Je me réveille, brusquement. Je ne reconnais pas tout de suite l'endroit où je suis mais je sais que je ne suis pas au commissariat. Je suis allongée dans un lit, un fin drap recouvre mon corps frêle, et tout est blanc autour de moi. Mes paupières sont lourdes, mes bras me font mal, ma tête me tourne.
-Réveillée ?
Je tourne la tête et j'aperçois une dame âgée, d'une soixantaine d'année, elle porte une blouse blanche, et elle me sourit gentiment. Ses yeux noisettes remplient de douceur et de tendresse ne peuvent que me faire sourire à mon tour.
-Je crois bien, dis-je un peu perdue.
A première vu, je suis dans un hôpital, mais pourquoi ? Si je me souviens bien, j'étais avec Nassim et le policier, et ce dernier m'interrogeait, j'ai tout révélé, puis j'ai pété un câble. Alors pourquoi ne suis-je pas en prison ?
-Avant que tu m'assailles de questions, je vais te répondre.
Elle me sourit une nouvelle fois. Elle s'assoit sur mon lit tandis que je me redresse et m'appuie contre le mur, calant mon oreiller derrière ma nuque. Ses yeux semblent apeurée, un peu comme si elle voulait me dire quelque chose mais qu'elle n'oserait pas le dire. Que se passe-t-il ? Pourquoi suis-je là ? Pourquoi me regarde-t-elle... comme ça ?
-Tu connais le début, tu étais au commissariat, et tu t'es mise à t'énerver. Le policier t'a assommée pour que tu te calmes... Puis il t'a amené ici. Il nous a dit que tu avais des... Comment le dire sans te blesser ? Donc, il nous a dit que tu avais des troubles... psychologiques. Tu vas devoir rester ici quelques semaines, sincèrement désolé.
Ma voix tremble et mon cœur se serre dans ma poitrine. J'ai du mal à encaisser ce qu'elle me dit. Des troubles psychologiques, des troubles psychologiques ! Je suis devenue folle, incapable de me contrôler, parano, violente, je suis devenue folle...
-Et la prison ? demandé-je avec une voix tremblotante.
-La prison?
Elle fronce les sourcils.
-Il ne m'a pas parlé de ça... Ah oui, il t'a laissé une lettre. Je te l'ai mise dans la table de nuit.
Je hoche la tête.
-Une dernière chose avant que je te laisse, dit-elle. Tu n'as le droit de voir personne pendant ces quelques semaines. Tu dois t'isoler. J'ai pris ton téléphone pour que tu ne puisses parler à personne.
Je manque de crier voir même de m'étouffer. Je suis interdite de voir quiconque de mon entourage ? Pas même ma mère ? Et Yannis ?
Rester seule pendant des semaines entières risque d'être une torture, je ne vais pas tenir ! J'aimerais lui hurler que je n'y arriverai pas mais elle est déjà sortit de ma chambre.Je me lève, et ouvre le tiroir de la table de nuit. Effectivement, j'aperçois une lettre jaunie. Je l'attrape et je l'ouvre, découvrant une écriture maladroite.
« Bonjour chère Lydia.
C'est Philippe, ton officier attitré. Ce que tu as fait, c'était un accident, ce n'était pas ta faute. D'accord, tu n'aurais pas du boire, ni même aller en boite de nuit. Mais chacun fait des erreurs dans la vie, et crois moi, j'en ai fait. Alors j'ai dis aux autres que tu avais déliré en disant que c'était toi, et que c'était pour sortir Nassim de son pétrin. Qu'en fait, on s'était tous trompé, et que c'était la faute de personne, juste un accident. Que Alex est tombé sur un banc, sur la nuque. Tu es saine et sauve, tu évites des représailles. De toute façon, même si j'avais dit la vérité, c'était un accident, donc tu n'aurais peut-être pas eu de la prison, en plus tu n'es pas majeur ! Mais ta mère aurait peut-être dû payer une amande... et je crois qu'elle n'a pas beaucoup d'argent. Ne me remercie même pas, c'est normal...
