Chapitre 6

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Tobias décide d'aller faire un tour à l'ancien siège des Audacieux. La salle de sport à l'orphelinat manque de matériel, peut-être peut-il récupérer des sacs de frappe ou des pattes d'ours pour améliorer l'équipement sportif des enfants. Des cordes à sauter seraient aussi utiles. Personne ne s'opposerait à donner une seconde vie à un matériel en sommeil. D'ailleurs, Johanna est informée et trouve l'idée excellente.

En arrivant, Tobias parcourt avec une certaine nostalgie les couloirs humides, il passe devant l'ancien dortoir des novices, où Tris dormait, tout au fond, presque à côté des douches. Avec un sourire triste, il se dit qu'elle avait sans doute choisi un lit près des douches par pudeur, pour avoir moins de distance à parcourir pour retourner s'habiller, l'intimité n'étant pas possible dans ce lieu ouvert.

Il détourne les yeux de la porte pour ne pas céder à la tristesse et presse le pas vers la salle d'entraînement. Les sacs de frappe y sont peut-être encore suspendus, ou rangés dans la remise du matériel. Les cris joyeux, les tumultes et les plaintes des Audacieux, qui envahissaient la fosse et le hangar, lui parviennent du fond de sa mémoire, comme des échos. Il a lutté pour abolir les factions, révolté par les méthodes violentes et inhumaines de certains leaders de la sienne. Mais au fond, les Audacieux lui avaient offert un foyer, une nouvelle identité, un refuge où son père ne pouvait plus avoir de prise sur lui. Et un berceau pour le premier amour qu'il avait pu donner, et recevoir.

En approchant du hangar d'entraînement, il a la grande surprise d'entendre du bruit, des voix semble-t-il. En entrant dans l'espace d'entraînement, il voit en un regard que le ring a disparu, transféré au quartier général de la police. Il doit avancer de quelques pas encore pour apercevoir la rangée de sacs de frappe derrière l'un des larges poteaux qui soutiennent la salle. Le son des voix enfle, encore quelques pas, et il aperçoit une jeune femme brune à la peau mate, en tenue de sport, qui parle avec animation à une autre, plusieurs mètres plus loin. Il la reconnaît :

- Christina ? appelle-t-il étonné.

La jeune fille se retourne vivement.

- Quatre ? Qu'est-ce-que tu fais là ? lui crie-t-elle de loin.

Tobias avance de quelques pas, en souriant à son amie. De loin, l'autre voix lance :

- Christina ? Je continue ?

LA voix. SA voix. Tobias se fige en perdant son sourire.

- Désolée Quatre, je ne savais pas que tu viendrais, on vient ici avec Tris toutes les semaines.

Tris approche en courant, et s'arrête net en voyant Tobias.

- Oh ! Tobias ? Je... Christina...

La sœur de Beatrice ne sait plus si elle doit avancer ou reculer. Elle tortille ses doigts, comme le faisait sa sœur, des années auparavant, avant d'intégrer les Audacieux. Ses longs cheveux sont tressés, et elle a les joues rouges de l'excitation et de l'exercice auquel elle vient de se livrer. Sa poitrine se soulève, rapidement, aussi essoufflée de sa course que du stress d'affronter la présence inopinée de Tobias. Ses yeux sont agrandis par l'étonnement. C'est en tous points Beatrice après sa descente du filet le jour où elle a intégré les Audacieux.

Magnifique.

- Quatre, je... balbutie Christina pour s'excuser.

- Ça va, coupe Tobias en détachant difficilement son regard de Tris. Je n'ai pas d'exclusivité sur ce local.

Divergente 4 - RésurgenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant