Chapitre 21

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C'est à cette réunion du conseil du gouvernement que se joue leur projet de réouverture de l'approvisionnement en eau du lac. Le problème, c'est que Tris n'a que des suppositions et des hypothèses. Selon elle, le Bureau a supprimé ou limité l'apport en eau du lac à hauteur du détroit de Mackinac, ce bras d'eau reliant le lac Michigan et un autre lac plus à l'est, le lac Huron. Cela lui semble la seule hypothèse envisageable pour expliquer comment leurs ancêtres ont pu assécher le lac et permettre la construction de la clôture autour de Chicago. Les chercheurs Erudits n'ont pas non plus trouvé d'autre explication, pour que l'assèchement ait ainsi persisté sur des décennies malgré l'arrêt de la surexploitation dont le lac faisait l'objet.

Tris est nerveuse, elle joue avec son stylet et le fait circuler entre ses doigts.

Tobias a préparé des schémas et présente en simulations, les résultats de l'opération Résurgence : un bilan positif est de nature à placer le conseil dans de meilleures dispositions. L'eau coule à nouveau au centre du lit de la rivière Chicago, une partie se répand à la sortie de la ville dans le bassin de l'ancien lac, l'autre partie continue d'utiliser le canal vers la rivière Des Plaines, pour alimenter l'immense quartier du Bureau et les villages de la Marge, dont certains se sont organisés, et assainis.

Les souterrains s'assèchent progressivement, aidés de pompages. L'eau pompée est récupérée en deux points de la ville dans de grandes cuves, qui facilitent la vie des ouvriers du bâtiment pour les constructions. Une partie a pu également être proposée dans des cuves plus accessibles pour les habitants qui développent des jardins, cultivent des fleurs et verdissent leur environnement.

Tobias présente ensuite d'autres schémas, tirés des recherches de Tris dans les archives historiques et géographiques : le lac aujourd'hui, et le lac deux cents ans plus tôt. L'eau bordait Chicago, polluée par la rivière et les excès industriels qui y étaient rejetés. Mais il permettait des liaisons par bateau jusqu'aux autres villes côtières et, à une époque plus lointaine encore, la pêche de quelques espèces de poissons d'eau douce, une denrée inconnue des habitants de Chicago.

Il présente les possibilités de relier à nouveau d'autres villes, notamment Milwaukee, pour favoriser les échanges, sans être obligé de faire de longues heures de route, poussiéreuse et par endroits défoncée.

Pour confirmer la théorie du barrage, une seule solution, une mission d'exploration. Le gouvernement des Etats-Unis a été interrogé pour connaître les installations construites au moment de la Grande Paix, mais aucune réponse n'a été encore reçue. Personne ne sait encore si le barrage, s'il existe, est toujours contrôlé ou si la guerre en a fait un ouvrage abandonné. Milwaukee n'a pas été autant touchée par l'assèchement, qui s'arrête à quelques dizaines de kilomètres au nord de Chicago. Selon les estimations de Tris, le lac a ainsi été amputé d'un cinquième de sa surface originelle.

- Les routes sont quasiment inexistantes, Tobias, jusqu'au détroit dont tu parles, que ce soit en contournant le lac par le nord-ouest ou par le sud-est, plaide Johanna. Personne, parmi nous, ne s'est encore rendu aussi loin. Les camions n'ont pas une telle autonomie et nous ne savons pas s'il existe des possibilités de ravitaillement en route ! C'est extrêmement risqué et aléatoire.

- Combien de kilomètres séparent Chicago de ce détroit ? demande Jack Kang.

- Plus de six-cents, concède Tobias. Il est vrai que le trajet est un problème. Nous pourrions tracter une remorque avec du carburant ?

Tris sait que ce point est problématique et risque de faire échouer le projet. Depuis le début de l'exposé de Tobias, elle jette des regards aux schémas, aux cartes, aux prévisions regroupées par Tobias, et surtout, aux conseillers.

Divergente 4 - RésurgenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant