaume de Licana pour tuer sa mère et le faire souffrir ? Avec elle, il fallait s'attendre à tout.

Ce soir, la lune était pleine et illuminait le ciel. Avant que son père ne meurt, ils adoraient, lui, son père et son frère, regarder les étoiles et trouver les constellations. Puis son père s'est fait tué et son frère était partit découvrir le monde. Il a continué à regarder le ciel mais seul, en espérant que son frère faisait de même. Ulrick s'endormit en se faisant à l'idée que c'était sans doute la dernière fois qu'il regardait le ciel étoilé.

***

Ils passèrent la frontière entre Somara et Tyria dans la matinée. Ils galopèrent à travers le royaume tout le reste de la journée vers une destination inconnue d'Ulrick. Ils arrivèrent dans la soirée dans un petit village où ils furent accueillis comme des sauveurs. Les gens leur avaient fait à manger, avaient préparés des chambres confortables dans une petite maison tout à fait charmante.

Ulrick ne put dormir cette nuit-là, tourmenté par ce qu'il adviendrait de sa chère mère quand la reine serait passée. Peut-être même que ses armées étaient déjà en route pour Licana, ayant fait couler le sang des paysans qu'elles auraient croisées.

Le lendemain, Calleb l'emmena dans la forêt. Ils marchèrent longuement pour arriver devant une immense cascade.

-Où allons-nous ? Demanda Ulrick.

Calleb se retourna et lui sourit.

-Tu ne tardera pas à le savoir, répliqua-t-il.

Puis il s'avança vers la cascade, escalada quelques pierres et passa derrière la chute d'eau. Ulrick regarda autour de lui en pensant qu'il avait rêvé. Il se pinça l'avant-bras pour le vérifier et se rendit compte qu'il était bien éveillé.

Calleb revint puis fit signe au jeune homme d'avancer. Peu rassuré, il marcha là où l'avait fait son ami quelques minutes plus tôt et passa derrière la cascade à son tour. Il atterrit, dans une immense grottes où des hommes et des femmes passaient, les bras chargés d'armes.

La grotte n'était seulement éclairée de quelques torches accrochées aux murs, et était très humide. Calleb et Ulrick s'enfoncèrent dans la grotte et le jeune homme découvrit une immense armurerie. Beaucoup d'hommes et de femmes forgeaient des armes, des côtes de mailles et des armures, et d'autres s'entrainaient dans un coin. Ce n'étaient rien face aux mines des Morgoths qu'il avait pu voir mais c'était déjà pas mal.

-Où sommes nous exactement ? Demanda Ulrick.

-Chez ceux qui sont prêts à tout pour faire tomber ma sœur, qui ont soif de vengeance. Ils se font appeler les Libérateurs du Mal.