Chapitre 65

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Mercredi 24 février


« - On est arrivés, tout le monde descend !

- Enfin ! s'exclame Thibault, le premier à se lever pour se dégourdir les jambes.

Les autres jeunes l'imitent et se pressent tous pour sortir du bus dans lequel ils ont passé leurs deux dernières heures.

- Les filles, vous faites quoi à manger ce midi ? demande Guillaume l'estomac grondant.

Rachel qui est derrière lui lui assène une tape sur le crâne en râlant :

- Tu sais que tu as le droit de faire à manger toi aussi ! C'est pas toujours à nous de faire le boulot pour tout le monde.

- Oui mais tu cuisine si bien... J'adore manger tes petits plats, Rachelounette, ajoute-t-il en battant des cils.

- Rachelounette ? Sérieusement ?!

La jeune fille éclate de rire, vite suivie par Guillaume, mais son cœur bat la chamade comme à chaque fois qu'elle est près de lui. Le jeune homme lui fait les yeux doux et elle finit par céder.

- Ok ok, je vais préparer à manger, mais à une condition. Tu viens m'aider à mettre la main à la pâte.

Il n'a pas d'autre choix que d'accepter et les deux jeunes gens se dirigent en plaisantant vers la cuisine, vite rejoins par Lou et Arnaud en renfort.

Pendant ce temps-là, Agathe prend Maxime à part pour mettre les choses au point concernant son petit frère.

- Max, j'ai deux mots à te dire.

- Oui ? dit-il en remontant ses lunettes sur son nez. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment mais je trouve que tu n'as pas une très bonne influence sur Arnaud et j'aimerais que tu arrêtes de le faire jouer à des jeux débiles. Et que tu arrêtes de lui apprendre des gros mots aussi.

Surpris, le jeune homme fronce les sourcils.

- Comment ça une mauvaise influence ? Excuse-moi de passer du temps avec lui quand tu n'es pas là ! Je suis son seul ami je te signale.

Agathe est soufflée par la réaction de son interlocuteur et part d'un rire nerveux.

- Pardon ? Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Mon frère est la personne la plus importante de ma vie et je sais parfaitement comment m'en occuper alors je me passerai de tes conseils. Je veux juste que tu arrêtes d'être un mauvais exemple pour lui. Et puis trouves-toi des potes de ton âge ! Merde à la fin !

De rage, elle donne un coup de pied dans le siège à sa droite et tourne les talons. La colère transpire de tous ses pores et elle se sent soudain envahie par un trop plein d'émotions.

Sentant la crise arriver, elle se hâte dehors et se met à courir vers les grands arbres qui bordent le parking où est stationné le bus. Passé le couvert des arbres, elle s'enfonce quelques minutes dans la forêt, le corps vibrant d'un mélange de haine et de désespoir.

Toutes les émotions négatives qui la submergent depuis les mots blessants de David remontent à la surface et la jeune fille se met à hurler. Elle crie sa rage, son chagrin, pendant un moment qui s'étire à l'infini. Le vent lance ses cheveux bruns dans tous les sens et le froid rougit sa peau mais elle continue de déverser ses émotions sans relâche.

Puis, à bout de souffle, elle se tait enfin. Le silence l'emplit tout entière et elle sent un poids en moins sur ses épaules. Soulagée d'une partie de sa peine, elle observe maintenant la forêt qui l'entoure. Les arbres immenses, balayés pas le vent, laissent à peine passer la lumière malgré l'hiver qui a éclaircit leur feuillage.

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