Mais tu as besoin de te calmer, de prendre du repos. Tu as des problèmes Lydia et tu dois te faire aider. A une prochaine fois. »
Ce policier vient de me sauver la vie comme il vient de me l'arracher. Certes, je suis sauvée, mais je dois croupir dans cette chambre pendant des semaines, sans voir quiconque. Je ne pourrais pas tenir. Il pense que ça va me calmer, mais c'est bien le contraire, ça va empirer. J'ai besoin de voir Yannis, et Maman... Combien de semaines vais-je devoir rester ici ? Tout le monde doit s'inquiéter alors que je vais bien, je dois leur dire... ! Mais je ne peux pas, je suis enfermée, comme une lionne en cage, comme on essaierait de contenir un fou. Heureusement, il y a une fenêtre dans ma chambre, je vais pouvoir observer... le parking. Pas très intéressant quand j'y pense. Bien sur, elle ne peut pas s'ouvrir, sûrement pour ne pas que les patients tentent des choses insensées... Vous m'avez comprise, certains tentent sans doute de se suicider, triste vie.
Soudainement, une idée me traverse l'esprit. Dans cette salle, dans un coin, il y a une barre de perfusion, avec une poche de sang accroché tout en haut de celle-ci. Je détache la poche et la jette par terre, déversant ce liquide rouge répugnant sur le sol. Je prend la barre et je la tiens bien fort devant moi, à l'horizontal. Je me place au fond de la pièce avant de courir jusqu'à la fenêtre, la barre rentre en contact avec la vitre et l' explose. Le verre gicle dans tous les sens, m'entaillant le front et mon bras droit. Je sais que quelqu'un risque de vite rappliquer avec le bruit que je viens de faire. J'attrape le drap, ainsi qu'une couverture qui est replié au fond du lit. Je les attache ensemble et les jette par la fenêtre, attachant le bout au rebord de l'ouverture. Je me hisse sur le rebord, le verre s'enfoncent dans mes pieds et je pousse des petits cris de douleur quand les débris rentrent en contact avec ma peau. Je me retiens de ne pas hurler. Mes pieds saignent abondamment, il faut que je me dépêche. Je tiens fermement la corde improvisée entre mes mains et me jette par la fenêtre. Le vent me fouette le visage, et je glisse le long du cordage. J'atterris à quelques mètres du sol, je me laisse tomber. Heureusement que je ne suis pas au dernier étage... Juste au quatrième. Le parking est vide, ça m'arrange bien, sinon on aurait avertit l'hôpital. Je sais que ce n'est qu'une fugue de quelques heures, car on va vite se rendre compte que j'ai disparu. Il faut que je m'éloigne d'ici rapidement tant que j'en ai encore la possibilité.
Je me met à courir, heureusement, l'hôpital n'est pas loin de chez moi. Le problème, c'est que je ne passe pas inaperçue, moi et mes pieds saignants, ma blouse blanche, et le sang qui dégouline de mon front. Les gens me regardent avec peur, presque avec... répulsion. Allez vous faire foutre ! Je cours dans les ruelles, essayant le plus possible de ne pas me faire repérée. Mes pieds me font terriblement mal, j'ai peur que mon corps s'effondre d'une seconde à l'autre.
Quand j'arrive devant l'immeuble, je souris, un petit sourire malicieux, j'ai réussi. Je m'apprête à entrer quand une main me retiens.
-Mademoiselle, vous allez bien ?
Je me retourne et aperçois... Florian. Oui, c'est bien lui, que fait-il là ? Il n'a pas du me reconnaître car j'étais de dos, et là, il roule les yeux de stupéfaction.
-Lydia !
Il pousse un cri en me voyant ainsi. Je dois sûrement faire peur, car d'après ce qu'il me disait autrefois, j'étais plutôt joli, mais là... Je dois être repoussante.
-Tu fais quoi là ? Lydia, putain, qu'est-ce qu'il se passe ?
-Depuis quand tu te préoccupes de mon état ?
J'ai dit ça plus sèchement que je ne le voulais. Il a peur pour moi, je peux lire dans ses beaux yeux verts qu'il a envie de me protéger, de me prendre dans ses bras, mais sa fierté lui en empêche.
-Je suis désolé, dit-il. Mais on en parlera plus tard, bordel, qu'est-ce que tu as ? Tu saignes !
-S'il te plaît, n'avertit personne !
-Mais tu vas crever !
Je lui lance un regard glacial, espérant qu'il parte, mais il ne bouge pas d'un millimètre.
-Dégage, je lui ordonne.
Voyant qu'il ne fait rien, je le pousse gentiment. Aucune réaction. Je le pousse un peu plus fort. Un peu plus. Encore et encore, jusqu'à le frapper si violemment qu'il s'écroue sur le sol. Je pousse un cri et j'enfonce ma tête entre mes mains. Les larmes dévalent mes joues, dans un petit gémissement étranglé.
Je suis dangereuse... Je suis une putain de tarée !
J'entre dans l'immeuble, le cœur vide. Je prend les escaliers, il n'y aura sûrement personne. Je les gravis à une vitesse folle, les larmes coulants toujours.
Je suis désormais au dernier étage et je pousse la porte de l'appartement de Yannis sans même prendre la peine de toquer. Je me précipite dans sa chambre, et je le découvre, assis sur son lit, écrivant dans son carnet... Je croyais qu'il avait décidé de le laisser tomber !
Il lâche son carnet qui s'écroule sur le matelas et il se relève. Ses yeux me fixent avec étonnement.
Il m'avait tellement manqué, peut importe que je sois repoussante à cet instant, je veux le voir... Je me précipite sur lui, le couvrant de baisers dans son cou, je m'imprègne de son odeur que j'adore tant. Mais il me repousse et je lui hurle dessus :
-Pourquoi tout le monde me repousse, hein ?!
Il m'attrape les bras avec ses mains et me plaque contre le mur.
-Lydia, regarde ton état.
Je lis la peur dans son regard.
-Tu dois retourner à l'hôpital même si tu me manques terriblement... Tu ne peux pas rester ici. Lydia, tu saignes. Tu es mal en point.
-Je suis très bien !
Je lui hurle au visage. Il frôle mes lèvres et je me détend. Il murmure quelques mots dans mon oreille mais je n'écoute pas vraiment.
-Je ne veux pas rester seule pendant des semaines Yannis... Non, je peux pas, dis-je.
Il plante ses yeux dans les miens, m'obligeant à le regarder. Vous savez, c'est le genre de regard inévitable, le genre qui vous pétrifie.
-Quand je te reverrai, tu seras en pleine forme, et nous pourrons nous embrasser... peut-être même plus.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire en imaginant ce qu'il entend par le « peut-être plus ».
-Lydia, je t'aime, mais il faut que tu retournes là-bas, regarde tes pieds, regarde ton front. Et ton bras.
C'est étonnant qu'il garde son calme dans un moment pareil. Moi, si je le voyais comme je suis à cet instant précis, je m'énerverai et l'amènerait de force à l'hôpital. C'est ce qu'a voulu faire Florian mais je l'ai agressé... Je suis devenue folle.
Folle.
Tarée.
Mais s'il y a bien une seule chose de clair dans ma tête, c'est que j'aime Yannis.
-Yannis, je t'aime aussi.
Il m'entoure de ses bras et fait ce que j'ai le plus envie. Il m'embrasse et sa langue pénètre dans ma bouche, entamant une danse avec la mienne, qui ne réclame que ça. Puis, il s'éloigne, me sourit, et commence à me mordiller l'oreille, un point sensible. Je frisonne avant de gémir de bonheur. J'ai tellement besoin de lui et de ses caresses...
-Yannis, continue, dis-je dans un souffle.
Mais il s'arrête, sous mes protestations.
-Je le ferais quand tu seras sortit de l'hôpital.
-Tu sais que j'ai brisé une vitre pour venir te voir ?
-Tu es folle, et j'aime ça.
Il m'embrasse sur le front et me jette sur ses épaules, comme un sac à patate, il me ramène à l'hôpital, sans même avoir pu voir ma mère. Bizarrement, je ne le frappe pas, je ne me débat pas, à vrai dire, je suis trop faible pour ça. Mes pieds endoloris me donnent mal à la tête, le sang dégouline de mon front et coule sur mon visage, et je sens le goût amère de ce liquide rouge dans ma bouche. Je ferme les yeux et je m'endors, plus sonnée qu'autre chose.___________________
Hey !
Voici le chapitre 35, assez mouvementé comme je l'avais dit.... J'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre alors j'aimerais bien des avis ❤️
Bisous d'amour,
Je vous aimes trèèèèès fort ❤️
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Si près des étoiles | En réécriture |
Mistério / SuspenseLydia est une jeune fille de 17 ans, avec un destin plutôt infortuné. La mort de celui qu'elle aimait lui brise le coeur, surtout qu'il n'est pas mort par accident, non, il est mort assassiné. Lydia va essayer de se souvenir de cette soirée où Alex...