Chapitre 37

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L'odeur acre de l'hôpital me fait mal à la tête, je lutte de toutes mes forces pour ne pas m'évanouir dans cette chambre dans laquelle je me réveille tous les matins désormais. Après ma fuite, les médecins m'ont soigné, et ils m'ont placé dans une pièce sans fenêtres. Comment ne pas s'ennuyer quand nous n'avons rien à faire ? Il y a la télé, mais je m'en lasse terriblement vite, les émissions que je regardais autrefois ne me font plus rire, elles ne me font plus pleurer, elles ne me font plus rien.
La blouse blanche que je porte tous les jours m'insupporte, tout m'insupporte. Je suis ici depuis une bonne semaine, et pourtant, j'ai l'impression que ça fait une éternité. Ici, les secondes ne sont plus des secondes, mais des heures. Les heures sont des journées entières, elles défilent à une lenteur épuisante. Je ne vois personne, mise à part les médecins. Mais ces derniers m'ont dit que l'isolement de cette semaine là m'avait légèrement calmé et que je serais bientôt autorisée à voir des jeunes de l'hôpital, un peu dans le même cas que moi. Alors, je leur ai dit, c'est quoi la différences entre eux, et mes proches ?
« Ils sont pareils que toi Lydia, ils ont des troubles, m'a répondu la vielle dame que j'avais vu le premier jour. »
Des troubles ? Mais s'ils en ont, ils vont pas me faire oublier les miens, ils vont plutôt me rappeler que j'en ai, non ?
J'ai envie de sortir. Parfois, je cogne contre les murs, espérant que ceux ci se cassent, mais c'est mes mains qui en subissent les conséquences. C'est normal de ne pas vouloir croupir dans une chambre, non ? J'ai perdue le goût de la vie. J'ai tout perdue.

Je me met à jouer nerveusement avec mes cheveux. Je les enroule autours de mes doigts maigrichons puis je les déroule, ce qui forme de petites boucles qui disparaissent dans les secondes qui suivent. Évidemment, dans cette foutu pièce, j'ai le droit de lire, de jouer à des jeux, et comme je l'ai dis, il y a la télé. Mais ça ne m'intéresse pas, comment jouer à des jeux toute seule ? Comment lire quand ma tête me fait un mal de chien ? Comment m'amuser quand tout s'écroule autour de moi ? Il n'y a que mes proches qui arrivent à me rempoter le moral, mais les médecins ne semblent pas s'en soucier.

Le lendemain, un médecin entre dans ma chambre. Je ne l'ai jamais vu auparavant, c'est un homme, dans la trentaine. Ses cheveux blonds ont des reflets argentés, du à la lumière électrique au dessus de sa tête. Ses yeux bleues s'égarent dans la pièce, avant de m'observer. Il me sourit, dévoilant une série de dents bien blanches. Cet homme est vraiment beau gosse, je ne peux pas dire le contraire. Je crois que c'est la meilleure chose qu'il me soit arrivée depuis que je suis ici, sa présence.
-Lydia, je t'amène un jeune garçon. Tu vas pourvoir sympathiser avec lui. Il s'appelle Florent, sois gentille avec lui.
Je n'avais pas vu que le médecin était accompagné. Un jeune garçon apparaît devant moi, il s'était caché derrière le grand blond. Ses yeux hagards se perdent dans la pièce, et tandis que les miens le fixent avec insistance, il ne m'adresse pas un regard.
-Je vous laisse, dit le médecin en sortant de la pièce.
Je fait signe au garçon de venir s'asseoir sur mon lit à mes côtés une fois que le médecin est partit. Il fait semblant de ne pas me voir, ou quoi ?
-Bon, tu viens oui ou merde ?
Mes mots sont froids comme de la glace, j'emploie un ton hautain, je ne contrôle même plus ce que je dis. Je suis prête à lui dire de venir une seconde fois, quand soudain, à ma plus grande surprise, sa voix fluette s'immisce dans mon esprit.
-Je suis aveugle, m'avoue-t-il.
Il m'en bouche un coin et je ne sais que répondre. Aveugle ? Tout s'explique, voilà pourquoi il évitait mon regard, mais la vérité c'est qu'il ne l'évitait pas, il ne le voyait pas. Je me sens terriblement gênée tout d'un coup, parce que je viens de lui assener des paroles qu'il ne méritait pas, j'ai agis comme une conne, encore une fois. Je m'enfouis la tête entre mes mains et je me met à pleurnicher comme une gamine. J'en peux plus de tout ça, j'ai l'impression de perdre la tête. Ah mais oui, c'est vrai, je perd la tête. C'est pour ça que je suis ici, je suis dangereuse, méchante avec mon entourage, violente.
-Pas la peine de pleurer quand on peut rigoler.
Je lève les yeux vers lui, il s'approche de moi et plaçant ses mains en avant pour ne pas se cogner. Je me lève et l'aide à s'asseoir.
-Tu as quel âge ? demandé-je.
Son visage me fait croire qu'il a seize ou quinze ans, mais sa voix laisse paraître qu'il en a treize.
-Quatorze ans.
-Oh, tu fais grand.
Un silence s'installe, il me semble durer une éternité avant que je ne dise :
-Désolé pour tout à l'heure. Désolé.
-N'ai pas pitié de moi, s'il te plaît, répond-il. Je suis habitué, tu sais. Depuis toujours, on m'a dit qu'on m'aimait pour que je me sente en l'air, mes amis me soutenaient mais c'est parce qu'ils avaient pitiés. En fait, ils s'en foutaient de moi, c'était des paroles en l'air. On m'a dit désolé, désolé Florent, désolé pour toi, je te soutiens, je t'aime Florent. C'était des conneries et quand je m'en suis rendu compte, j'ai tenté de me suicider. D'où le fait que je suis là.
J'ai envie de pleurer tellement ses paroles me touchent au plus profond de moi.
-Ça me fait du bien de parler à autre chose qu'un mur Florent, et crois moi, c'est sincère.
Il se met à rire et mon cœur se remplie de joie. Depuis quelques semaines, je ne savais plus pourquoi je vivais, je le faisais pour Yannis, pour maman, pour Kim et Finn. Mais maintenant que je vois ce garçon si désemparé rire face à une de mes paroles, je sais que je dois vivre pour rendre la vie des autres moins pénible et pour offrir du bonheur.
Je dois vivre pour aimer.

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👅| Hey !
Voici le chapitre 37, que j'affectionne pas tellement, mais tant qu'il vous plaît ça me va !
Je vais pas vous mentir, il reste à peu près 10 chapitres, peut être moins, je sais pas.... Je voulais faire plus durer cette histoire mais je sais plus quoi écrire donc bon, vous verrez bien !^^
Des avis sur ce chapitre ?

L'hôpital qui lui fait tourner la tête ?
Florent ?
Lui, aveugle ?
Une amitié qui prend forme ?

Bientôt, elle reverra Yannis et ce sera explosif, ne vous inquiétez pas ;)

Ce chapitre est un peu court, désolé... Mais les suivants vont sûrement être comme ça.
Bref.
Je vous embrasse( woww, 920 vues, c'est dingue !)

Bisous !
Anna [💗]

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