Vendredi 12 février
A 19h pile Bob est devant la porte de la petite maison qu'habitent Grégoire et sa mère.
Il remet en place sa chemise et frappe à la porte. Une grande et mince dame aux traits tirés vient lui ouvrir.
Elle a du être d'une beauté magnifique plus jeune, mais le temps et les aléas de la vie ont laissé sur son beau visage des marques indélébiles.
Ses beaux yeux bleus lui intiment d'entrer sans qu'un son ne sorte de sa bouche.
Elle s'efface pour le laisser passer.
« -Pile à l'heure ! S'exclame Grégoire un brin railleur.
- Je t'assure que je n'en tire aucun plaisir. Je suis désolé que ça doive se passer ainsi, mais je te promets que tu seras vite rentré.
Bob sait que la pilule sera dure à avaler pour le jeune homme, mais il n'a pas d'autre choix.
Leur quête n'a aucun sens s'ils ne sont pas réunis tous les seize. Si l'un d'eux manque à l'appel, rien ne sera possible.
- J'ai déjà pris contact avec plusieurs femmes à tout faire, je vous ai ramené toutes les informations nécessaires si vous avez besoin.
La femme accepte les papiers sans broncher. Elle s'est assise dans un coin du canapé de cuir et ne dit pas un mot. Pendant ce temps, Bob règle les dernières formalités avec le jeune homme.
Il a raconté toute l'histoire à sa mère, qui sait qu'il n'a pas d'autre choix que de partir. Mais le chagrin qui émane de celle-ci est perceptible a des kilomètres.
- J'ai un numéro de portable sur lequel vous pourrez me contacter à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. J'aimerais si possible que Grégoire laisse le sien ici.
- Pardon ? Vous voulez que je coupe totalement le contact, non seulement avec ma mère mais aussi avec le monde extérieur ?!
- Disons que tout le monde à laissé son téléphone et ses objets connectés chez soi pour l'instant, je ne veux pas qu'ils croient que tu aies un quelconque privilège.
- Mais comment pourrai-je prendre des nouvelles de ma mère si je n'ai pas de téléphone? S'indigne le garçon.
- Je peux te prêter le mien, ou bien tu peux utiliser les tablettes qui sont dans le bus. J'ai même installé la wifi. Mais je ne veux pas polluer votre environnement avec trop de technologies, vous les jeunes êtes suffisamment accros à vos téléphones comme ça.
La femme hoche la tête.
- Il a raison.
Bob la regarde surpris. Il l'avait oubliée, la pensant même muette.
Grégoire soupire. Il ne peut pas lutter contre sa mère.
- J'espère au moins que vous avez de quoi lire pour passer le temps.
- Ne t'inquiète pas pour ça, j'ai tout ce qu'il faut, dit Bob avec un grand sourire. Et même plus que tu ne l'espère. Et vous allez apprendre à vous connaître toi et les autres, je t'assure que tu ne seras pas déçu. Mais surtout, nous allons devoir découvrir tes dons et parvenir à les développer.
- J'ai hâte de voir en quoi cela consiste, avoue Grégoire, vaincu par la curiosité.
Ne sachant pas quoi ajouter il se jette dans les bras de sa mère. Leur étreinte touche un point sensible dans la poitrine de l'homme.
Cela faisait des années qu'il n'avait pas tenu quelqu'un dans ses bras. Des années jusqu'à la veille. Agathe.
La femme, caressant lentement les cheveux noirs de son fils s'adresse à lui à voix basse :