Heal me

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Point de vue de Léna :

Alors que je fais mes devoirs de physique dans ma chambre, on toque à ma porte.

- Entrez.

Le visage de ma mère apparaît au seuil de la porte. Elle a le regard baissé et fixe ses pieds. J'ai très rarement vu ma mère baisser les yeux, voire jamais. C'est une femme d'affaire qui n'a pas froid aux yeux et qui, d'un simple regard, exige le respect.

- Léna, ton père et moi sommes désolés à propos de ce que nous t'avons dit sur ce garçon, commence-t'elle. Ce garçon... Zen... Zayn... non...

- Zach.

- Oui. Ta soeur nous a parlé et nous avons réfléchi. Nous sommes vraiment désolés.

Je me lève immédiatement et serre ma mère dans mes bras. Elle n'est pas parfaite. Elle fait des erreurs mais elle reste ma mère et je l'aime beaucoup.

- Pour nous faire pardonner, tu veux bien lui demander de venir déjeuner ?

- Oui, bien sûr, Maman. Je l'appelle tout de suite pour lui demander.

***

- Venez manger, les tourtereaux ! appelle ma mère.

- Maman ! Ne dis plus ça ! On n'est pas des... Enfin on est juste... amis ?

Je regarde Zach et il hoche sa tête. Nous nous assoyons à table l'un à côté de l'autre et commençons à déjeuner.

Nous mangeons silencieusement pendant tout le repas. Au moment du dessert, mon père demande à Zach :

- Que penses-tu faire plus tard, Zachary ?

- Je ne sais pas encore mais je suis intéressé par l'économie.

- Et dans quels domaines travaillent tes parents ? l'interroge ma mère.

Je sens Zach se raidir et se tendre. Ses doigts sont serrés autour de sa fourchette si bien que ses jointures sont pâles.

- Ma mère est infirmière, dit-il en essayant d'avoir l'air le plus naturel possible.

- Et ton père ? demande mon géniteur.

Après un bref moment de silence, Zach répond enfin :

- Il était ivrogne et il est mort.

Mon père s'étouffe avec sa bouchée et se met à tousser.

Je me lève de ma chaise et invite Zach à sortir de table, en lui prenant la main, ce qu'il accepte bien sûr.

Nous sortons de la maison et marchons en silence en direction du parc. L'atmosphère est un peu tendue mais Zach l'apaise par ses paroles :

- J'ai fini ton bouquin, tu sais, Les Hauts de Hurlevent.

Il sort aussitôt mon livre de son sac et me le tend.

- Et alors ? Comment tu l'as trouvé ?

- Il faut avouer que..

- Que ?

- Je l'ai peut-être lu deux fois.

- Ha ! Je savais que ça te plairait !

- Mais c'est trop triste ! Pourquoi tu m'as fait lire ça ?

- Justement, c'est ça qui en fait la beauté. Tout au long du roman, tu as juste envie de pleurer mais le livre est si bien que tu ne peux pas le fermer et que tu te sens obligé de continuer.

- Bizarrement, j'ai particulièrement été touché au début, quand Mr. Eanrnshow meurt, laissant ses deux enfants orphelins.

- Mouais, il faut avouer que c'était assez émouvant. Et au fait, Zach, je suis vraiment désolée pour ton père. Je...

- Tu n'as pas à l'être, Léna. C'était un salaud.

- Qu'est ce qu'il a fait pour que tu le détestes à ce point ?

- Beaucoup de choses.

Arrivés au parc, nous nous assoyons tous les deux côte à côte sur un banc.

- Tu veux me raconter ?

- Non, je ne vais pas t'embêter avec ça, Léna. Et je suis sûr que tu me détesteras après, dit-il en détournant le regard de mes yeux.

Je pose doucement ma main sur sa joue droite et tourne son visage de façon à ce qu'il me regarde dans les yeux.

- Peu importe ce que tu diras, je ne pourrai jamais te détester, Zach. Te confier te fera du bien.

- Je..

- Fais-moi confiance, Zach.

- D'accord...