Chapitre 28

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- Tu as sûrement raison Tris, c'est logique, confirme Tobias.

Le lieu est angoissant. Sans apport lumineux extérieur, éclairée d'un simple néon, la pièce fait trois mètres de large sur une grande longueur, qui se perd dans l'obscurité sur la droite. Le coin repas est composé d'une table simple, couverte de poussière, et de trois chaises rangées autour. L'étagère, en hauteur, est garnie de conserves de première nécessité et de nombreuses bouteilles d'eau.

Un lit, avec une pile de couvertures pliées dessus, tout aussi sommaire que ceux qui meublaient le dortoir des novices Audacieux, est adossé contre un mur en béton brut sur lequel est peint un gros chiffre « trois » en blanc. L'ensemble n'a manifestement pas servi depuis très longtemps.

- Il doit y avoir au moins deux autres refuges de ce genre, constate Tobias en désignant le chiffre peint sur le mur. Sans doute protégés des regards par le même procédé. Maintenant que nous avons trouvé celui-là, les autres seront peut-être plus faciles à repérer.

A l'aide d'une torche, Tris s'avance dans la partie obscure, Christina se presse pour l'accompagner. Elles balayent les parois pour trouver un éventuel interrupteur qui permettrait d'éclairer la suite du local. C'est Christina qui le trouve et l'actionne. De nouveaux néons s'allument en cascade, les un après les autres, dévoilant un immense tunnel dissimulé sur une longueur insondable au cœur de cette clôture qui a semblé infranchissable, indomptable et mystérieuse aux habitants de Chicago pendant plusieurs siècles. Les garçons rejoignent les exploratrices curieuses. D'un même geste, Tobias et Mark se placent devant leur amie respective, en protection. Devant eux, à perte de vue, sur tout le pan droit du tunnel, des alignements ininterrompus de conserves et de réserves alimentaires sèches. Sur le pan gauche, tapissant le mur de haut en bas, sur une épaisseur de vingt centimètres au moins, de gigantesques accumulateurs noirs mats se succèdent sans qu'ils en voient la fin. Et juste devant eux, posée au sol, une sorte de moto dont les roues métalliques creuses sont montées sur un rail unique, est prête à transporter un passager le long de cet incroyable alignement.

- Mais qu'est-ce-que c'est que ça ? s'exclame Christina.

- Pour les conserves, j'ai peut-être la réponse, dit Mark qui n'a pas ouvert la bouche depuis la découverte. Je me souviens de ces denrées, nous en recevions parfois des colis. Ils étaient déposés la nuit dans des caisses à côté de notre village ou d'un autre de la Marge.

- Heu, sans rire Mark ? Alors je crois que je te dois des excuses, enfin, à ta sœur, tu lui feras passer, Pète-Sec... marmonne Peter en regardant les alignements de nourriture.

- Qu'est-ce-que t'as encore fait ? grogne Christina.

- Le jour de notre test...

- Tu as agressé un Altruiste dans la file d'attente, en accusant tous les membres de cette faction de voler de la nourriture à leur profit, au lieu de la redistribuer aux Sans-faction comme ils le prétendaient... termine Tris.

- C'est vrai que t'es flippante, Pète-Sec ! déclare Peter. J'imagine que ta mère ou ses amis venaient mettre ici des réserves alimentaires pour les distribuer aux gens de la Marge ? Mais alors pourquoi il y en a autant ici qui n'ont pas été distribuées ?

- Tris, pardon, mais quand ta mère a-t-elle été tuée ? demande Mark.

- La guerre civile a éclaté juste après la fin de l'initiation des novices, explique Tobias à sa place. C'était en été.

Divergente 4 - RésurgenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant