Chapitre 45

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Samedi 20 février

Les rayons du soleil éclairent faiblement la rue déserte. Depuis déjà deux heures, Agathe et Grégoire observent silencieusement la porte noire qui reste délibérément close. Ils se sont installés dans un café de l'autre côté de la rue et grignotent distraitement des sandwichs.

« - Regarde, je crois qu'il y a du mouvement, lâche tout à coup le jeune homme en percevant un mouvement.

Le cœur battant, Agathe suit son regard et aperçoit effectivement deux silhouettes sortir de la maison qu'ils observent. Elle reconnaîtrait la démarche de Bastien entre mille.

Les deux jeunes gens se lèvent en quatrième vitesse, jette la monnaie de leur consommation sur la table et se ruent à la suite de leurs cibles.

Agathe a mis sa capuche et chaussé les lunettes qu'elle avait utilisé pour l'audition d'Emilie afin que Bastien ne puisse pas la reconnaître. Il serait capable du pire si c'était le cas.

Ils continuent discrètement leur filature pendant quelques minutes, en prenant bien garde de se tenir à distance respectable pour ne pas se faire repérer. Agathe sent son cœur pulser partout dans son corps et à en juger par la tête de son ami, lui aussi est terrifié.

A bout de souffle, ils s'arrêtent finalement à l'angle d'une ruelle. Les deux silhouettes ont tourné dans la petite rue et ils ont entendu une porte claquer.

Grégoire fait un signe à Agathe pour lui demander de patienter et il avance prudemment pour jauger la situation. Tremblant de tous ses membres, la jeune fille se sent soudain prise de nausées. Elle tente d'inspirer profondément mais la peur tétanise tout son corps.

Sans avoir le temps de comprendre ce qui lui arrive, elle se plie en deux sur le trottoir et vomit l'intégralité de son maigre déjeuner.

- Agathe ! crie son ami en se ruant vers elle. Tout va bien ?

La jeune fille est encore plus pâle que d'habitude et cela l'inquiète fortement. Elle tente de se donner une contenance et se redresse avec un faible sourire.

- Désolé, c'est juste tous les souvenirs qui remontent et ça fait beaucoup d'un coup.

Compatissant, il s'approche et la serre brièvement dans ses bras.

- On peut toujours arrêter maintenant, il n'est pas trop tard tu sais.

Elle secoue la tête, bien décidée à éradiquer une fois pour toute son cauchemar.

- Non, on continue.

Grégoire soupire. Décidément c'est la fille la plus têtue qu'il connaisse.

Les deux jeunes gens s'avancent à pas de loup dans la ruelle, retenant leur souffle. Bien consciente que pénétrer dans l'antre de Bastien serait du suicide, Agathe aimerait tout de même être sûre qu'il s'agit de sa planque avant d'appeler la police pour le faire tomber.

Elle aperçoit rapidement la petite fenêtre qui donne également sur la ruelle et s'en approche prudemment. Elle jette un regard rapide mais ne voit rien d'anormal. Seulement ce qui ressemble à une cuisine, avec une vieille gazinière, un micro-onde et une table en formica multicolore.

- Alors ? l'interpelle Grégoire à voix basse.

Elle revient aux côtés de son ami qui surveille la rue principale et lui adresse une moue boudeuse.

- Rien de suspect. Qu'est-ce qu'on fait ?

Le jeune homme n'a pas le temps d'ouvrir la bouche qu'un claquement métallique les faire sursauter. Sans même se retourner, les deux adolescents tournent les talons et se mettent à courir autant que l'adrénaline leur permet. Ils détalent ainsi dans les rues de la ville, le cœur battant et sans jamais regarder en arrière.

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