Jeudi 18 février
Des rires s'élèvent dans le ciel en écho aux bruissements du vent dans les branches. La forêt agitée n'empêche pas les adolescents de s'éveiller dans la bonne humeur. Après leur soirée mouvementée, certains comme Guillaume ont du mal à émerger.
« - Debout gros, il est déjà onze heures ! le secoue Thibault tout sourire.
Il est hilare à la vue de son camarade semblant souffrir d'une sévère gueule de bois. Celui-ci l'insulte copieusement avant de lui tourner le dos pour continuer à somnoler. Le jeune homme n'insiste pas et retourne à l'arrière du bus, dans la cuisine où chacun vaque à ses occupations.
Lou et Rachel font un état des stocks, distraites par Arnaud qui s'amuse à apprendre des tours à son chat, sans grand succès. Martin suit des yeux la scène, souriant mais ayant apparemment quelques séquelles de la veille.
- Aller Flamby on réessaye !
Lou se retient de rire pour ne pas vexer le petit garçon mais son amie elle ne s'en prive pas. Pendant ce temps, Maxime et Grégoire discutent dans un coin, un manuscrit ouvert sous leurs yeux.
- Salut beau gosse ! l'apostrophe Emilie enroulée dans une serviette de bain et les cheveux ruisselants.
Thibault lui sourit pour toute réponse, laissant ses yeux traîner sur son corps plus que de raison. Il a beau avoir du mal à supporter son caractère exubérant, il doit reconnaître qu'elle a un corps à faire tourner la tête. Et au fil des jours la bimbo semble faire des efforts pour cohabiter avec ses compagnons.
Rachel le tire de ses pensées en se précipitant vers la douche, le poussant au passage vers la blonde.
- Enfin ! T'en as mis du temps à te laver Emilie !
La petite porte se referme sur la tornade de cheveux rouges et Thibault sourit en voyant pester son amie.
- C'est pas de ma faute s'il n'y a qu'une seule douche dans ce bus pourri ! Et excuse-moi de vouloir garder un minimum d'hygiène, on n'est pas tous habitués à vivre dans la boue.
- Tu ne crois pas que tu abuse un peu là ? l'interroge Thibault railleur.
Haussant les épaules, elle se contente de tourner fièrement les talons, sans omettre toutefois de rouler des hanches plus que de nécessaire. Le jeune homme soupire avant de rejoindre les garçons qui sont plongés dans un vieux livre sur les croyances indiennes.
Pendant ce temps, sous le couvert des arbres, une silhouette semble ne faire qu'un avec la nature qui l'entoure. Les yeux clos et le souffle calme, Agathe médite sur un gros rocher.
Ses longs cheveux noirs portés par le vent s'entremêlent autour de son visage apaisé. Ses fins doigts posés sur ses cuisses, elle se délecte du silence autour d'elle. Après les révélations de Grégoire, elle avait ressenti un besoin pressant de calme et de nature.
Bercée par le bruissement des arbres autour d'elle, elle laisse son esprit divaguer sans penser à quelque chose en particulier, se concentrant avant tout sur sa respiration. Cette paix intérieure qu'elle ressent actuellement la fascine et lui apporte tout le réconfort dont elle avait besoin.
En effet, les derniers jours ont été intenses et même si son chagrin s'est légèrement amenuisé, elle pense toujours constamment à son père. Il est partout avec elle, dans chacun de ses actes, dans chacune de ses décisions et elle espère que de là où il est il la voit et est fier de ce qu'elle est devenue.
Car Agathe est lucide. Elle se rend compte du chemin qu'elle a parcouru en si peu de temps et elle apprécie la personne qu'elle est devenue. Plus ouverte, moins sauvage. Plus calme, moins hantée par son passé.