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Dans ma main droite, un tube contenant de l'acide acétique et dans la gauche un autre contenant de l'acide sulfurique, je lutte pour parvenir à obtenir la synthèse chimique que le professeur de chimie nous a demandé de réaliser. Ça ne peut pas être si difficile que ça ?

- Psst, toi, me chuchote une voix féminine.

Je lève les yeux pour croiser ceux d'une de mes camarades de classe : une asiatique aux cheveux d'un noir corbeau coupés court jusqu'à ses épaules et une frange cachant son front.

- Tu as besoin d'aide ?

Je hoche la tête en guise de réponse affirmative.

- Verse dix millilitres d'alcool isoamylique et deux gouttes d'acide sulfurique dans ta solution et ça fera l'affaire, sourit-elle.

À la fin du cours, je me dirige vers la fille qui m'a guidé pour trouver la solution de l'expérience. Une fois à sa hauteur, je la remercie :

- Euh... merci pour tout à l'heure.

- Ce n'était dix fois rien. Tu avais l'air de galérer, c'était la moindre des choses. Au fait, moi c'est April Yang, se présente-t-elle.

- Léna Parker.

- Ravie de faire ta connaissance.

- Moi aussi.

Nous nous dirigons vers le couloir.

- Tu te débrouilles vraiment bien en chimie.

- Mes parents sont dans le domaine, je crois que c'est pour ça. Ils sont pharmaciens.

Après un bref moment de silence, April le brise :

- Je suppose qu'on n'a pas cours en commun.

- J'ai espagnol, toi ? quémandé-je.

- Latin.

- Alors, à plus.

- Au revoir. Et, au fait, Léna, tu es une bonne personne, tu devrais t'éloigner d'Amber et sa bande. Je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose qu'il m'est arrivé, dit-elle avant de s'en aller et de me laisser dans l'incompréhension.

***

La sonnerie de l'école retentit. Je sors de mon cours d'espagnol et marche en direction du self. Préoccupée par ce que m'avait dit April plus tôt et maladroite comme je suis, je trébuche sur une marche et percute violemment quelqu'un qui émet tout à coup un cri aigu et ardent.

Je lève les yeux et ces derniers tombent sur une grande brune. Oh oh. C'est la fameuse Emma dont m'avaient parlé les filles et son milk-shake à la fraise s'était renversé sur son décolleté. Je suis dans un très très grand pétrin.

Elle me dévisage puis porte son regard sur son haut, le visage décomposé. Ses yeux exorbités sont submergés d'une émotion : la fureur, la rage.

- Rufus ! hurle Emma.

Oh non. Par pitié, pas Rufus. Pas cette énorme bête sauvage. Si je fuis, il me rattrapera et mon châtiment sera encore pire, la torture sera plus lente et douloureuse. Mais fuir m'est de toute façon impossible puisque mes pieds sont cloués au sol, refusant de faire un seule pas, paralysés par la peur.

Rufus se lève de sa chaise, un sourire moqueur et dangereux peint sur son visage. Il fait au moins vingt centimètres de plus que moi. Je ne suis rien qu'un petit bébé panda comparé à lui et son énorme masse. Je ferme mes yeux. Je suis trop jeune pour mourir ! Pourquoi moi ?

Sûrement parce que dans ce monde c'est la loi de la jungle. Les plus forts l'emportent sur les faibles. Sauf que chez les animaux, c'est une question de survie. Ici, il s'agit de la haine, la moquerie et la vengeance.

Rufus me saisit par le col et me donne un coup dans la côte droite. Mais au moment où il allait me donner un deuxième coup de poing dans le visage...

Heal meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant