Dimanche 21 février
« - Je l'ai tué, princesse.
Agathe tombe des nues. Tout cela n'a aucun sens et pourtant la sincérité transpire de cette révélation fracassante.
Pour la première fois depuis qu'elle le connaît, elle peut clairement lire en David chacune des émotions qui le traversent. La douleur, l'incertitude, la colère et la culpabilité, entre autres.
Abasourdie, la brune commence à faire les cent pas, incapable de comprendre comment la situation a pu déraper à ce point. Il lui semble qu'elle n'a plus aucun contrôle sur les évènements. Le stress qui l'habitait s'amplifie toujours et menace de faire exploser son cœur, battant à tout rompre.
- Agathe... l'appelle le jeune homme à voix basse, presque comme une supplication.
La jeune fille fait volte-face, le visage crispé.
- Comment ?
Elle n'est pas capable d'aligner deux mots, terrifiée par cette situation aussi terrible qu'incongrue. Voyant qu'elle est en état de choc, David tente de s'approcher pour la réconforter mais c'est peine perdue, elle le repousse violemment.
- Ne me touche pas !
Le brun, qui a repris son habituel masque dénué d'émotions, se ravise et commence son explication dans le but de la sortir de son état de transe.
- Je vous ai suivi, Grégoire et toi. J'avais peur qu'il ne vous arrive quelque chose après toutes les horreurs que tu m'as raconté sur lui.
Il s'interrompt en voyant Agathe s'éloigner de quelques pas pour s'asseoir sur un muret de pierres. Elle lève vers lui ses grands yeux noirs emplis de terreur, ce qu'il prend comme une invitation à la rejoindre. Il s'installe donc à son tour sur le rebord froid, prenant garde de laisser son espace vital à la jeune fille.
- Je vous ai observés dans la ruelle, et quand vous êtes partis en courant je suis resté caché en me disant que vous alliez revenir. Un type est sorti juste après pour jeter les poubelles mais il est vite rentré. J'ai attendu mais comme rien ne se passait je suis allé dans la ruelle à mon tour. Je n'avais pas prévu de faire quoi que ce soit de stupide mais là...
Sa phrase reste en suspens. Il fixe un point au loin, le regard absent. Agathe pose une main sur son bras, résolue.
- S'il-te-plaît continues. J'ai besoin de savoir.
- Dans le sac poubelle il y avait des morceaux de tissus imbibés de sang et... une main. Une main humaine, probablement de femme.
Sous le choc, Agathe retient son souffle.
- Et ça m'a fait disjoncter. J'ai compris que ce mec n'était pas seulement un petit dealer mais qu'il traînait dans des affaires super louches. Il méritait d'être éliminé.
La froideur de ses mots fait frissonner la jeune fille. Elle est toujours abasourdie par ces révélations, et terrifiée par l'acte ignoble qu'a commis David. Mais une petite part d'elle est incroyablement soulagée par la disparition de son pire cauchemar, et ce malgré les circonstances affreuses de sa mort.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? demande timidement la brune.
Malgré l'horreur que lui inspire cette discussion, la jeune femme est prête à affronter les détails les plus sordides pour pouvoir tirer un trait définitif sur Bastien.
David est surpris par sa demande mais continue son récit, les yeux brillant soudain d'un éclat de haine.
- J'ai péter un câble en voyant le sac poubelle alors je suis entré. J'avais un flingue sur moi et j'ai cherché partout dans la maison pour trouver ce fumier. Je ne savais pas lequel des deux c'était mais lorsque son pote l'a appelé je n'ai même pas hésité. Je lui ai tiré une balle dans la jambe et je suis parti en courant pour trouver Bastien. Il était en train de compter son argent et je l'ai eu par surprise. Une balle en pleine tête.