2. Jen

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     Comme d'habitude, je me réveillai tant bien que mal avec les cris de ma mère. Traînant les pieds, le corps encore engourdi de sommeil, j'esquivai mes cahiers de cours pour accéder à ma douche. Je fini de me préparer en coiffant plus ou moins la paille qui me servait de cheveux, me maquillai de khôl et de mascara. J'enfilai un jean, un tee-shirt et ma paire de bottes à lacets : banal.

     Je descendis les escaliers quatre-à-quatre, passant devant le bureau de mon père rempli de papiers pleins de statistiques, de résultats et d'analyses neurologiques, recensant ses innombrables recherches, et son interminable absence.

 — Bonjour M'man ! Grognai-je, arrivée dans la cuisine encore endormie.

 — Bonjour Grincheuse, rétorqua-y-elle devant mon allure.

     Je m'installai à table en grognant une vague réponse et m'attaquai à mes céréales.

     À la fin de mon déjeuner, je partis de ma maison sous les au revoir de ma mère, et sous le silence parfait provenant du bureau de mon père, comme toujours. Je jetai un coup d'œil à mon éternel bracelet en fil rouge tissé autour d'une pire chamanique coréenne, cadeau de mes parents et grand-parents pour me rappeler mes origines.

     Je devais traverser une bonne partie de la ville à pieds, à cause de la coupure de courant qui a traversé le pays : brouillages des ondes de communications, dérivation des circuits électriques, batteries de voitures à plat. Seul les piles électriques cylindriques étaient accessibles aux habitants de la Suisse. L'unique raison : un mur de plus de dix mètres, couvrant tout le périmètre du pays, soit-disant nouvelle forme d'énergie renouvelable, mais ayant le désavantage d'empêcher de faire fonctionner les appareils électriques. Personnellement, ce mur me donnait plus l'impression d'être considérée comme du bétail, et depuis notre petite ville frontalière, ce gros bloc de béton n'était pas très esthétique. Il avait d'ailleurs l'autre fonction de contrôler toute personne voulant entrer ou sortir, permettant d'empêcher les potentiels ennuis avec les autres états qui s'enrôlaient tour à tour dans la guerre.

     Je traversai la colline où était situé mon lycée. L'air était brumeux malgré le mois d'avril, et ma veste en cuir suffisait difficilement à me tenir chaud par moments. Enfin arrivée dans le hall du lycée, je couru presque rejoindre Alissa, ma meilleure amie, sans faire réellement attention à où j'allais, quand je percutai quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Je tombai presque au sol, mais réussi tout de même à me maintenir sur mes deux jambes. J'entendis un bruit sourd résonner sur le sol. Je levai ma tête et croisa un regard noisette furieux. Connor Hasse. Le meilleur et premier ami de mon cousin. Avant que j'ai eu le temps de faire quoique ce soit, il se précipita sur son était tombé à terre et me hurla presque dessus, comme si j'étais la soute de tous ses maux. Ses cheveux bruns clairs.

     Il se prend pour qui, sérieusement ? La politesse, il connaît ?

     Je lui répondit froidement, agacée, et l'envoya balader. Son visage se décomposa, puis il reprit contenance et se redressa. Il bouillait sur place, me regardant, prêt à en venir aux mains. Et j'étais prête à me défendre s'il cherchait à m'attaquer. Il allait voir ce que c'était que de se prendre cinq ans de taekkyôn dans la tronche !

 — Oh ! S'écria une voix familière. Stop !

     Je tournai alors ma tête vers celui qui nous avait interrompu. Je découvris alors mon cousin, et presque frère, Daniel, ou "Dan" pour moi. Connor et lui faisaient un drôle de duo. D'un côté mon cousin, bad boy au grand cœur qu'il ne révélait à personne, sauf à son meilleur ami et moi, et Connor, ce garçon réservé devenu populaire grâce à Dan. Reluqué par la quasi totalité des filles du lycée, il n'était lui intéressé par aucune d'entre-elles (et j'avais ma petite idée là-dessus, mais rien ni personne n'avais pu me la valider concrètement).

ImpactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant