Si près des étoiles | En réécriture |

Chapitre 26

Yannis n'est plus là, il est partit. Je me suis endormi dans ses bras, en sentant la chaleur de son corps contre moi. J'ai envie qu'il revienne, pour encore l'embrasser, pour être près de lui.
J'ai fais ma première fois, avec lui. Je me sens plus légère, comme une plume, j'ai l'impression de pouvoir m'envoler dans le ciel, très haut. Il m'a fait voyager, il m'a amené jusqu'aux étoiles pour vivre un moment inoubliable. Nous étions si près des étoiles... Ses mains s'agrippant à mon dos, son souffle haletant, ses yeux de braises m'observant avec désir, ses lèvres contre les miennes, son corps chaud entre mes bras... C'était incroyable, époustouflant, je ne sais pas comment décrire ce que je viens de vivre.
J'ai encore sommeil, alors je me rendors en pensant à Yannis, en me disant que j'ai perdu ma virginité avec un garçon merveilleux.

Alex essaye de me prendre dans ses bras, de m'éloigner de ce jeune homme qui me fais peur. Mais ce dernier me retient fermement, dans ses bras musclés. Alex ne peut pas rivaliser contre ça, lui et son corps maigrichon. Mais il essaye et je l'admire pour ça. Dans ses yeux, je distingue une nouvelle lueur que je n'avais jamais vu, la souffrance, la haine, la peine. Il saute au cou du jeune homme et l'attrape par les cheveux. Celui-ci pousse un hurlement avant de me lâcher, je m'écroule sur le sol. Je relève la tête et je m'aperçois que les deux garçons sont en train de se battre. Alex est blessé au visage, l'autre garçon saigne de son bras droit. Je leur crie d'arrêter mais ils continuent.
-Tu n'aurais jamais dû t'approcher d'elle, sale connard!hurle Alex.
Le jeune homme ricane.
-Je fais ce que je veux, minable. Personne ne dicte ce que je dois faire ou pas, d'accord ? Alors maintenant casse toi.
Alex ne part pas, il fonce sur son ennemi. Il empoigne ses épaules, le pousse en avant, mais il se fait projeter en arrière par la force de son assaillant.
Je dois agir, même si je n'ai plus toute ma tête.
Je dois faire quelque chose.

J'ai encore le rêve qui tambourine dans mon esprit et j'ai maintenant la certitude que Nassim est belle et bien le tueur. Il se battait avec Alex, ce dernier était blessé. C'est forcement Nassim, il n'y avait personne d'autre que lui sur les lieux du crime.
Je suis maudite.
Je suis tombé amoureuse du frère de celui qui a tué mon ami. Tout se complique, le schéma semble plus complexe à chaque fois, j'ai de plus en plus de preuve. Le rêve touche bientôt à sa fin, je vais voir Alex mourir et cela m'horrifie. Et que allais-je faire ensuite dans le rêve ? Je pensais que je devais agir, en faisant quoi ? Je risque de le découvrir très bientôt.
En attendant, je vais aller dénoncer Nassim, je crois que c'est la meilleure chose à faire.
Mais avant ça, je vais parler à Nassim. Je vais y aller avec Finn, je lui dirais de rester au pas de la porte au cas où ça dégénère. Il y aura aussi Yannis pour me protéger.

-Lydia, pourquoi tu veux aller parler à ce Nassim ?me demande Finn sur le chemin.
Je lui répond que je ne peux rien lui dire pour l'instant. Quand je toque à la porte de chez Yannis, je fais signe à Finn de m'attendre ici. Il hoche la tête sans rien me demander de plus.
Ce n'est pas Yannis ou Nassim qui m'ouvre, c'est une petite fille, brune avec deux petits yeux marrons qui me fixent avec étonnement. Elle doit m'arriver au niveau de mes hanches, cette petite.
-Qui es-tu ?
Je l'observe sans savoir quoi dire. Puis je répond en rougissant :
-Je suis la copine de Yannis.
Elle me fait signe d'entrer en souriant. Elle m'indique une porte et je devine que c'est la chambre de Yannis. J'entre à l'intérieur et je découvre Yannis, torse nu, avec un short à motif bleu ciel. Il est allongé sur son lit, en écoutant de la musique.
Quand il me voit, son visage s'illumine.
-Lydia ! Je suis pas encore habillé comme tu vois...
On éclate de rire tous les deux. Mais je me ravise rapidement, Nassim est le tueur... Je ne peux pas rire.
-Tu sais que c'est samedi aujourd'hui Lydia ?
Je hoche la tête et j'annonce :
-Je suis là pour ton frère. Je dois lui parler.
Le visage de Yannis ne s'illumine pas cette fois-ci, je dirais plutôt qu'il se décompose. Je lui dis de s'habiller pour qu'il m'accompagne.
Quand il est prêt, nous allons voir son frère.
On entre dans la chambre de Nassim, elle empeste alcoholiser et la cigarette. Il est penché au bord de sa fenêtre, le regard dans le vide, une clope coincé entre ses lèvres. Il n'est pas heureux Nassim, je le vois, il est brisé, il ne sait plus quoi faire de sa vie.
Boire, se droguer, passer ses soirées en boite, c'est son quotidien, il le fait pour oublier.
Mais oublier quoi ? Le meurtre qu'il a commit ? Mais est-ce-qu'il se souvient de ce qu'il a fait ?
Je m'approche de lui, je pose ma main sur son épaule. Il se retourne brusquement et recule instinctivement, bousculant le mur.
-Lydia ?
Je ferme les yeux quelques secondes avant de hurler :
-T'es content hein ?
Il ne semble pas comprendre. Yannis se rapproche de moi et glisse sa main dans la mienne. Lui même ne sais pas ce qu'il se passe.
-De quoi ?
Les larmes me montent aux yeux. Je ne peux pas les stopper, je ne peux pas, c'est impossible. L'émotion me submerge, elle m'emprisonne, elle me contorsionne. J'ai mal, j'ai envie de tout casser, j'ai envie de le frapper, cogner contre celui qui a fait du mal à mon ami.
Alors, je respire un grand coup avant d'enfoncer mon poing dans la figure de Nassim. Sa tête est projeté en arrière, il étouffe un gémissent, du sang gicle sur mon tee-shirt. Yannis m'attrape par les épaules et m'éloigne de Nassim. Je suis maintenant à l'encadrement de la porte, et Nassim devant la fenêtre.
-Lydia! Arrête, je t'en supplie, me murmure Yannis.
Nassim hausse les épaules.
-Elle veut se battre ? Qu'elle vienne.
J'avance vers lui.
-Je veux pas me battre. Je veux parler.
-Pourquoi tu viens de m'enfoncer ton poing dans ma gueule alors ?
Je baisse les yeux.
-Je sais pas, avoué-je. Enfin... Peut-être parce que je te déteste.
Il ricane.
-Ah ouais ? Et pourquoi ?
Yannis me regarde avec pitié, tristesse, colère.
-Tu as tué mon ami.
Je peux lire la stupeur sur son visage qui me fait comprendre qu'il ne se souvenait de rien.
-D'abord, tu m'a embrassé et moi j'étais bourré, j'arrivais pas à me défaire de ton emprise.
-Il me semblait bien que je te connaissais, dit-il.
J'ai envie de le faire taire, de lui donner un coup dans les côtes. Mais je me retiens.
-Puis Alex, mon ami, a voulu prendre ma défense, et tu t'es battu avec lui. Tu l'as tué.
Il n'a aucune réaction cette fois-ci. Aucune stupeur sur son visage.
-J'étais bourré, j'ai oublié, mais un meurtre je m'en rappellerai. Quand je baise une meuf plutôt bonne, je m'en rappelle, alors imagine un meurtre ?
J'entends Yannis souffler.
-Nassim, avoue le, c'est toi, dis-je sèchement.
Il me défie du regard, ses yeux n'expriment aucunes émotions, il se fou totalement de ce que je dis.
-Je te dis que c'est pas moi, dit-il en me tournant le dos.
Il attrape une nouvelle cigarette, balance l'ancienne par la fenêtre. Il avale une grande bouffée, avance vers moi, et me la recrache au visage. Je tousse avant de lui répondre :
-Mais bordel, dis-le ! J'en ai marre de toute cette histoire, je veux connaître le coupable, alors dis que c'est toi.
Il retourne à la fenêtre.
-J' suis taré Lydia, mais pas à ce point.
Yannis plisse les yeux dit calmement :
-Nassim... Je te crois.
Il défend son frère, évidemment. Il a des problèmes familiaux et je suppose qu'il n'en veux pas d'autres. Sa mère n'est pas bien d'après ce que j'ai compris l'autre jour mais je ne sais toujours pas pourquoi. Et je ne sais pas non plus pourquoi Yannis triballe ce petit calepin noir. J'ignore beaucoup de choses sur sa vie...
La petite fille qui m'a ouvert la porte, c'est la sœur de Yannis ? Combien a-t-il de frères et sœurs ?
-Yannis, ne défend pas ton frère, tu sais qu'il est coupable, dis-je.
Yannis me fixe dans les yeux, il pense que son frère n'a rien fait, est-il inconscient ?
-Non Lydia, je pense que tu accuses trop vite les gens. Tu m'as accusé, tu t'en souviens ? Et pourtant je n'avais rien fait.
Il marque un point.
Nassim avance vers moi d'un pas déterminé, en souriant. Il attrape ma main, plisse les yeux à la même manière de son frère, puis annonce :
-Je t'ai embrassé, c'est vrai. Je reconnais la chaleur de ton corps, je reconnais ton visage. J'ai peut-être abusé, j'ai peut-être voulu te violer car tu étais tellement bourré que tu ne te rendais compte de rien. Mais je n'ai pas tué ton ami, ça je peux te l'assurer. Je suis un gars honnête, je dis tout ce que je pense, je cache rien. Tu veux des exemples ? Je te trouve belle, je trouve le monde cruel, je trouve Yannis trop gentil, il pardonne trop vite. Je dis ce que je pense, je ne mens pas même si c'est pour sauver ma peau. Maintenant, dégage de ma chambre. Je veux plus te voir. Moi qui pensais qu'on deviendrait des amis, Lydia. Oh Lydia, si tu t'approches encore de moi, je ferai de ta vie un enfer.