Chapitre 24

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Je marche dans la rue en fredonnant une chanson. Je pars au lycée avec un simple jean et un vieux tee-shirt. Je crois que je ne me suis même pas peigné ce matin, le désespoir me submerge tellement que j'oublie la plupart des choses.
Yannis me manque mais je ne fait rien paraître sur mon visage quand il apparaît devant moi.
Ses traits sont tirés, ses yeux sont plissés et aucun sourire n'orne son visage comme il en a l'habitude Je sens qu'il est tendu et je dois dire que moi aussi.
Il porte un simple tee-shirt plutôt moulant, collant à sa peau. Ses cheveux sont mouillés, ils ondulent au soleil, et je devine qu'il vient de prendre une douche. Il ne me quitte pas des yeux et moi non plus. On se regarde pendant des minutes entières, sans rien dire. J'ai le temps de détailler son physique de haut en bas.
Après ma longue contemplation, je me rend compte qu'il ne possède aucun défaut. Il est magnifique et je ne peux pas le nier. J'ai envie de l'embrasser, de sceller mes lèvres contre les siennes, de sentir sa chaleur, me réfugier dans ses bras.
Mais je ne peux pas.
Je sais qu'il m'observe lui aussi. Ses yeux descendent le long de mon corps, ils se posent sur mon visage, sur mes jambes, sur mon ventre, partout.
Et finalement, après s'être observé pendant de longues minutes, il me dit :
-Salut Lydia.
Sa voix est sèche, rocailleuse, fragile, brisée.
-Salut Yannis.
Étrangement, il m'attrape la main.
-Je veux que tu m'expliques, dit-il. Je ne veux pas faire semblant d'être ton ami pour Kim et Finn. Surtout que je veux plus que ça, je ne veux pas être ton ami, je veux être ton petit-ami.
-Yannis, moi aussi je t'aime plus qu'un ami mais je ne peux pas être avec toi.
Il lâche ma main brutalement.
-Mais Lydia, explique moi pourquoi bordel !
Je ne peux pas.
Je ne veux pas.
Pour ne pas le briser.
Je suis obligée de mentir, et même que Philippe a appelé pour venir et je l'ai renvoyé en lui disant, pas aujourd'hui monsieur s'il vous plaît.
-Yannis, je... Je ne peux pas. Mais faisons semblant d'être amis pour Kim et Finn.
Le soleil se reflète dans ses pupilles, sur son visage. Yannis m'attrape par les épaules et me dit froidement :
-Juste pour eux.

Nous marchons côte à côte, Yannis et moi. Nous ne parlons pas sur tout le trajet jusqu'au lycée et cela me gène vraiment. J'aimerais parler mais pour lui dire quoi ? Et puis de toute façon, il ne veut pas bavarder avec moi.
Nous arrivons au lycée et Kim nous saute dessus. Finn, quant à lui, il était en retard alors je l'ai devancé. Kim virevolte dans les bras de Yannis avant de me couvrir de bisous sur ma joue droite.
-Lyly ! D'ailleurs Yannis, comme Lydia je l'appelle Lyly, toi je vais t'appeler... Yannou.
-Ça lui va bien, dis-je à voix basse.
Yannis me lance un regard glacial et chaud en même temps, je le sens partagé entre un sentiment d'amitié et d'inimité.
-Merci Lyly, dit-il.
Il m'appelle Lyly et je ne sais pas pourquoi, mais ça me rend heureuse. Kim sautille sur place et hurle à plein poumon :
-Lyly et Yannou !
Tout le monde se retourne vers nous et nous éclatons de rire. Je regarde Yannis et il me sourit.
Avant de rentrer dans l'enceinte du lycée, en compagnie de Finn qui vient d'arriver, Yannis me chuchote à l'oreille :
-Je le fais pour eux Lyly. Et d'ailleurs, j'aimerais vraiment que tu m'expliques pourquoi tu ne peux pas rester avec moi parce que... Tu me manques.

La journée a été longue, terriblement lassante, ennuyeuse. Quand je rentre chez moi, je note toute les informations que je n'aurais pas noté sur les feuilles collé sur mon mur concernant le meurtre d'Alex.
Et je pense à lui.
Il m'a toujours soutenu, dans les pires moments.
Un jour, quand j'avais quatorze ans, je suis tombé des escaliers dans l'immeuble. On m'a apporté à l'hôpital, j'avais des côtes cassés ainsi que ma jambe droite. Et Alex était toujours présent à mes côtés, pour me soutenir, il me chuchotait des mots doux. Il me veillait quand je dormais, il était là, tout simplement. Savoir sa présence me réchauffait le cœur, cela me permettait d'oublier ma douleur.
Maintenant il n'est plus là alors que j'ai besoin de lui, mais je suis sûr qu'il le serait s'il le pouvait.

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