HeartBreaker (FR)

Chapitre 3

J'arrivais à l'hôtel en courant, c'était bondé de monde, ce qui était plutôt rare pour un hôtel de luxe. Peut-être qu'il y avait un évènement, ça expliquerait toutes ces personnes habillées chiquement alors qu'il n'était que 11h. Heureusement que je ne m'habillais jamais simplement et que j'avais toujours un minimum de classe.

J'esquivais tout ce qui bougeait: les serveuses, les hommes de la sécurité, les clients et même un ou deux caniches qui aboyaient comme pas possible.
Mais alors que je rentrais dans le restaurant de l'hôtel, je bousculais quelqu'un. J'eus à peine le temps de me retourner pour m'excuser qu'elle était déjà parti. Elle était très belle et n'était pas habillée comme tous les gens autour de nous, au contraire, elle avait une simple robe et les cheveux lachés. Elle semblait hors d'elle et préssée.

Je ne m'attardais pas et continuais ma course contre la montre jusqu'à trouver l'homme d'affaire que je cherchais près d'une table.

-Bonjour christian. Dis-je en lui tendant la main.
-Salut Klaus. Dit-il en la serrant. Tu es en retard.
-Oui, excusez-moi, j'ai eu un petit imprévu, rien d'important.
-Assis-toi. Ce soir c'est l'anniversaire de monsieur Berking, le fondateur de ce que tu vois autour de toi et d'une centaine d'autres hôtels, un grand homme !

Qu'est-ce que j'en avais à foutre ?

-Enfin bon, parlons des choses pour lesquelles nous sommes là.

Ah, quand même.

-Tenez, voici la photo de cette demoiselle, elle s'appelle Samantha Berking, elle a...
-A peu près vingt-deux ans, un mètre soixante-cinq tout au plus, un fort caractère, des goûts moins luxueux qu'elle ne devrait avoir et des formes très, très belles. Elle doit faire du sport tous les jours. Le coupais-je.
-Je ne savais pas que tu étais aussi fort. Souriait-il, ébahit.

C'était la fille que j'avais bousculé lorsque j'entrais dans le restaurant, un coup de bol honnêtement !

-Voici le dossier de ce que vous devez savoir concernant ses relations familiales, ce qu'elle aime et certaines de ses habitudes. Le reste, vous devrez chercher par vous même. Elle loge au dernier étage de cet hôtel et deux chambres à côté de la sienne sont mises à votre disposition jusqu'à ce que vous terminiez votre affaire.

J'ouvrais le dossier et regardais ses habitudes. Elle allait à la piscine tous les soirs à 23h juste après avoir été à la salle de sport. Elle aimait boire une soupe de légumes le matin et détestait le chocolat.

Mais c'est quoi ça ?

-Ne soyez pas étonné, vous n'avez encore rien vu. Elle est fiancée à un certain Aaron Costello, propriétaire de trois grandes boîtes de nuit très fréquentées. Ils ne se voient que le week-end et s'apellent tous les soirs.
-Elle aime l'art ?
-C'est exacte, elle est passionnée par tout ce qui concerne l'art.

Un point en commun.

-Ah, j'avais oublié de préciser; Ils se marient dans deux mois.
-Deux mois ?!
-Oui, dans exactement deux mois.
-Est-ce qu'elle est heureuse avec lui ?
-Je n'en sais rien, je ne fais que vous donner les instructions. Et en ce qui concerne le prix, le client est prêt à vous verser une très bonne somme.
-Qui est-ce ?
-C'est confidentiel.
-Ce sera tout ?
-Oui, bonne chance, vous en aurez besoin.

Sur ce, je me levais et lui serrais la main. J'observais les gens autour de moi, ils rigolaient, discutaient et mangeaient. Ils faisaient surtout beaucoup de bruit, je détestais ce genre d'endroit car je m'y sentais étouffé. Je me dirigeais vers la sortie, déterminé à reussir cette mission. Je la vis une seconde fois descendre du grand escalier principal qui menait à l'accueil. Elle était maintenant sourillante, au téléphone. J'en déduisais qu'elle parlait avec Aaron car elle était complètement décontractée, contrairement à tantôt. Nos regards se croisèrent un bref instant durant lequel j'eus un petit frisson. Elle éclata de rire et continuait à parler avec son fiancé. Je voyais alors une fille amoureuse et pétillante, je ne pouvais pas détruire ça.

Je pris alors rapidement mon combiné et appelais Bob. Il décrocha à la première sonnerie.

-Alors, tu as...
-On ne peut pas accepter cette affaire.
-Non, attends vieux, calme-toi, respires bien et réfléchis à ce que tu es entrain de dire. Est-ce que tu te souviens que nous devons vingt-quatre mille dollars à Greg ? Nous ne pouvons pas refuser cette affaire !

Je ne disais rien, je la regardais pleine de joie alors que j'étais adossé à un énorme pilier rond en ivoire. Elle faisait des allés retours entre l'escalier et la grande porte d'entrée, elle dégageait quelque chose de beau et rendait son entourage plus joyeux. Un soupçon de tristesse me traversa lorsque je me rendis compte que Bobby avait raison, je ne pouvais pas refuser ce contrat.

-Ouais, t'as raison, j'arrive.

Sur ce, je raccrochais.

En prenant bien soin de l'éviter, je sortis de cet endroit étouffant en réfléchissant à quelques stratégies que je pourrai mettre en œuvre plus tard.

-Deux chambres au dernier étage du Berking palace ? Dit-il fou de joie. On devrait faire affaire avec cet homme plus souvent !
-Avant de nous installer il faudra la suivre pendant à peu près une semaine pour savoir exactement ce qu'elle fait et mange chaque jour.
-Bien evidemment, on commence quand ? Dit-il la bouche pleine de chocolat.
-On commence à la suivre demain matin, aujourd'hui on va chercher des informations sur Aaron.
-C'est parti !

Après avoir tourné sur lui même trois fois sur son siège roulant, il se mit à faire des recherches pendant que je mangeais un casse-croûte au beurre de cacahuète et jambon de dinde, mon préféré. Tout le monde me disait que cette chose était répugnante alors qu'ils n'avaient jamais goûté, n'importe quoi. Je n'avais rien d'autre à manger lorsque j'étais petit et que ma mère ne s'occupait pas de moi, je trouvais ça plutôt bon.

Je repoussais ces mauvais souvenirs et me mettais moi aussi à la recherche d'informations.

-Il a été impliqué dans une affaire d'escroquerie il y'a cinq ans. Disait Bob quinze minutes après avoir commencé à faire des recherches.
-Et donc ?
-Attends, je continue à chercher.

Je me levais et me mettais derrière lui en m'appuyant sur le bureau à l'aide de mes deux mains.

Il fallait absolument que nous trouvions quelque chose sur lui pour pouvoir l'utiliser en cas de besoin.

-Il a été innocenté pas longtemps après car il avait un alibi.
-Putain ! Dis-je énervé.
-Il est millionnaire depuis plusieurs années maintenant, il collectionne les belles voitures et les belles maisons.

C'est monsieur parfait, evidemment, comme si cette histoire n'était pas assez compliquée !

Personne n'est parfait, il doit sûrement cacher quelque chose.

Ma conscience me remonte le morale, elle a raison !

-Au moins il n'a pas de jet privé. Dis-je ironiquement.
-Il en a un, il a même écrit "Samantha" à l'arrière de l'avion, avec un petit coeur en plus.
-C'est une blague ?
-Absolument pas, il a beaucoup d'actions dans plusieurs entreprises, ce qui a fait sa fortune.
-Doit bien y'avoir une faille quelque part ! On continue.