Samedi 13 février
En cette fin de matinée, chacun vaque à ses occupations.
Chez les filles, Agathe décide de sortir faire un tour, tandis que Lou lit un livre assise sur son lit. Émilie est déjà chez les garçons, bien décidée à faire craquer Thibault sur elle.
La brune enfile son imperméable car bien que le temps soit au beau fixe, l'air est encore très frais. Dehors tout est calme.
Elle longe le couloir qui mène à l'ascenseur et arrive rapidement au rez-de-chaussée. En traversant le hall d'accueil elle tombe nez à nez avec Grégoire qui l'accoste avec un grand sourire.
« - Agathe, comment vas-tu aujourd'hui ? Bien dormi ?
La jeune fille acquiesce tout en continuant son chemin. Mais Grégoire la suit en demandant :
- Où vas-tu comme ça ?
- Je vais juste prendre un peu l'air, Bob nous a dit qu'on avait quartier libre toute la journée alors j'en profite.
- Je peux t'accompagner ?
Elle hoche la tête, heureuse malgré tout d'avoir de la compagnie.
Grégoire est sûrement la personne avec qui elle apprécie le plus discuter en dehors de Bob, même si elle ne le connaît encore que très peu.
Il a l'air d'être une personne de confiance bien qu'il soit trop curieux à son goût.
- Je suis désolée pour ce qui s'est passé hier. Je ne voulais pas plomber l'ambiance mais Émilie me met vraiment hors de moi dès qu'elle ouvre la bouche ! Ça doit être ça son super pouvoir ! Ironise la jeune brune en serrant les poings.
- Détends-toi Agathe, elle n'est pas là alors n'en parlons pas. Je comprend ta haine, elle est plutôt pénible comme fille mais ce n'est pas une raison pour la laisser te mettre en rogne à chaque fois que vous êtes dans la même pièce. Nous allons vivre un certain temps ensemble d'après ce que j'ai compris, alors autant mettre vos différents de côté.
- Plus facile à dire qu'à faire.
- Bon et bien parlons d'autre chose. Parle moi de toi ? Comment es-tu arrivée ici ?
Le jeune homme tente désespérément de changer de sujet avant qu'elle ne s'énerve plus. Il passe une main dans ses cheveux noirs en soupirant.
Le silence de sa camarade est angoissant et semble durer une éternité. Enfin, elle daigne répondre, estimant qu'il n'y est pour rien si elle est en colère contre Émilie.
- Parle moi plutôt de toi. Je ne suis pas d'humeur bavarde aujourd'hui..
Son ton sec quelques instants auparavant se fait maintenant plus distant. Elle a retrouvé sa carapace. Il n'insiste pas.
- Et bien je ne sais pas trop par où commencer.. J'habite avec ma mère dans la même ville depuis que j'ai huit ans. Je fais du rugby depuis le collège, et je joue un peu de guitare que j'ai appris tout seul. Que dire de plus.. Ah, J'adore les coquillettes au jambon ! Ajoute t-il en espérant dérider la jeune fille.
Il parvient même à lui arracher un petit rire discret. Un grand sourire éclaire le visage de Grégoire et ses yeux bleus s'illuminent. Il a réussi sa mission.
- Tu nous as dit hier que tu avais habité plusieurs années en Angleterre, pourquoi ça ?
Il perd sa bonne humeur presque immédiatement.
- C'est compliqué.. Quand j'étais petit, mon père battait ma mère. Puis il s'est mis à me frapper aussi, sans jamais donner aucune raison. Cela a duré de nombreux mois, ma mère était incapable de faire quoi que ce soit seule alors j'en ai parlé à ma maîtresse de l'époque. Avec tous les enseignants ils nous ont aidé à nous en sortir et je n'ai plus jamais revu mon père depuis ce jour.
