Chapitre 25

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C'est le chant d'un oiseau au bord de la fenêtre qui réveille Tobias. C'est merveilleux, un oiseau. Il a l'impression de ne pas en avoir vu en ville depuis des années. La planète accepte à nouveau de leur envoyer des messages d'espoir et de vie. A moins que ce ne soit Tris qui lui ouvre les yeux sur la beauté et sur l'avenir ?

Sa compagne dort paisiblement. Pour la première fois depuis longtemps, Tobias ne l'a pas entendue sursauter ou faire des cauchemars cette nuit, il en est heureux. Elle est sur le ventre, vêtue d'un tee-shirt trois fois trop grand pour elle, les bras sous l'oreiller. Le soleil projette sur sa joue martyrisée l'ombre de ses longs cils. Cette nuit, elle avait frissonné de froid, nue contre lui, malgré le corps félin de Tobias collé tout le long du sien. Il avait attrapé l'un de ses propres tee-shirts et l'avait doucement réveillée pour le lui enfiler. Il n'est même pas sûr qu'elle s'en soit rendu compte. Elle s'était rendormie instantanément sous le baiser du jeune homme.

Il est encore tôt et Tobias observe sa petite amie endormie. Il est parfois encore surpris par sa ressemblance avec Beatrice, mais il doit avouer que, de plus en plus, les souvenirs de sa première histoire d'amour s'enfouissent, pour laisser la place à Tris. Et c'est bien comme ça. Si tout ce que sa petite amie ressent, voit, perçoit est vrai, Beatrice les aime et encourage cet amour, il commence à y croire. Cela rassure Tobias, qui a si longtemps culpabilisé de porter un regard sur une autre femme, quand bien même sa sœur clonée. Pour la première fois, il a envie de prier. Il ne sait pas qui. Mais remercier, pour ses premiers pas vers la guérison, pour cette femme étendue près de lui, pour cette nuit, pour les prochaines et pour l'avenir auquel il commence à croire. Et prier pour que ne s'évapore pas la bulle de lumière que la providence a placée devant lui.

Tobias se lève et va préparer de la chicorée, l'odeur est douce au réveil, et Tris lui a souvent fait ce plaisir. Puis il retourne s'allonger près de la jeune fille. Il l'embrasse sur le bras dénudé qui dépasse de l'oreiller. Sa peau est salée et sent le sommeil. Le tee-shirt ne cache pas grand-chose de son anatomie, à peine les épaules et la moitié du dos, le reste apparaît en courbes et en creux sous le drap. Les cheveux de Tris forment un fouillis de brindilles entremêlées et brillantes au soleil, comme un nid. L'oiseau a dû être attiré par cette vue.

Tobias se glisse sous le drap, contre sa petite amie. Il ne lui en faut pas plus pour oublier le programme de la journée. Ses mains entreprennent un voyage sur chaque partie non couverte par le tee-shirt. Il veut mémoriser chaque courbe. Sur les bras de Tris, les frissons hérissent son duvet blond un peu plus à chaque caresse. Tobias s'en aperçoit et sourit malicieusement. Il interrompt ses gestes silencieux pour inviter Tris à exprimer son manque.

- C'est déjà fini ? souffle-t-elle avec regret sans ouvrir les yeux, la voix encore ensommeillée.

- Je vais voir ce que je peux faire... répond-il, la bouche sur son dos tiède.

Tobias se remémore les caresses de la veille, qui avaient le plus fait réagir Tris, et les évite soigneusement, approchant de chaque zone sensible et s'en éloignant pour une autre. Sa respiration n'est plus celle du sommeil, il en a déjà perçu le changement de rythme. Il projette un souffle doux et tiède dans le cou de la jeune fille en soulevant ses cheveux emmêlés, et reprend l'exploration de son dos, descendant ostensiblement vers le reste de ce corps sans artifice, offert. Tris profite sans bouger des sensations, son petit ami sait combien elles sont nouvelles pour elle. Et il doit le reconnaître, en partie pour lui aussi. L'audace de Tris a fini par se révéler étonnante. Moins complexée que Beatrice – modelée par son éducation Altruiste et l'oubli de soi – Tris a très vite retenu comment provoquer Tobias.

Divergente 4 - RésurgenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant