Jeudi 18 février
Les premiers rayons du soleil viennent lécher la peau nue de l'avant-bras de la jeune fille. Ses longs cheveux bruns se soulèvent lentement au rythme de sa respiration.
Un léger souffle sur son bras hérisse ses poils. Quelque chose lui caresse doucement l'épaule. Sortant doucement de sa torpeur, Agathe grommelle quelque chose d'incompréhensible. Visiblement, on ne veut pas la laisser dormir tranquillement.
Ouvrant lentement un œil, la jeune fille ne peut s'empêcher de sourire en tombant nez à nez avec Flamby qui ronronne à ses côtés. Le chaton la regarde de ses grands yeux innocents, en attente de câlins sans doute.
Agathe bâille exagérément puis se redresse sur son siège, le corps ankylosé par cette courte nuit. Sa tête la lance terriblement et sa langue est toute pâteuse.
« - Bonjour mon chat, murmure-t-elle au félin qui joue maintenant avec ses longs cheveux bruns.
Elle prend quelques minutes pour divertir le petit animal avant de se lever pour détendre ses longues jambes. Dans le bus tout le monde dort profondément, le silence seulement rythmé par les respirations et ronflements de ses amis.
La jeune fille sort à pas de loup du véhicule et s'étire une fois dehors. L'air est frais et elle se félicite d'avoir enfilé son manteau.
Il doit être aux alentours de 9h du matin. Après un rapide calcul, elle se rend compte qu'elle n'a dormi que quatre heures. En effet la veille, après avoir passé un long moment dans la clairière elle avait fini par rentrer, abandonnant David à son silence.
Cette étrange soirée l'avait perturbée. Elle ne s'était jamais sentie aussi proche du jeune homme qui ne lui avait pourtant pas dit un mot de plus. L'espace de quelques heures, elle avait eu l'impression d'avoir pénétré la carapace qu'il s'était forgé. Et sa fascination pour David s'en retrouvait d'autant plus renforcée.
Sous ses airs mystérieux et son caractère rebelle, Agathe est persuadée qu'il cache de lourds secrets et cela l'intrigue au plus haut point. Et son attirance pour le jeune homme la ramène toujours vers lui, sans qu'elle puisse essayer de lutter contre ses sentiments naissants.
- Salut !
Agathe sursaute en entendant Grégoire dans son dos. Les évènements de la veille lui reviennent en pleine figure et elle aimerait se terrer dans un trou de souris pour échapper à la conversation qui va suivre. Elle se retourne timidement, priant pour que Grégoire ne perçoive pas son trouble.
Celui-ci lui sourit et malgré ses petits yeux dûs au manque de sommeil elle le trouve toujours aussi charmant. Elle lui rend son sourire sans savoir quoi dire. Le jeune homme se râcle la gorge, visiblement mal à l'aise lui aussi :
- Alors, bien dormi ? Tu as passé une bonne soirée ?
La brune acquiesce en rougissant.
- A ce sujet, ... commence-t-elle timidement.
- Tout va bien, je ne t'en veux pas pour le baiser, la coupe Grégoire gentiment.
Soulagée, Agathe se confond néanmoins en excuses.
- Je suis vraiment désolée, je ne pouvais pas laisser Emilie gagner... Et tu es le seul en qui j'ai confiance, je ne pouvais pas embrasser quelqu'un d'autre...
Le jeune homme s'avance et lui prend les mains avec douceur, pour la rassurer.
- Ne t'en fais pas pour ça, je ne suis pas fâché Agathe. Ce n'est pas ta faute, elle t'a poussé à bout je comprends.