Chapitre 35

83 7 1
                                    

Mercredi 17 février


Le bip régulier du moniteur l'empêche de se concentrer. Il lève lentement une main pour remettre de l'ordre dans ses cheveux en bataille. Le teint encore pâle, Bob se pince les joues pour avoir l'air en meilleure forme. Ses recrues viennent lui rendre visite et il ne veut pas les affoler plus que nécessaire.

L'infirmière lui a assuré que si tout se passait bien il serait dehors sous 48 heures, à condition d'avoir validé tous les tests psychologiques et physiques. Mais n'ayant montré aucun signe de dépression, il est peu probable qu'ils le gardent plus longtemps.

L'homme n'a pas fait son deuil, loin de là, mais il sait que son geste était stupide et désespéré, et est bien conscient de la chance qu'il a d'être toujours en vie. Il s'est promis depuis son réveil de ne plus jamais mettre en péril sa mission et de toujours veiller sur les jeunes gens qu'il a embarqué à sa suite.

Un bruissement dans le couloir lui annonce l'arrivée de ces derniers. Il entend plusieurs chuchotements, puis on toque à la porte.

« - Entrez.

La tête de Grégoire se matérialise, un sourire aux lèvres. Puis il pénètre dans la pièce, suivi bien sagement de ses camarades. Arnaud s'avance vers le lit un gros bouquet de fleurs à la main.

- Tiens c'est pour toi. Pour que tu te remette très vite et que tu revienne conduire le bus.

Les jeunes gens sourient à ces mots. Agathe attrape la main de son petit frère en le regardant tendrement.

- Merci les enfants c'est très gentil d'avoir pensé à moi. Je vous promet que je serai bientôt sur pieds, et je suis plus motivé que jamais pour réussir notre mission !

Il leur adresse un grand sourire qui se veut rassurant. Cela a l'air de fonctionner puisqu'ils poussent tous un grand soupir. Martin serre le bras de sa sœur qu'il sent se détendre petit à petit. Ils attendaient tous cette réponse positive pour retrouver le moral.

- Tu penses sortir quand ?

C'est Thibault qui a posé la question, Emilie toujours accrochée à son bras. Pour une fois, elle a perdu son air hautain et semble consciente de la gravité de la situation.

Bob se râcle la gorge, manquant de salive.

- D'ici deux jours je serais dehors si tout se passe bien. Je suis désolé pour le retard que nous prenons à cause de moi mais je vous promets de me rattraper. Vous avez commencé les entraînements ? questionne-t-il, sa voix faiblissant peu à peu.

Martin lui répond par l'affirmative et laisse Arnaud lui détailler leur séance de l'après-midi avec enthousiasme. La candeur du garçon finit de les dérider tous totalement et chacun y va de son commentaire sur leur journée. Profitant du bruit ambiant, Grégoire tire Agathe par la manche et lui souffle à l'oreille :

- Alors tu as pu parler à David ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Mal à l'aise, la brune tortille une mèche de cheveux et met quelques secondes à répondre, non sans avoir jeté un regard au concerné.

- Il prétend qu'il n'a pas besoin de faire du sport et qu'il est déjà en forme. Mais il se joindra à nous si on fait du combat.

Le brun soupire et pose une main sur son épaule.

- Tant pis, au moins on aura essayé de l'intégrer, Bob ne pourra pas nous le reprocher.

Ce contact perturbe Agathe. Non pas parce qu'elle ressent quelque chose pour Grégoire, au contraire. Ce contact la perturbe car contrairement à la fois où elle a effleuré David dans le bus et où des milliers de picotements l'avaient saisie, elle ne ressent rien.

WILDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant