Heal me

-30-

Point de vue de Léna :

Nous sommes dimanche après-midi et, comme prévu, Zach est venu me chercher. Je suis assise au côté passager de sa voiture, le front collé à la vitre, regardant le paysage défiler. L'ambiance est un peu tendue.

Nous arrivons enfin à côté d'une forêt. Zach stationne puisque les arbres lui barrent le passage, la voiture étant trop grande pour passer entre eux.

Nous descendons silencieusement et Zach m'attrape la main, me conduisant à travers la forêt. Comme toujours, son contact brûlant me fait frissonner. Mes joues s'échauffent tandis que je marche a côté de lui, main dans la main. Je me demande ce que nous venons faire ici, dans une forêt. Mais je ne veux pas embêter Zach avec mes mille et une questions.

Lorsque nous nous arrêtons à côté d'une belle rivière à l'eau pure et claire, je comprends enfin. Le paysage est magnifique. Je m'approche lentement de la grande étendue dont l'eau ruisselante émettait une musique très agréable à entendre. Ensuite, je m'accroupis avant de plonger mes doigts dans la rivière dont l'eau était tellement fraîche. La forêt est tout à fait sublime. Les feuilles des arbres sont éclairées par la rougeur du magnifique soleil couchant.

Zach et moi nous assoyons sur une roche afin de contempler le coucher du soleil. Ce dernier a lentement cédé sa place à la lune. Le soir tombé, nous restons tout de même, tous les deux assis sur cette roche, silencieux.

Après un long silence lourd et sépulcral, Zach parle enfin :

- Lorsque j'étais jeune, ma famille et moi venions souvent pique niquer ici. Tout ça avant que mon père ne.. Je.. Laisse tomber.

Puis, après quelques secondes, Zach se souvient :

- Ah oui, j'allais presque oublier.

Il prend quelques branches et allume un feu. Ensuite, il sort des feuilles de son sac et les déplie. Les posters avec moi dessus, le retour. Mais pourquoi les a-t-il amenées avec lui ? N'est-il pas censé s'en débarrasser, comme nous l'avons conclu. Puis, sans que je ne m'y attende, Zach se met à lancer dans le feu une par une les feuilles. Ces dernières se décomposent petit à petit.

- Tu sais, je ne les aurais jamais montrées à qui que se soit.

- Merci.

- Je n'aurais pas voulu partagé tant de beauté. Qui aurait pensé que sous tous ces sacs à patates que tu portes se cachent tant de merveilles. Tu sais que tu es drôlement bien foutue, dit-il en se mordant la lèvre inférieure et en remontant son regard de mes jambes à ma poitrine puis mes yeux.

- Eh ! Gros pervers, dis-je en rougissant face à sa remarque et en remontant mon t-shirt en col V qui laissait, sans que je m'y sois aperçue, voir la naissance de ma poitrine.

Nous rions de bon cœur, observant la nature qui nous entoure.

- Tu ne saurais pas qui les aurait collés par hasard ? demanda Zach en reprenant son sérieux.

- Non, je l'ignore, mentis-je.

- Pourquoi quelqu'un aurait-il fait ça et à toi spécialement ?

- Justement, parce que j'étais timide et faible, anéantie et inapte à se défendre. Donc, j'étais une proie facile pour le besoin de moquerie des autres.

- Pourquoi dis-tu «anéantie» ? T'es-t-il arrivé quelque chose dans ton passé ?

J'hésite à me confier. Fallait-il vraiment qu'il sache ? Je crois que oui. Après tout, ce n'est pas comme si je lui parlais d'Edward. Ce monstre en lequel j'avais eu confiance sous sa première apparence d'ange. Celui qui m'a enlevé tant de précieuses choses. Il n'avait fait que m'utiliser pendant tout ce temps durant lequel j'avais appris à développer des sentiments pour lui... Il était la seule raison qui m'avait rendue heureuse de quitter Stoke City. Je n'ai jamais pensé à parler de ce dernier à quelqu'un tellement j'avais honte de moi d'avoir ne serait-ce que lui avoir accordé ma confiance et donné mon cœur.

Ma bouche hésitante frémit lorsque je me confis :

- Plus jeune, je n'étais pas timorée, j'étais quelqu'un qui aimait sortir avec ses amis, faire la fête, des soirées films. Mais à mes quatorze ans, ma famille et moi avons déménagé à cause du business de mes parents. Il faut dire que j'ai mal digéré le fait d'avoir perdu tous mes amis.

Zach avance lentement sa main vers mon visage et recule une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille. Les battements de mon cœur s'accélèrent sous l'effet de ce simple geste. Nos yeux ne se quittent pas jusqu'à ce que le regard de Zach se pose sur mes lèvres. Nos visages s'approchent lentement l'un de l'autre, comme attirés, sans que nous nous en rendons compte. Je ne pouvais contrôler mes faits et gestes.

Soudain, un drôle de bruit retentit. Une sorte de craquement de branche. C'était vraiment inquiétant.

- Oh non, je crois que c'est un...

- Un quoi ?! paniqué-je.

- Un loup. Attends moi ici, et si d'ici cinq minutes je ne suis pas revenu, cours le plus loin possible et appelle la police.

***

Ça fait plus de quatre minutes que j'attends et, sincèrement, je commence à avoir très peur.

- Zach ? Tu es là ?

Personne. Rien.

- Zach ?! C'est pas drôle !

Toujours rien.

Alors que m'apprêtais à téléphoner à la police, les mais tremblotantes, une énorme masse se jeta sur moi. Je hurlai de toutes mes forces. Je me suis toujours demandé comment je mourrai. Vieillesse  ? Malade ? Mais là, je serai morte tuée par un kidnappeur assassin dans la forêt ! Qui l'eut cru ?

Soudain, j'entendis quelqu'un rire. Je me retournai et vis Zach, les larmes aux yeux.

Mais quand il vit mon regard inquiet il cessa de rire.

Je croisai les bras et lui tournai le dos. J'étais vraiment en colère. Il n'a pas à me faire des frayeurs pareilles ! C'est vraiment immature et c'est pas du tout drôle comme humour.

- Désolé de t'avoir fait peur, dit-il en enroulant ses bras autour de ma taille et en nichant sa tête au creux de ma nuque.

Puis tout à coup, il commence à me chatouiller à la taille, je ne pouvais plus lutter et éclatai de rire.

- Hahahahah ! Arrête Zach ! Hahaha ! Pitié !

- Ok ok c'est bon, dit-il en riant.

Je regardai longuement son visage. Je n'avais jamais vraiment remarqué à quel point Zach avait un beau sourire. Ses dents blanches sont parfaitement alignées.

La température commençait à se faire de plus en plus fraîche. La forêt était magnifique et malgré la pénombre de la nuit, le feu pétillant, la lune et les nombreuses étoiles l'éclairaient.

- Tiens, regarde le ciel étoilé, comme c'est beau ! fis-je constater.

- Oui, c'est vrai. C'est vraiment magnifique.

Tout-à-coup, je sentis quelque chose de chaud se poser sur mes épaules. C'était la veste de Zach.

- Euh, je crois qu'il faudrait qu'on rentre, dit ce celui-ci en se grattant la nuque. Il commence à se faire tard et tu risques d'attraper froid. En plus, demain il y a école.