Chapitre 28

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Nassim...
Sans arrêt je pense à lui, ça m'obsède, je ne sais pas quoi penser. Ce matin, l'agent de police m'a appelé, il m'a demandé si mes rêves s'étaient continués, j'ai menti en disant que non. Que pouvais-je dire ?
Je me sens tellement mal que j'ai envie d'écrire ce que je ressens.
Écrire pour me libérer, pour me défouler.
Un petit texte sur ce que j'éprouve à cet instant même, ça ne peut pas me faire de mal.
Je suis perdue,
Je ne me retrouve plus.
Je ne peux pas crier,
Ni même pleurer.
Mes larmes restent coincés,
Mes cris refusent de s'échapper.
Je suis au fond d'un trou béant,
Un trou si envahissant.
Puis-je me fier ?
A ce destin si infortuné ?
Où suis-je ?
Paris, Berlin, Cambridge ?
Je voudrais me libérer,
Parcourir le monde, voler, sauter.
Tout faire pour vivre ma vie,
Vivre ma vie loin du bruit.
J'espère pouvoir me retrouver,
Dans ce songe perturbé.
Je dois trouver la sortie de ce labyrinthe.
Je ne veux plus vivre dans la crainte.
Découvrir le coupable,
Et pour ça, dois-je être impitoyable ?
Même s'il s'agit d'un proche ?
Le problème, c'est que j'ai la pétoche.
La porte de ma chambre s'ouvre doucement et j'aperçois Finn, un air désolé sur son visage.
Il approche de moi, je retourne mon texte pour qu'il ne le voie pas.
Que va-t-il me dire ?
Je lui ai dit de se la fermer, hier. J'aurais pas du, mais c'est sorti tout seul.
-Lydia, je suis tellement triste et coupable pour la veille...
-Finn, je m'en fou de tes excuses, c'est moi qui dois m'excuser, j'aurais pas du... Mais tu sais, j'en peux plus de tout ça.
Il hoche la tête et me porte dans ses bras, comme la veille. Je ferme les yeux et je sens qu'il m'amène quelque part.
Il me dépose sur le sol au bout de quelques minutes, j'ouvre les yeux, je suis devant l'échelle qui mène en haut de l'immeuble.
Il me dit de monter alors je m'exécute, même si je ne sais pas pourquoi il veut que j'aille en haut. Je m'assois sur le sol, il me rejoint.
-T'as vu Lyly, j'ai plus peur d'aller ici. Allonge toi Lydia.
Je me couche sur le bitume qui commence à chauffer sous le soleil déjà haut dans le ciel. C'est le matin et la ville commence à s'agiter.
-Lyly... On a tous les deux perdu quelqu'un qui nous tenait à cœur, toi tu as perdu Alex et moi j'ai perdu mon père.
J'ai du mal à m'imaginer qu'il n'a plus son père. Même si je n'aime pas tellement le mien, le perdre me serait fatal.
Et puis il aimait beaucoup son papa, un peu comme moi et ma maman.
Perdre ma maman ? La personne à lequel je tiens le plus au monde ? Je ne pourrais pas le supporter. Alex était mon meilleur ami, c'est vrai, mais ce n'est pas la même chose que de perdre un de ses parents.
Finn surmonte tout ça, il est très fort.
-Lyly, observe ce ciel bleu et imagine Alex qui te souris. Ça soulage, parfois. Je le fais avec mon père...
Je fais comme il me dit.
Alex apparaît dans le ciel, souriant. Ses cheveux blonds sont emmêlés, ses yeux sont hagards et sur ses joues je distingue des fossettes. Je tend les mains vers lui, comme si je pouvais le toucher.
J'ai l'impression d'être transporté dans une autre dimension, avec lui, ses lèvres scellés contre les miennes. Je ne devrais pas penser ça, je suis en couple avec Yannis, non? Je ne sais pas comment définir ma relation avec lui, c'est étrange, je l'aime mais je ne pense pas que nous soyons un « vrai » couple. Nous avons fais l'amour, j'ai parcouru chaque parcelle de son corps mais j'ai l'impression que plus je m'approche de lui, plus il m'échappe.
Dans le ciel, Alex me fixe toujours et une petite larme coule le long de ma joue. Alex, je pourrais le comparer à cette petite larme, il est naît dans mes yeux et il est mort sur mes lèvres.
-Alors Lyly, ça te fait du bien ?
Comment pourrais-je lui répondre, je ne connais pas la réponse. Alex me fait penser à ce maudit rêve, ce rêve me fait penser à Nassim, et Nassim me fait penser à Yannis. C'est un cercle infini.
-Je crois que j'ai sommeil Finn.
-Il est 11h tu sais...
-Je sais.
-Et donc ?
-J'ai sommeil.
-Et donc ?
-Je vais dormir.

Avant de m'allonger sur mon lit pour faire une petite sieste, je repense à ce rêve qui continue sans arrêt. Et si, maintenant, en dormant, j'avais la suite ? Je vais voir Alex mourir, vais-je le supporter ? En même temps, je n'ai pas vraiment le choix, je ne contrôle pas mes rêves. De plus, il me faut des réponses, non ?
Je me laisse tomber sur le lit, toute tremblante à l'idée de voir Alex mourir dans mon sommeil.

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