Chapitre 24

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Tobias compose le code et la porte de son appartement s'ouvre. Il laisse passer Tris et referme derrière lui en jetant sa veste sur le canapé. Tris l'imite. Avec un soupir, il l'attire à lui et pose un baiser léger sur sa bouche.

- Ça va ?

- Oui, ça va... Tu es sûr de ce que tu fais avec Peter ?

- Je sais que tu lui en veux du mal qu'il a fait à Beatrice. Moi aussi, crois-moi. Sa culpabilité l'a tellement rongé à ce moment-là, qu'il a préféré le sérum d'oubli plutôt qu'assumer ses actes. Je ne veux pas qu'on se mine pour lui. Mais dans ce projet, le passage par Milwaukee est obligatoire, nous allons nous y ravitailler, nous ne passerons pas inaperçus. En cas de problème, c'est là-bas que nous pourrons plus rapidement retourner. Peter n'a que deux positions possibles : pour ou contre nous. Il est né chez les Sincères. C'est blanc, ou noir. Je préfère qu'il soit avec nous que contre nous. Nous aurons sans doute assez d'aléas comme ça. C'est un combattant habile et puissant.

- Tu as raison, soupire Tris.

Tobias balaye la mèche dorée de sa compagne sur le côté pour libérer ses deux yeux et ses joues.

- J'aimerais te convaincre, je ne serais pas satisfait de t'imposer ce choix, alors que tu m'as... laissé la direction de cette opération.

- Tu es plus qualifié, aguerri et expérimenté que moi pour la mener. Je te fais confiance.

- Tu es plus intelligente.

- Non, nous sommes complémentaires, précise Tris. Une équipe.

- C'est tout ? demande Tobias en embrassant son cou tendrement.

- Non ce n'est pas tout...

Le jeune homme reprend sa bouche en fourrant ses mains sous ses cheveux, sur sa nuque et ses épaules. La soie de ses mèches attise tous ses sens comme une brise sur des braises. Il ne s'en lasse pas.

Comme à chaque fois, Tris perd la notion du temps, elle fait glisser ses mains le long de son torse, sur ses hanches. Elle meurt d'envie de toucher, de voir, la fresque noire qui orne son dos. Depuis des jours, elle s'endort à côté de Tobias dans sa chambre. Ils parlent, des heures durant, ponctuant leurs phrases inachevées de baisers et de silences langoureux et tendres, savourant le simple plaisir d'avoir le temps, d'être en paix. Chaque soir, le sommeil leur coupe la parole. Mais le jeune homme a toujours conservé un tee-shirt, comme s'il protégeait un secret qu'il ne pouvait pas encore dévoiler. Tris respecte ça, mais elle a en elle les bouffées d'admiration que sa sœur a ressenties pour le dessin en le voyant pour la première fois, et à chaque fois suivante. Elle meurt d'envie de vivre ça à son tour.

Ce soir, même si elle sent, dans chaque fibre de son corps, résonner les principes pudiques des Altruistes, transmis par ses parents à Beatrice, c'est sa fibre Audacieuse qui la domine, elle n'a plus envie de la moindre distance entre elle et Tobias. Elle glisse sa main sous le tee-shirt noir de son petit ami, le bout de ses doigts effleure la peau lisse des reins de son compagnon. Le front sur son épaule, Tris respire, à travers son vêtement, l'odeur de sa peau avec avidité, la bouche entrouverte pour absorber plus de son air, de son énergie. Elle sent la poitrine de son bel ami se soulever à un rythme qu'elle ressent plus rapide, plus saccadé. La joue de Tobias caresse les cheveux sur la tempe de Tris.

Cela fait si longtemps qu'il n'a plus ressenti la douce brûlure d'une caresse ! Beatrice avait été la première à poser la main sur sa peau, autrement que pour porter les coups auxquels l'enfant puis l'Audacieux était plutôt habitué. Il en avait même été choqué, tant c'était nouveau pour lui. Le souvenir de cette douceur s'était endormi avec Beatrice, et les doigts de Tris réveillent en lui l'émerveillement des sensations tendres qu'elle provoque.

Divergente 4 - RésurgenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant