Lundi 15 février
« - Alors Guillaume, parles-nous un peu de toi ! Lui lance Thibault avec un clin d'œil. T'as une copine ?
Ils sont attablés devant un énorme plat de pâtes bolognaise préparé avec soin par Lou et Rachel, déclarées cordons bleus de l'équipe à l'unanimité. Le nouveau venu a vite trouvé sa place dans leur petit groupe et évolue en son sein aussi facilement que s'il les connaissait depuis toujours.
- J'ai des tas de copines, répond Guillaume l'œil rieur.
- Haha, bienvenue au club mec !
Les deux garçons se frappent dans la main avec entrain, sous le regard courroucé d'Émilie.
Agathe soupire et lève les yeux au ciel.
« Tous les mêmes.. »
- Moi aussi j'ai plein de copines, renchérit Arnaud en bombant le torse, mais je ne les ai pas vues depuis que papa est..
Sa sœur laisse tomber sa fourchette et fusille son frère du regard avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, l'empêchant de finir son explication.
- Tout va bien Agathe ? s'enquiert Grégoire qui s'est visiblement remis de leur petite incartade et s'inquiète de nouveau de l'état de son amie.
La jeune fille sort rapidement de table, le souffle court.
Toutes les barrières qu'elle a construit depuis qu'ils vivent tous ensemble sont encore bien fragiles, et Arnaud a bien failli tout détruire en quelques secondes. Elle fait quelques pas pour contourner le bus et devenir invisible aux yeux des autres.
C'est sans compter sur Grégoire qui s'empresse de la rejoindre. Il l'interpelle sans oser s'approcher trop près, ne sachant comment s'y prendre pour qu'elle garde son calme :
- Agathe ?
A sa grande surprise, la brune se jette dans ses bras, les yeux inondés de larmes.
Il ne dit rien et se contente de frotter doucement les maigres épaules de la jeune fille qui tressautent violemment. Des cheveux bruns l'entourent et lui chatouillent le visage. Il hume le discret arôme fleuri qui en émane, interdit. Les sanglots étouffés qui lui parviennent lui fendent le cœur.
« Qu'est-ce qui la met dans un état pareil ?! »
Les yeux clos, elle parvient aux bout de longues minutes à apaiser sa respiration. Grégoire l'a senti et tente de la rassurer.
- Tout va bien, lui murmure t-il d'une voix douce, je suis là.
- Merci, répond Agathe d'une voix à peine audible avant de serrer le jeune homme de toutes ses forces dans ses petits bras.
Ils restent ainsi de longues minutes, sans que rien ne vienne troubler le silence qui les entoure. Agathe s'est complètement détendue dans les bras de son ami et fini par relever le menton vers lui, les yeux rougis par les larmes.
- Merci, dit-elle encore une fois.
Le garçon sait qu'elle est dans une période fragile, aussi il choisit ses mots avec soin pour ne pas la froisser comme il l'a fait plus tôt dans la journée.
- Tu veux en parler ?
Sa question est vague et lui montre qu'elle a le choix, rien ne l'y oblige. Car Grégoire a bien compris que la jeune fille refuse toute forme d'autorité.
Elle acquiesce et l'entraîne sur les marches du bus pour s'asseoir. Une fois installée, il prend ses mains froides entre les siennes et entreprend de les réchauffer sans bruit. Agathe commence :