Chapitre 34

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J'arrache toute les feuilles de mes rêves, de peur qu'on les découvre. Les papiers sont en mille morceaux, dans ma poubelle en métal. Mais ça ne suffit pas, on pourrait recoller les débris, je suis tellement anxieuse que je cours chercher un briquet.
Je prend la poubelle dans mes bras, le briquet dans mon autre main disponible et je monte sur le toit. Je place la poubelle sur le bitume, en veillant à ce qu'il n'est rien autour.
J'enflamme la poubelle et j'observe la fumée qui s'envole dans le ciel. Cette fumée, c'est moi, c'est l'espoir, il s'échappe.
Les papiers sont rapidement réduis en cendre, le métal de la poubelle est noirci, je décide de laisser le récipient ici pour le moment. Oh non, tout compte fait je ne peux pas, ça pourrait laisser une trace, il faut que personne ne voit ça.
Une fois que le métal a refroidi, je saisi la poubelle entre mes mains et retourne chez moi. Mon tee-shirt a des taches de suie, alors je m'empresse d'aller le laver, ainsi que mes mains.
Je passe un coup de serviette sur le métal et le noir s'efface. Puis, je laisse tomber la poubelle sur le sol, elle rebondit dans un bruit sourd, je tombe à côté d'elle, et j'éclate en sanglot.

Je me relève parce que je le dois et je remet la poubelle à sa place. Je vais dans ma chambre, ouvre ma fenêtre, je regarde la paysage, la ville. Quand soudain, dans la rue, j'aperçois une voiture de police qui roule sur la route.
Et si cette voiture était là pour moi ? Si mon secret avait été découvert ? Je referme la fenêtre en vitesse, je descend les escaliers de l'immeuble le plus vite que je peux. Les marches me paraissent interminable, comme si cela n'en finissait plus.
Une fois dans la rue, je me met à courir. Je traverse les rues, je passe sur les places, je trouve une ruelle sombre et je m'y repose un peu. Je reprend mon souffle et essuie la sueur qui perle sur mon front. J'ai envie de vomir, là, maintenant. Le monde me dégoûte, je me dégoûte moi même. Comment tout oublier ? J'ai commis un meurtre, et on va me retrouver, me traquer, me tuer. Ma pauvre vie va bientôt se terminer, je vais finir en prison, sans personne, seule, parce que j'ai merdé, j'ai pété les plombs.
Je vais me retrouver dans un asile, sans savoir quoi faire, totalement perdue. Je suis juste une folle, une folle qui a tué son ami.
J'avais trop bu.
J'ai poussé Nassim.
J'avais pas vu le banc.
Alex est mort.
Et tout est ma faute.
A force de réfléchir, ça me fatigue, alors je m'endors sur le sol poussiéreux, dans cette ruelle sale, sous la pénombre du soleil déclinant.

Il reste quelques instants en gravité avant de s'écraser sur Alex.
Alex tombe à la renverse et il se cogne la tête contre en banc en pierre qui se trouvait juste derrière lui. En plein dans la nuque. J'ai le temps de voir le jeune homme qui m'avait agressé s'enfuir en courant avant que ma vue ne se brouille de larmes et que je m'écroule sur le sol.

Quand je me réveille, il fait nuit, j'ai froid, je tremble de partout. J'ai refais le rêve, la fin du rêve, quand Alex meurt, et ça m'énerve, j'aimerais ne plus jamais m'endormir pour ne plus jamais faire ce putain de rêve.
Je me lève mais mes jambes se dérobent sous mon petit corps. Mes mains tremblent et je suis prise de spasmes, je vomi tout ce que j'ai dans le ventre.
Il m'est impossible de me lever et de rentrer chez moi, je suis trop faible, trop impuissante. Je tâte la poche de mon jean et j'extirpe mon portable. Avec les mains toujours tremblantes, je rédige un message à Yannis, le plus rapidement que je puisse faire.
Lydia : Viens me chercher, ruelle sombre, pas loin de chez moi, vite. Dis moi que tu dors pas...
J'attends au moins une heure, peut-être même deux, j'en sais rien, je perds la notion du temps, avant de recevoir sa réponse.
Yannis : C'est une blague ? D'abord moi, puis toi... Une ruelle sombre, il y a en plein...
Lydia : Vite, je me sens mourante.
Mon front est brûlant et mon ventre me brûle, parce que j'ai faim et envie de vomir en même temps.
Lydia : C'est toi qui doit me trouver, pas la police, pas comme je l'ai fait pour toi... Parce que si la police me trouve, il m'enfermeront, il feront n'importe quoi mais quelque chose... Bordel de merde, ramène toi, j'ai besoin de toi...
Aucune réponse n'arrive, il ne me répond pas et ça me démoralise totalement.
Vais-je rester ici pendant toute la nuit, seule ?

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