Vendredi 5 février
La route est déserte. Mickael sent les nappes de brouillard lécher les vitres de la Ford rouge et monte le son de la radio pour se rassurer.
« The sharref don't like it, rockin' the Casbah, rock the Casbah.. »
Il se met à fredonner ce morceau des Clash qui lui rappelle bien des souvenirs.
Sa femme dans leur jeunesse, ses deux enfants dont il est si fier aujourd'hui... Elle n'aurait jamais dû les abandonner sans explications.
Après la naissance d'Arnaud elle s'était enfuie, et du jour au lendemain plus aucune trace d'elle ou de ses parents. Même sa sœur était aux abonnés absents.
Mais il avait réussi à survivre, travaillant parfois jusqu'à quinze heures par jour au garage pour pouvoir nourrir ses enfants et payer le loyer de leur petite maison.
Il bifurque sur sa gauche pour prendre la petite route qui relie la nationale à la ville voisine où se situe le garage. Plus que dix minutes de trajet.
Marie n'était pas une femme comme les autres, elle était la seule à l'avoir fait rire, à l'avoir ensorcelé de son rire cristallin, ondulant sa chevelure brune comme personne.
Il se souvient encore de la première fois qu'il l'avait vue danser, lors d'une fête de lycée. Elle était belle, souriante et pleine de vie.
« Arnaud doit tenir ça d'elle, songe t-il. »
Agathe au contraire tenait son caractère de son père, sauvage et solitaire. Pour elle les mots n'étaient pas nécessaires. Ils pouvaient rester des heures à réparer une voiture tous les deux, se comprenant sans dire un mot.
Mais physiquement, elle ressemblait indéniablement à sa mère. Les longs cheveux bruns, les grands yeux noirs, le visage mince et clair. Le portrait craché de Marie.
Mickael prend la route sur sa droite, et s'engage sur le rond-point. Les rues sombres se débarrassent petit à petit du brouillard mais la nuit semble ne jamais vouloir s'en aller.
Il est presque 7h du matin, la boulangerie est déjà ouverte et Mickael décide de s'y arrêter.
Il s'achète un pain au chocolat qui fera office de petit déjeuner et sûrement de déjeuner puisqu'il ne peut pas se permettre de prendre des pauses en ce moment, la fin du mois arrive et il doit réussir à boucler son loyer.
La Ford rouge redémarre et s'engage dans l'allée qui mène au garage.
Soudain, un bolide noir déboule de la rue adjacente et fonce droit sur lui.
Il recule rapidement mais l'autre est trop rapide et ne semble pas le voir. Il lui semble même qu'il accélère.
Il tente de faire un appel de phares, paniqué mais ne parvient qu'à éblouir le véhicule d'en face.
Mickael sent son coeur exploser dans sa poitrine, il ne pense qu'à ses enfants et se demande s'il va s'en sortir.
Les mains crispées sur le volant, le pied enfoncé sur l'accélérateur il continue de reculer, cherchant un échappatoire mais la rue est à sens unique et l'autre se rapproche dangereusement.
Cherchant dans sa tête une image heureuse à laquelle se raccrocher, il se met à penser à ce petit chaton qu'il a offert récemment à son fils pour son anniversaire et qui les a réunit tous les trois de longues heures dans le salon à l'observer se battre avec les coussins du canapé.
Ce chaton si innocent leur a apporté tellement de bonheur qu'il ne regrette pas cet investissement.
Il revoit sans cesse les visages de ses deux enfants pleins de joie.
Soudain, le choc.
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Voilà le premier chapitre, j'espère qu'il vous à plu !
N'hésitez pas à donner votre avis.Je vous dis à très vite pour la suite !
Bisouuuus