Chapitre 64

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Mercredi 24 février


« Don't you think that you need somebody ? Don't you think that you need someone ? Everybody needs somebody. You're not the only one, you're not the only one.

Alors qu'un morceau de Scorpion se termine dans ses oreilles, Agathe efface une larme sur sa joue et prend une grande inspiration. Elle a le cœur en miettes mais est bien décidée à ne rien laisser paraître. Et puis elle refuse de montrer à David à quel point ses mots l'ont atteinte.

Résignée à aller mieux, elle se lève et se dirige vers l'avant du bus où elle retrouve Bob, concentré sur la route qui défile sous ses yeux fatigués.

- Un peu de compagnie ?

Son mentor lui adresse un petit sourire et elle s'installe à ses côtés.

- Il nous reste encore beaucoup de route ? l'interroge-t-elle.

- Une petite demi-heure seulement. Pourquoi, tu as besoin qu'on s'arrête ?

- Non, non, c'était juste par curiosité.

Il hoche simplement la tête et reprend sa conduite sans rien ajouter. Agathe est soudain frappée par la fatigue qui transparaît sur son visage. Des cernes lui mangent en partie le visage, et sa peau est terne et mal rasée. Il n'a plus rien à voir avec l'homme fringuant qui s'était présenté à elle quelques semaines plus tôt.

- Est-ce que tu vas bien, Bob ?

Surpris, celui-ci lui jette un coup d'œil rapide avant de pousser un gros soupir.

- Ça pourrait aller mieux. Je me remets doucement de la mort de Lucie mais j'ai du mal à faire mon deuil, surtout au rythme auquel vont les événements en ce moment. J'aurais aimé pouvoir souffler quelques jours sans avoir rien d'autre à penser.

- Je comprends tout à fait. Le temps que tu nous as accordé après la mort de mon père m'a beaucoup aidé à me recueillir et je pense qu'Arnaud serait d'accord avec moi. En tout cas si tu veux en parler, je pense que je suis tout à fait capable de t'écouter et de te comprendre.

- Merci Agathe, mais je ne saurais pas trop quoi te dire dessus. Je suis un peu paumé en fait, parce que c'est ce projet qui m'a éloigné de Lucie et je me disais qu'en réussissant à vous retrouver et à vous emmener tous aux Etats-Unis je pourrais lui prouver qu'elle avait tord de me quitter. Mais maintenant qu'elle n'est plus là, je commence à tout remettre en question... Et les mots de Thibault hier m'ont fait beaucoup de mal...

- Ce mec est un connard, tu ne devrais pas l'écouter, s'énerve la jeune fille.

Un triste sourire se peint sur le visage de son mentor.

- Ne dis pas ça, je ne veux pas qu'il y ait des tensions dans le groupe. Et il avait raison quelque part. J'ai peaufiné mon projet pendant des années, j'ai travaillé d'arrache-pied pour mettre de l'argent de côté, j'ai retapé entièrement ce bus pour qu'il soit le plus accueillant possible, je vous ai beaucoup observés pour m'assurer qu'il ne vous arrivait rien... Et aujourd'hui plus rien ne va, il y a beaucoup trop d'imprévus. Nous sommes plus nombreux que prévu et je n'ai pas assez d'argent pour nous payer l'hôtel alors on se retrouve à quinze dans le bus à se marcher dessus. Et vous allez même devoir faire des stupides paris en ligne pour payer vos billets d'avion ! Ce n'est pas comme ça que ça devait se passer !

De rage, il donne un violent coup dans son volant qui provoque une embardée du véhicule. Agathe sursaute.

- Fais attention, je t'en prie !

Elle pose une main qui se veut rassurante sur l'épaule de Bob et tente de l'apaiser.

- Comme tu l'as dit toi-même, il y a des choses que tu ne pouvais pas prévoir. D'ailleurs je crois que je ne t'ai jamais remercié d'avoir accepté d'emmener Arnaud avec nous.

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