Chapitre 1

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Nous étions quatre.
Alex, Florian, Émilie et moi.
Nous étions les meilleurs amis du monde, nous nous entendions à merveille malgré nos différences.
Ensemble nous n'étions qu'une seule personne, nous étions invincibles. Rien ne pouvait briser notre amitié. Nous serions toujours amis et c'était une évidence.
Enfin, c'est ce que nous pensions car malheureusement, nous ne sommes plus que trois à présent.
Florian, Émilie et moi.
Alex n'est plus là, mais ce n'est pas nous qui l'avons décidé.
C'est juste la vie qui l'a emporté. Il n'était pas malade non, il n'avait rien. Comment est-il mort ? Je ne peux pas répondre à cette question. Si je pouvais, je le ferais. Il n'est plus là, c'est tout. Je ne le reverrai jamais et j'en meure de chagrin. Quand je pense à lui, mon cœur se serre. Je rêve de lui toutes les nuits, je revois ses cheveux blonds qui scintillaient au soleil, ses beaux yeux noisettes, ses fossettes quand il riait... Je l'aimais beaucoup en tant qu'ami mais si nous avions eu plus de temps, on aurait pu développer des sentiments. Je l'aimais bien, je crois.
Alex, c'était le contraire de moi. Il était calme et patient alors que je suis impulsive et impatiente. Mais on se complétait tout les deux, on avait une complicité incomparable avec celle que j'ai avec Émilie ou Florian. Malgré nos différences, on s'aimait.
Comment est-il mort ? Telle est la question.
Mais je sais une chose, il a été assassiné. C'est une histoire très étrange et j'en fais partie.
C'était il y a une semaine.
Un agent de police m'a tout raconté, ainsi qu'à mes parents. Il a dit qu'Alex et moi avions été retrouvés inertes sur le sol, devant une boite de nuit. Je ne me rappelle pas être allé en boite, je n'ai pas encore l'âge ! J'ai seulement dix-sept-ans... Alex a reçu un coup sur la nuque ; qui aurait pu commettre un tel crime ? Moi, je n'avais seulement qu'une marque sur le bras, j'étais dans un état comateux... J'ai dû m'évanouir.
Apparemment, j'avais un taux d'alcoolémie très fort dans le sang. Je ne me rappelle plus du chiffre exact...
L'agent m'a posé beaucoup de questions, auquel je n'ai pas pu répondre. J'avais survécu et pas Alex, pourquoi l'avoir tué et pas moi ? Mais qu'a-t-il fait pour mériter ça ?

J'ai l'esprit tout emmêlé. Je sais que l'agent de police dit la vérité. Mais je ne me souviens de rien, absolument rien ! Alex n'était pas du genre à aller en boite de nuit, surtout que nous avons pas l'âge ! Il était une personne sérieuse, jamais il n'aurait fait cela... Peut-être que moi, je l'aurais fait. Enfreindre les lois, mentir sur son âge, c'est plutôt excitant, je l'avoue ! C'est donc moi qui l'aurait entraîné dans tout ça ? Non, Alex ne m'aurait pas suivie, pas lui !
Je ne sais plus quoi penser.
Je suis avide de savoir, je veux connaître la vérité. Qui voudrait la mort d'Alex ? Il était si gentil, si sage... Quand il prenant sa guitare, il nous envoûtait tous. Avec sa voix de velours, ses yeux de félins, ses cheveux en broussaille...
Je l'aimais.
Je dois savoir la vérité, je dois le faire pour lui ! Pourquoi étions-nous là-bas lui et moi ? Pourquoi avons-nous été attaqué ?
Il y a plein d'autres questions dans ma tête, je ne sais même pas combien il doit y en avoir.
Il est mort, devant une boite de nuit. Un coup sur la nuque, il est tombé sur le sol... Pourquoi suis-je tombée moi aussi ?
Je suis vraiment perdu.

Alex me manque atrocement, il n'y a pas une minute sans que je pense à lui. Je le connaissais par cœur...
Quand il riait, sa tête se balançait légèrement en avant et des fossettes apparaissaient sur ses joues.
Quand il était triste, ses sourcils étaient froncés et il évitait de parler.
Quand il était dragueur, il faisait un petit sourire en coin et ses yeux s'enflammaient.
Pourquoi il n'est plus là, pourquoi...
Je ressens un vide dans mon cœur, personne ne peut le combler. Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer sans lui, c'était comme une partie de moi.
La vie m'a arraché une partie de mon pauvre petit cœur fragile.

Je regarde à travers la vitre sale de ma chambre, il fait très beau. Le soleil inonde la pièce de sa lumière, je sens la chaleur se répandre sur ma peau.
Pourtant, j'ai l'impression qu'il fait sombre, j'ai atrocement froid dans mon cœur...
Je me sens seule, je ne sais pas comment sortir de ma solitude...
Demain, c'est la rentrée et je rentre en terminale. Je vais retrouver Florian et Émilie, je ne sais pas quel va être leur réaction quand il me verront. Ils savent ce qu'il s'est passé mais on ne s'est pas parlé depuis.
C'est comme si parler était un crime, nous ne voudrions pas qu'il y ai un autre malheur...
J'ai peur de les voir, j'imagine déjà leur réactions. Florian dira qu'il n'en peut plus de cette vie injuste, il le dit souvent. Émilie fondra en larmes et me prendra dans ses bras. Et je ne pourrais pas m'empêcher de pleurer, parce que c'est le seul moyen que j'ai pour exprimer ce que je ressens.

J'ai des bonnes notes, j'espère avoir un avenir qui me rapportera assez d'argent pour vivre convenablement. Mes parents sont séparés depuis que j'ai sept ans, avant j'alternais les semaines mais désormais... Je ne vis qu'avec ma mère dans un petit appartement médiocre, à l'avant dernier étage. Je pourrais très bien aller chez mon père, dans sa belle et grande maison mais cela ne m'intéresse pas, je n'aime pas du tout sa manière de penser... Il s'est remarié avec une autre femme et j'ai désormais une demi sœur et deux demis frères. Je n'aime pas sa nouvelle femme et ma demi sœur m'insupporte à un point inimaginable.
Ma mère n'a pas un bon travail, on vit médiocrement, mais je préfère rester avec elle.
J'entends des bruits, je me lève de mon lit où j'étais assise et me dirige vers la porte.
-Ma chérie, c'est moi...
C'est ma mère, elle n'entre jamais sans me prévenir depuis qu'Alex est mort. Elle ne voudrait pas s'immiscer dans ma vie privé. Je vais donc lui ouvrir la porte.
Ma mère me ressemble énormément. Elle a des cheveux bruns et des yeux noisettes orangé, tout comme moi. Au soleil, j'ai les yeux qui prennent une teinte orange vif, presque couleur feu.
-Lydia, je voulais te dire que si tu ne te sens pas prête à reprendre les cours demain, je comprendrais. C'est ta rentrée de terminale demain et tu dois être en forme, dit-elle presque les larmes aux yeux.
Ma mère est une personne très émotive et c'est ce qui fait son charme. Je lui souris.
-Ne t'inquiète pas Maman, j'irais au lycée.
Elle hoche la tête et sort de la pièce.
Je m'affale sur mon lit et je fixe le plafond. Que pourrais-je faire ?
Je crois savoir.
J'adore monter sur le toit de l'immeuble, pour observer la ville. Au dernier étage, il y a une échelle qui monte en haut, il suffit juste d'ouvrir une petite trappe. J'y vais très souvent, je regarde le monde d'en haut, je me sens puissante. Le vent me caresse le visage, je me sens bien. J'y trouve de la tranquillité, je m'assois avec mes jambes qui pendent dans le vide, je suis entre la vie et la mort. Je contrôle ma vie, je pourrais tomber mais je ne dégringole pas.
J'attrape une veste car en haut, il fait légèrement plus froid que dans ma chambre...

Une fois au dernier étage, je monte l'échelle. Je m'accroche à un barreau avec une main et de l'autre, j'ouvre la trappe.
Je me hisse et en moins de deux secondes, je suis sur le toit. C'est interdit bien sur, mais personne ne me vois. Personne ne le sait, pas même ma mère.
Je m'avance et m'assois au bord du vide.
Mais c'est à ce moment précis que j'entends un bruit, derrière moi. Je me retourne et à ma grande surprise... je ne suis pas seule !
A l'opposé de moi, il y a un garçon. Il doit sûrement avoir mon âge, je ne l'ai jamais vu auparavant ! Sa peau est mâte, il a les cheveux bruns en broussaille et des yeux noisettes qui me regardent avec étonnement. Je dirais qu'il est d'origine Maghrébine mais je n'en suis pas certaine. Je ne sais pas quoi dire et je crois que lui aussi. Il est assis sur le sol, un calepin dans sa main droite et un stylo dans sa main gauche. Il me regarde toujours, sans ciller.
Dois-je lui parler ?
J'ai l'impression que nous sommes tous les deux gêné, on ne sait pas comment réagir. Je sens que mes jambes se dérobent sur mon petit corps, j'ai les mais qui tremblent légèrement. Je me sens honteuse de l'avoir interrompu dans son moment de tranquillité, car j'imagine qu'il est là pour trouver du calme, comme moi.
Il se passe une main dans ses cheveux, il me fixe toujours. Je veux parler mais les mots restent bloqués dans ma gorge.
J'avale ma salive et je m'éloigne.
Je retourne vite vers la trappe et je descend à toute vitesse. Je me rue dans ma chambre, je verrouille la porte.
J'ai tellement honte, je me suis enfuie. Je suis une vrai lâche, j'aurais du lui parler, lui demander ce qu'il faisait là. Mais j'étais comme paralysé, je ne pouvais plus bouger, j'étais honteuse... Comment ai-je pu m'enfuir ? C'est n'importe quoi, j'aurais du lui parler... Mais je ne l'ai pas fait !
Je me sens mal.
Et quand je me sens mal, je pense à Alex.
Les larmes dévalent mes joues et je ne peux pas les stopper.

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