Chapitre 12

29 6 5
                                    

J'observe la ville à travers la vitre de ma chambre. Cette dernière est plongée dans le noir, mais c'est ça qui est beau, l'obscurité de cette ville si clair le jour. Les lumières scintillent et dansent devant mes yeux, comme une farandole. Souvent, j'imagine que les bâtiments sont des personnes qui se revêtent d'un manteau noir le soir.
Ils sont en deuil pour tous les gens qui ont malencontreusement perdu la vie.
J'aimerais bien monter sur le toit de l'immeuble, parce que là haut j'y trouve de la tranquillité et je me sens en sécurité.
Mais je ne peux pas.
Parce qu'il sera peut-être là-haut.
Et une fois monté, je ne pourrai plus redescendre.
Je m'apprête à m'endormir quand la porte de ma chambre s'ouvre.
C'est ma mère.
-Hum, maman ? Tu toques à la porte d'habitude, dis-je légèrement agacé.
C'est pour cela que j'aime aller sur le toit, parce que là-haut il n'y a personne pour me déranger. Enfin, ça, c'était avant. Avant que Yannis arrive et chamboule tout.
Ma mère s'approche de moi et s'assoit sur le lit, à mes côtés.
-Ton père a appelé, dit-elle calmement.
Je hausse les épaules.
-Il veut te voir.
Je hausse une nouvelle fois les épaules.
-Il veut te voir ce week-end.
Je détourne les yeux.
-Il dit qu'il a le droit de voir sa fille.
Le problème, c'est que je ne veux pas le voir. Je n'aime pas sa manière de penser, je n'aime pas sa nouvelle femme et ma demi sœur. Mes deux demis frères, ça va, je les aimes bien.
-Bien sur qu'il a le droit, de toute façon je le vois au moins un week-end par mois, dis-je. Je vois pas pourquoi ça te choque.
Elle me regarde avec les larmes aux yeux.
-Il voudrait te voir plus souvent, comme avant. Il voudrait... que tu viennes chez lui une semaine sur deux.
-Quoi ?je m'écrie.
Elle hoche la tête.
-Il veut que tu voies ça avec lui ce week-end...
Je lui dis que je m'arrangerai avec lui, je compte bien négocier. Il acceptera ou du moins je l'espère.
-Maman, je veux dormir.
Elle m'embrasse sur le front et sort de ma chambre. Demain va être une longue journée...
Demain c'est vendredi, je vais sécher les cours en compagnie de Yannis pour aller inspecter les lieux du crime et prendre des photos. J'espère que cela se passera bien...
En attendant, je rêve. Sauf que mon rêve ne se continue pas, il recommence du début et s'arrête là où je m'étais déjà arrêté.
Je rentre dans le bâtiment avec Alex, puis, plus rien.
Ce n'est pas aujourd'hui que j'obtiendrais des réponses on dirait...

Nous nous sommes donnés rendez-vous sur le toit de l'immeuble, Yannis et moi.
-Maman, je vais au... hum... Lycée !
Elle ne semble pas savoir que je lui mens, cela m'arrange bien. J'enfile une veste et je monte les escaliers quatre à quatre. J'essaye d'ouvrir la trappe mais elle me semble plus lourde que d'habitude. Je pousse de toute mes forces mais je n'y arrive pas, c'est impossible à ouvrir.
Je cogne contre la paroi.
Puis soudain, elle s'ouvre toute seule sans que fasse aucun effort. J'aperçois Yannis, la tête penché dans le vide, me souriant.
-J'étais sur la trappe quand t'a essayé de l'ouvrir...dit-il en riant.
Je hausse les épaules.
-Bon Lydia... Tu peux redescendre, en fait, on y va... Ta mère est partit au travail ?
-Oui, elle vient de partir il y a quelques minutes à peine à mon avis. Elle prend jamais la voiture, elle préfère prendre le métro. C'est pour ça qu' peut prendre sa voiture.
Je descend de l'échelle et Yannis fait de même. On sort de l'immeuble et j'ouvre la voiture de ma mère avec ses clés que j'ai pris en cachette dans son sac. Yannis s'assit derrière le volant et démarre la voiture. J'ouvre la fenêtre en grand et je respire l'air de la ville. Il fait soleil, il fait beau, je me sens heureuse. Le vent souffle dans mes cheveux et me rafraîchie le visage. Je souris et je ferme les yeux.
Je ne pense plus.
Je fais le vide dans ma tête.
-T'es belle quand tu souris Lydia, tu devrais le faire plus souvent, dit Yannis en me ramenant à la réalité.
Je le regarde avec stupéfaction et il éclate de rire. Sa voix est rauque, un peu rocailleuse. Elle est envoûtante, elle me donne envie de l'écouter encore et encore....
-Tu vas quand même m'expliquer pourquoi tu tiens à aller là-bas ?
Je ne répond pas.
Il soupire et se concentre sur la route, je baisse les yeux en étant presque honteuse. Il me conduit là où je veux aller, je ne lui donne aucune explication mais il accepte. Il le fait gratuitement, sans savoir pourquoi il le fait. Je devrai lui dire, tout lui expliquer. Mais je n'y arrive pas, les mots restent coincés dans ma gorge, parler de ça est comme un supplice. J'étais bien et voilà que Yannis revient sur le sujet qui fait mal.
-Tu ne me diras jamais ?
Je serre les dents et je répond presque en chuchotant :
-Alex... Je l'aimais, je crois. Non en fait j'en suis sûr, je l'aimais plus que personne. Mais il est mort.
Je le sens frémir, ses mains se crispent sur le volant.
-Oh je savais pas, désolé. Vraiment, désolé... Lydia, désolé je... Je sais pas quoi dire. Mais pourquoi aller à cette boite de nuit? me demande-t-il tendrement.
Je me mord la lèvre inférieur et je ne dis rien. Mais cette fois-ci, il n'insiste pas et je le remercie intérieurement pour cela.

Si près des étoiles | En réécriture | Où les histoires vivent. Découvrez maintenant