Chapitre 5

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Elle me montre Florian de son doigt, il parle avec Jackson et Alison. Je fais la grimace, je n'ai pas envie d'aller vers eux.
Mais il le faut, je ne veux pas perdre son amitié si précieuse. Je regarde Émilie, on se lance un regard, et on avance vers Florian et ses « nouveaux amis ». Il nous regarde d'un air méfiant. Je m'attarde sur les yeux de Florian et j'y découvre encore de la haine.
-Dégagez, dit-il d'un air dédaigneux.
Je me sens toute petite après ce qu'il vient de nous dire.
-Vous l'avez entendu ? Il veut plus de vous, s'exclame Jackson.
Sa remarque me donne la chair de poule, je me sens vraiment mal à l'aise. Émilie, elle, n'éprouve aucune gène, je le sais. Elle déteste Jackson et elle n'aime pas se faire réprimander par ce garçon si sûr de lui. Elle avance vers lui et le toise, il faut dire qu'il n'est pas très grand. Mais il est beau, je ne peux pas dire le contraire.
-On veut pas te parler à toi, on veut parler à Florian. Alors c'est toi qui dégage.
Jackson éclate de rire et Alison aussi. Par contre, Florian ne rit pas, son visage s'adoucit légèrement.
-Je vais leur parler, dit Florian en nous regardant d'un air compatissant.
Florian change vraiment vite de tempérament. Alison et Jackson restent scotché sur place, bouche bée. Je ris intérieurement, c'est bien fait pour eux.
Jackson s'éloigne en poussant des jurons et Alison le suit.
-On s'en veut vraiment, je m'en veux vraiment, dit Émilie en fixant Florian de ses grands yeux bruns.
-Vous êtes allé trop loin, dit-il en soupirant.
-Mais toi aussi, dis-je pas très sûr de moi.
Il hoche la tête doucement et attrape ma main et celle d'Émilie. Il ne dit rein pendant un moment, il reste silencieux. Puis, contre toute attente, il éclate en sanglot. Les larmes dévalent ses joues rugueuses, il ferment les yeux. Je ne l'ai jamais vu pleurer et je ne sais vraiment comment réagir. Je sais pourquoi il pleure, il ne supporte pas la mort d'Alex. Le fait qu'il pleure me donne envie de le faire aussi. Mais je me retiens car je sais que si je cède, ce sera pire pour lui, pour moi, pour nous tous.
-Alex, mon pote, il me manque...
Si tu savais Florian, si tu savais comme Alex me manque à moi aussi. Je l'aimais plus que ce que tune le crois, je ressentais de l'amour à son égard. Il était comme ma lumière dans le blizzard, il me conseillait quand je ne savais pas quoi faire. Maintenant je suis perdu, j'avance à l'aveuglette. Je comprend ce que tu ressens Florian, un trou béant dans ton pauvre petit cœur, tu as du mal à respirer quand tu penses à lui, tu te sens seul dans l'immensité de ce monde.
-Le pire dans tout ça, c'est qu'il a été assassiné. Vous vous rendez compte ? Putain, quelqu'un voulait sa mort !
C'est le pire dans tout ça, il a raison. Qui voudrait la mort d'un gentil garçon de dix-sept-ans ? Il était tellement généreux, tellement sage...
Je ne comprend pas, personne ne comprend. C'est le problème, notre incompréhension nous rend fou. Pourquoi lui ? Qui aurait fait cela ? Ma tête me tourne, je ne sais vraiment pas quoi penser.
Et moi, je veux savoir et c'est pour cela que j'irai devant la boîte de nuit et j'observerai les lieux. La police y a déjà cherché beaucoup d'indices mais moi peut-être que je me souviendrai de ce qu'il s'est passé. Après tout, j'étais avec Alex ce soir là et j'ai aussi été une victime.
Mais maintenant que j'y pense, Florian et Émilie pourraient m'accompagner là-bas, ce soir ?
-Ça vous dirait d'aller devant la boîte de nuit où Alex a trouvé la mort et d'y jeter un coup d'œil ? J'ai bien envie de savoir ce qu'il s'est passé et peut-être que je me souviendrai...
Ils répondent simultanément :
-Oui.

Après les cours, je retrouve Émilie et Florian devant le lycée.
-Euh jute comme ça Lydia, tu comptes y aller comment à la boîte de nuit ?
Je me frappe la tête avec mon poing. Je n'y avais même pas pensé !
-Oh mince, j'ai totalement oublié ce point là !
Comment allons nous faire pour nous rendre là-bas ? Comme dit souvent ma mère, je ne réfléchis pas assez à l'avance.
Soudainement, je sens une pression sur mon bras, une présence à mes côtés. Je me retourne et je découvre Yannis. Mes mains se mettent à trembler, de la sueur perle sur mon front. Pourquoi vient-il me parler, surtout quand je suis avec mes amis !
-Je sais conduire, je peux vous amenez si vous avez une voiture, dit-il en souriant.
Il a écouté toute notre conversation et je trouve ça assez indiscret, mais je ne dis rien.
-Moi je peux emprunter celle de ma mère, elle verra rien, dit Florian.
Yannis nous sauve la vie mais je n'ai pas vraiment envie de le remercier. Il va venir avec nous et j'aurais voulu être seule avec mes amis, sans personne en plus.
-C'est super ça !s'exclame Émilie. Heureusement que t'es là, euh... c'est quoi ton nom déjà?
-Yannis, je m'appelle Yannis, dit-il en souriant.
-T'as fais conduite accompagné ?
Il hoche la tête négativement.
-Non, mon oncle m'a appris à conduire...
On suit donc Florian jusqu'à chez lui pour récupérer la voiture de sa mère. Une fois qu'on arrive devant sa maison, il nous fait signe de l'attendre le temps qu'il prenne les clés.
On reste tous les trois sans rien faire, sans rien dire, Yannis, Émilie et moi. Émilie me lance en coup d'œil en pointant discrètement Yannis de son doigt et elle explose de rire. Je me retiens de l'étriper mais je me promet de le faire bientôt. Heureusement, il ne voit rien. Il entend juste Émilie qui rigole et il doit sûrement se demander pourquoi.
Florian arrive en brandissant les clés, je pousse un soupir de soulagement, enfin il est là.
-Par contre mec, t'as pas intérêt à nous foutre dans le fossé et ça pour de raison. Déjà j'ai pas envie de crever si tu vois ce que je veux dire. Ensuite, je crois que ma mère serait pas très contente si sa voiture revenait en mille morceau.
Yannis hoche la tête en riant.
On s'installe dans la voiture et je me dépêche d'aller à l'arrière, pour ne pas être à côté de Yannis.

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